L’Allemagne triomphe à Abou Dabi lors de la première étape de la Ligue des nations Longines

Très attendue, l’étape inaugurale de la flambant neuve Ligue des nations Longines (LLN) de saut d’obstacles a été remportée au bout du suspense par l’Allemagne, cet après-midi à Abou Dabi, aux Émirats arabes unis. Ayant pu compter sur un double sans-faute de Jörne Sprehe et Sprehe Hot Easy, les Germaniques ont devancé les Irlandais et les Suédois, qui ont également enregistré un double zéro chacun. Quant à la France, elle a échoué à se qualifier pour la seconde manche de la compétition.



L’ESSENTIEL

Avec Hot Easy, Jörne Sprehe a signé un double sans-faute décisif pour les Germaniques

Avec Hot Easy, Jörne Sprehe a signé un double sans-faute décisif pour les Germaniques

© Martin Dokoupil / FEI

Les dix meilleures nations du monde, selon une hiérarchie spécialement établie par la Fédération équestre internationale, avaient rendez-vous ce dimanche 11 février au CSIO 5* d’Abou Dabi pour y disputer l’étape inaugurale de la toute nouvelle Ligue des nations Longines (LLN) de saut d’obstacles, en compagnie des Émirats arabes unis, invités en tant que nation-hôte. Les quatre étapes de cette série – après Abou Dabi, suivront Ocala, Saint-Gall puis Rotterdam – sont disputées selon un nouveau format mis sur pied pour l’occasion. Ainsi, comme lors des Coupes des nations traditionnelles, ces épreuves se courent en deux manches et quatre couples par nation s’élancent lors de la première, où le plus mauvais score de chaque escouade est barré. En revanche, en LLN, seuls trois couples sont appelés à défendre leurs couleurs au second acte, où le principe de drop score n’existe plus, comme aux Jeux olympiques.

Issue d’un compromis obtenu dans la douleur, cette formule a réservé un très beau suspense aux spectateurs présents autour de la piste d’Al Forsan, pas franchement imaginée pour accueillir de grandes foules cependant, ainsi qu’à ceux, bien plus nombreux, qui ont suivi cette épreuve à distance. En effet, il a fallu attendre le tout dernier parcours pour connaître l’identité des vainqueurs, et la composition du podium a changé à plusieurs reprises dans le money-time. Finalement, alors que l’Irlande et l’Allemagne se sont retrouvées à égalité de points, une faute de Mark McAuley et GRS Lady Amaro, à l’entrée du double de verticaux placé après la rivière, a offert la victoire à la Mannschaft. Celle-ci a pu compter sur un double sans-faute de Jörne Sprehe et une Sprehe Hot Easy souveraine sur les obstacles, même si elle semblait souvent en conflit avec la main de sa cavalière. Quant à Christian Kukuk, il a réussi à gommer sa faute de la première manche avec un Mumbai van de Moerhoeve en pleine forme, tandis que David Will et My Prins van Dorperheide ont écopé de quatre points à chaque acte, alors même qu’ils auraient pu sceller un peu plus tôt la victoire germanique. Enfin, Christian Ahlmann a signé un convaincant parcours sans-faute en première manche avec la Selle Français Blueberry, mais n’a pas été retenu par Otto Becker en seconde manche.



L’escouade allemande a fini à huit points de pénalité, soit une faute de moins que l’Irlande. Arrivés à Abou Dabi en favoris, puisque c’est bien eux qui étaient en tête du classement des nations établi par la FEI pour déterminer les dix pays qualifiés pour la LLN, les représentants de l’île d’Émeraude ont pu compter sur un double sans-faute de Richard Howley et Equine America Consulent de Prelet, vainqueurs en Coupe du monde Longines à Oslo et Helsinki cet automne. Également auteurs de sans-faute en première manche, Michael Pender et HHS Calais ainsi que Mark McAuley et GRS Lady Amaro ont, en revanche, commis deux et une faute au second acte, tandis que les quatre points de Denis Lynch et Cordial ont constitué le drop score des Irlandais au premier tour. Championne olympique, du monde et d’Europe en titre, la Suède est montée sur la troisième marche du podium avec un score de vingt points mais un chronomètre cumulé plus rapide que celui de la Suisse. Portée par le double sans-faute de son leader, le numéro un mondial Henrik von Eckermann, qui avait misé sur Iliana, la nation scandinave a également vu Rolf-Göran Bengtsson et Zuccero HV ne concéder que quatre points, mais elle a en revanche dû composer avec les seize points au total des deux manches de Peder Fredricson et Alcapone des Carmilles.



