Steve Guerdat et Jeanne Sadran offrent un rafraîchissant pas de deux au public bordelais
Steve Guerdat s’est adjugé le Grand Prix Coupe du monde Longines de Bordeaux ce soir au Parc des expositions de la capitale girondine. Associé à la pétillante Is-Minka, le Suisse est sorti vainqueur d’un barrage qui a opposé six couples. En selle sur l’étalon Dexter de Kerglenn, Jeanne Sadran a fini à une superbe deuxième place, validant sa qualification pour la finale de Riyad. Harry Charles et Sherlock ont planté le drapeau britannique à la troisième place. Cinq et septième sur Ballerine du Vilpion et Blood Diamond du Pont, Roger-Yves Bost et Julien Anquetin se sont eux aussi rapprochés de la finale.
Combien y aura-t-il de Français en finale de la Coupe du monde Longines de saut d’obstacles, en avril à Riyad, en Arabie saoudite? La question n’est pas encore définitivement tranchée, d’autant qu’il reste une étape dans la ligue d’Europe occidentale Longines, à disputer dans trois semaines à Göteborg. Selon toute vraisemblance, ils seront au moins trois: Kevin Staut et Julien Épaillard, qui avaient déjà validé leur ticket de longue date, mais aussi Jeanne Sadran, qui a poinçonné son billet avec panache ce soir au Parc des expositions de Bordeaux, en se classant deuxième de l’un des plus prestigieux Grands Prix de la Coupe du monde. Seizième avec trente-huit points, d’une ligue offrant dix-huit places pour la finale, la Toulousaine a fait le plus dur, qui plus est en sachant que le Suédois Henrik von Eckermann, premier, est qualifié d’office en tant que tenant du titre, et que l’Allemand René Dittmer, douzième, a inscrit ses quarante-deux points en Amérique du Nord et aucun en Europe. De ce fait, Julien Anquetin, vingt et unième grâce aux dix points qu’il a engrangés ce soir, est le premier réserviste. Sans doute faudra-t-il au Normand voyager jusqu’en Suède et en inscrire quelques-uns de plus pour atteindre son objectif. Pour Roger-Yves Bost, cinquième ce soir et désormais crédité de vingt points, il en faudra bien plus encore. Quoi qu’il en soit, on l’aura compris, le saut d’obstacles français a vécu une bien belle soirée en ce samedi bordelais.
Des trente-six couples engagés dans ce Grand Prix, seuls six se sont qualifiés pour le barrage alors qu’on a connu des parcours bien plus épais et exigeants dans cette épreuve. Il faut dire – qu’on le déplore ou non – que Bordeaux a connu des plateaux d’un autre niveau que celui de cette édition 2024, programmée au terme d’une série de quatre étapes consécutives de la Coupe du monde et juste avant la première escale de la très lucrative Ligue des nations Longines, qui débute dimanche prochain à Abou Dabi. Il faut dire aussi que des concours richement dotés sont désormais organisés toutes les semaines non seulement en Floride, mais aussi en Californie et surtout au Moyen-Orient… et que le “marché” du sport de très haut niveau n’est pas extensible à l’infini. Quoi qu’il en soit, on ne peut que saluer le travail du chef de piste, Jean-François Morand, qui a su proposer un parcours parfaitement dosé. Cela a donné lieu à du beau sport, comme on aime le voir, ce que le public a signifié tout au long de la soirée.
Si le barrage n’a opposé que six couples, on retiendra les rapides tours à quatre points de Julien Anquetin, de l’Irlandaise Jessica Burke, de l’Espagnol Eduardo Álvarez Aznar, du Néerlandais Harrie Smolders, de l’Israélien Robin Muhr et de l’Allemand Marcus Ehning, associés à Blood Diamond du Pont, Nikey HH, D’Orient Batilly, Déesse de Kerglenn, Galaxy HM et Coolio 42, classés dans cet ordre des rangs sept à douze. Pour la France, on a compté huit points pour Julien Épaillard et Dubaï du Cèdre, tout comme pour Cédric Hurel et Fantasio Floreval, douze pour Philippe Rozier et Le Coultre de Muze et seize pour Mathieu Billot et Chacceldi, tandis qu’Edward Levy a été éliminé sur un mur avec Elfy du Pic.
Une Toulousaine accueillie en héroïne en Aquitaine
Si Steve Guerdat a ouvert la finale au chronomètre avec la vista et la conviction qui ne le quittent jamais, menant la pétillante et talentueuse Is-Minka à un superbe double sans-faute, on imaginait que son temps serait battu, avec ou sans faute à l’arrivée. Eh bien non, il n’en fut rien. Seuls les grands savent donner cette impression magique de briller sans effort. Isabella Russekoff a tenté d’assurer un sans-faute plus prudent, mais l’Israélienne a fauté sur le dernier obstacle, l’oxer 17 (le 10 à sauter à l’envers), finissant sixième. Roger-Yves Bost a eu le mérite de tenter sa chance, mais il n’a pas su garder le contrôle de la délicate Ballerine du Vilpion, sans faute et très bonne cinquième à quatre secondes d’Is-Minka.
Super rapide en début de parcours, Harry Charles a suivi une trajectoire moins serrée en fin de tour avec Sherlock,vainqueur en Coupe du monde début décembre à La Corogne. Leur très bon barrage, deux secondes et demie moins rapide que celui des héros du soir, a valu au Britannique et à ce possible futur cheval de championnats une troisième place amplement méritée. Venue à Bordeaux avec l’objectif de se qualifier pour la finale de Riyad, Jeanne Sadran avait imaginé assurer un double sans-faute, mais nul ne peut accueillir sans émotion et envie de tout donner une ovation telle que celle qu’elle avait reçue après son magnifique tour initial, des tribunes archi combles de la grande piste comme des centaines de spectateurs massés autour du paddock. La Toulousaine s’est sentie comme chez elle à Bordeaux, et elle l’a prouvé lors d’un barrage mené tambour battant. Pour la victoire, il lui a manqué une seconde et demie, mais le couple, déjà quatrième à Madrid, qu’elle forme avec l’extraordinaire étalon Selle Français Dexter de Kerglenn, issu comme Is-Minka de Mylord Carthago, en obtiendra sûrement une grande un jour. Et l’on a déjà hâte de voir les dauphins de Steve Guerdat et Is-Minka en finale.
Quant au Belge Pieter Devos, dernier à revenir en piste, il s’est intercalé à la quatrième place avec Casual DV, une jument de neuf ans au très grand potentiel. C’est donc Steve Guerdat qui a gagné cette étape historique de la Coupe du monde, pour la deuxième fois de sa carrière après sa victoire de 2020 avec Victorio des Frotards, quelques semaines avant le début de la crise sanitaire. Il y a quatre, un siècle, une éternité… Le Jurassien sera bien au rendez-vous à Riyad lui aussi, avec Is-Minka et/ou avec Double Jeu d’Honvault.
Les résultats
Le parcours
Le classement de la Ligue d’Europe occidentale
Ce premier grand-rendez français de l’année est à suivre sur GRANDPRIX.tv, sauf cette étape de la Coupe du monde Longines de saut d’obstacles, à revoir sur ClipMyHorse.tv. Le Grand Prix de demain sera commenté par Kamel Boudra et Olivier Robert.