LES BLEUS

Le quatuor tricolore a échoué à se qualifier pour la seconde manche. Pourtant, la campagne des hommes de Henk Nooren avait idéalement débuté avec le très beau sans-faute d’Olivier Perreau et GL events Dorai d’Aiguilly, qui ont semblé n’éprouver aucune difficulté ou presque pour franchir les douze obstacles – pour quinze efforts – disposés par le chef de piste espagnol Santiago Varela Ullastres, futur co-concepteur des parcours des Jeux olympiques de Paris, sur la piste d’Abou Dabi. Cependant, aucun des trois autres Français n’a réussi à quitter la piste avec moins de huit points. Olivier Robert et Kevin Staut ont vu Iglesias DV et Beau de Laubry pécher à la rivière, pourtant extrêmement peu fautive ce dimanche. Le premier cité a ensuite mis à terre l’oxer 11 et concédé un point de temps dépassé, tandis que le second a fait tomber l’entrée du double de verticaux placé juste après la rivière. Passé entre ces deux hommes, Roger-Yves Bost, en selle sur Delph de Denat*HDC, a fauté sur la même entrée du double placé en 7 ainsi que sur l’antépénultième difficulté, un vertical sur bidet. Avec seize points, la France a conclu le premier acte au dixième rang, alors que seules les huit meilleures nations ont été rappelées au seconde manche. Il lui faudra faire mieux à Ocala en vue de la qualification pour la finale de Barcelone, mais aussi pour prendre de la confiance dans l’optique des JO.



LES TOPS

Avec Iliana, Henrik von Eckermann a signé l'un des quatre doubles sans-faute du jour et a vu son épouse, Janika Sprunger, en faire de même avec Orelie.

Avec Iliana, Henrik von Eckermann a signé l'un des quatre doubles sans-faute du jour et a vu son épouse, Janika Sprunger, en faire de même avec Orelie.

© Martin Dokoupil / FEI

Le parcours construit par Santiago Varela Ullastres a parfaitement joué son rôle. Si l’on a pu s’étonner du nombre (très) important de fautes sur l’oxer 1, ou encore sur l’oxer 3 au second acte, il faut noter qu’il s’agit là de deux obstacles isolés qui n’ont pas coûté d’efforts trop importants aux chevaux. Par ailleurs, les deux tiers des parcours ont été conclus avec une faute aux obstacles ou moins. Pour autant, le Madrilène a réussi à n’obtenir que quatre doubles sans-faute! Outre ceux signés par Jörne Sprehe, Richard Howley et Henrik von Eckermann déjà évoqués, le dernier a été réalisé par Janika Sprunger et une Orelie qui a démontré une superbe aisance. Ces deux-là méritent incontestablement leur place au soleil. Si elles continuent sur cette lancée, elles vont vite devenir incontournables en équipe de Suisse.

Même s’il n’a pas eu l’occasion de réitérer sa performance en seconde manche, Olivier Perreau a lui aussi signé l’un des parcours les plus réussis de la journée. Parmi les couples qui ont impressionné ce dimanche, on pourra également nommer Luciana Diniz et Vertigo du Désert, toujours en harmonie et seulement surpris par le diabolique numéro 1 en première manche avant de boucler un splendide sans-faute, ou encore Joe Stockdale et Ebanking. Parfaits au premier tour et n’ayant concédé qu’une petite faute au deuxième, le jeune Britannique et son étalon de dix ans ne participaient là qu’à leur cinquième épreuve internationale à 1,60m! Future shines bright!



LES FLOPS

Si la formule de la LLN a donné lieu à un suspense appréciable et permis une certaine flexibilité aux chefs d’équipe, qui peuvent aussi modifier l’ordre de départ de leurs couples en seconde manche, il n’est pas sûr que ce format soit très lisible pour un public non ou peu initié. Par ailleurs, en réduisant le nombre d’étapes qualificatives pour la grande finale de Barcelone à quatre, très bien dotées qui plus est avec 700.000 euros offerts par Longines, la FEI a exprimé la volonté de faire de ces épreuves des rendez-vous immanquables. Or, plusieurs nations, comme les États-Unis, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et même la Suisse, se sont présentées à Abou Dabi sans leurs leaders. Cela pourrait être lié à la programmation de cet événement très tôt dans la saison, alors que la Coupe du monde bat encore son plein. Vu la qualité du plateau, aujourd’hui comme à Bordeaux la semaine passée, la FEI aurait tout intérêt à corriger le tir en 2025, en programmant cette étape inaugurale fin mars ou début avril. Les trois prochaines étapes de la LLN devraient être épargnées par ce phénomène, à moins que le problème soit également lié à la nécessité de faire traverser la planète aux chevaux pour y disputer un seul concours, comme devront également s’y résoudre certains cavaliers pour la manche prévue à Ocala, en Floride, dans un peu plus d’un mois.

Sur le plan sportif, la plus grande déception de la journée a sans doute été celle de la Belgique, pour qui les choses se sont bien mal engagées puisque son ouvreur, Koen Vereecke, a été éliminé après deux refus de Lector van den Bisschop sur l’obstacle 3. S’en sont suivis deux parcours à huit points d’Abdel Saïd et Wilm Vermeir avec Bonne Amie et IQ van het Steentje, qui ont porté le total des Diables rouges à seize points, synonymes de onzième place et de non qualification pour la seconde manche, malgré le sans-faute de Gregory Wathelet avec Ace of Hearts. 

Les résultats
Toutes les épreuves du CSIO 5* d’Abou Dabi sont à (re)voir sur ClipMyHorse.tv, où l’étape de la Ligue des nations a été commentée par Kamel Boudra et Romain Duguet



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