“L’autorité dans l’éducation et le dressage équin est-elle une nécessité ou une nuance subtile?”, Éric Louradour
Aujourd’hui, on entend beaucoup parler de bien-être animal ! C’est une très bonne chose. Cependant il y a une réelle confusion et beaucoup de personnes ne savent plus vraiment ce qui est bon ou pas pour leurs chevaux. Ainsi, certaines personnes seront trop gentilles et “se feront monter sur les pieds” par leur cheval. D’autres, en revanche, seront méchantes ou violentes, souvent sans le savoir. L’autorité, dans le domaine de l’éducation et du dressage des chevaux, suscite donc des débats passionnés et des approches variées. Certains soutiennent fermement son rôle primordial, tandis que d’autres prônent des méthodes plus douces et axées sur la compréhension et la collaboration. Explorer la nécessité de l’autorité dans ce contexte complexe invite à réfléchir sur la nature des relations humain-animal et sur les fondements de la communication équine.
L’autorité, définie comme le pouvoir de diriger ou de commander, est souvent associée à la domination et à la contrainte. Cependant, dans le cadre de l’éducation et du dressage équin, son essence est plus subtile. L’autorité repose sur la confiance, le respect et la clarté dans la communication. Elle émerge d’une relation équilibrée entre l’homme et le cheval, où la cohérence et la justesse des actions renforcent la compréhension mutuelle.
Dans le monde équestre, l’autorité s’exprime à travers la posture, la voix, les gestes et les intentions du cavalier. Elle émane d’une présence affirmée mais respectueuse, capable de guider le cheval sans écraser son individualité. L’autorité équine repose sur la capacité du cavalier à établir des limites claires et à maintenir une cohérence dans les attentes et les récompenses.
Pourtant, l’autorité ne saurait se confondre avec la brutalité ou la domination aveugle. Les méthodes coercitives, fondées sur la peur et la contrainte, peuvent engendrer des comportements défensifs chez le cheval et compromettre la confiance mutuelle. L’autorité véritable se construit dans un climat de respect et de bienveillance, où le cavalier s’efforce de comprendre les besoins et les réactions de son compagnon équin.
L’éducation et le dressage d’un cheval exigent une autorité éclairée, nourrie par l’expérience, la sensibilité et la patience. Il ne s’agit pas de dominer l’animal, mais de l’inviter avec justesse vers l’harmonie et la coopération. L’autorité devient alors un outil subtil de communication, permettant d’établir un langage commun et de développer la confiance réciproque. Dans cet esprit, l’autorité s’accompagne d’une responsabilité profonde envers le bien-être et l’intégrité du cheval. Elle invite le cavalier à cultiver l’empathie et la compréhension, à être à l’écoute des signaux subtils que lui adresse son compagnon. L’autorité bienveillante se nourrit de la connexion émotionnelle et de la complicité qui naissent d’une relation basée sur le respect mutuel.
De nos jours, l’équitation éthologique est à la mode, et dans ce secteur, chacun donne sa recette pour soi-disant élaborer un système éducatif des chevaux. Cette façon de voir l’équitation se dit plus naturelle et proche des comportements des chevaux. Pourtant on sait que l’éthologie est l’étude du comportement des animaux dans leur milieu naturel et donc surtout pas d’un cheval avec un humain sur son dos. Nous pouvons donc utiliser l’éthologie au service de l’équitation, mais l’équitation éthologique est un terme erroné et n’existe pas. Pour ma part j’apprécie plus le terme d’équitation raisonnée ou de Horsemanship. Ils représentent la faculté que possède une personne à prendre soin, gérer et monter correctement un cheval en respectant son intégrité physique et morale grâce à des principes classiques et éthologiques et surtout des méthodes douces. Personnellement je préfère les rapports égalitaires où le respect et le maintien dans un cadre est entretenu et conservé dans la juste mesure et dans la douceur plutôt que d’entendre parler d’inconfort et confort ou bien de relations de dominant à dominé. En revanche la répétition est juste dans tout enseignement et dans toute éducation il faut de la discipline et de la rigueur.
Faut-il donc toujours recourir à l’autorité dans l’éducation et le dressage équin ?
La réponse réside dans la nuance et la compréhension des besoins individuels de chaque cheval. Certains chevaux peuvent répondre favorablement à des approches plus souples et participatives, basées sur le renforcement positif et la récompense. D’autres, en revanche, peuvent nécessiter une guidance plus directive et structurée pour trouver leur équilibre.
L’autorité, lorsqu’elle est exercée avec discernement et compassion, peut donc jouer un rôle crucial dans le développement et l’épanouissement du cheval. Elle offre un cadre sécurisant et rassurant, où l’animal peut exprimer son potentiel et développer sa confiance en lui-même et en son cavalier. L’autorité devient alors un vecteur de croissance et de progression, ouvrant la voie à une relation équine épanouie et enrichissante pour toutes les parties impliquées. L’autorité ne se définit pas comme une caractéristique possible de l’éducation, elle est essentielle et indispensable. Prenons l’exemple d’une famille où le parent représente l’autorité, la discipline, la loi, la sanction, mais ce concentre aussi sur le bien-être de sa progéniture en maintenant un rôle de proximité, de confidente, de protection, faisant preuve d’amour, de patience, de sensibilité, d’ouverture d’esprit… La bonne éducation de l’enfant est faite grâce à un équilibre entre deux parents. Sans tomber dans la caricature, en imaginant un parent toujours dur et impitoyable et un autre trop laxiste et fragile, l’équilibre du couple est indispensable pour la bonne éducation. Il faut de l’amour, bien sûr. Cependant, l’amour n’a jamais suffi dans l’éducation d’un enfant. Avec les chevaux, entre un géniteur et ses enfants, un enseignant et l’étudiant, un président et son peuple, c’est exactement la même chose.
En conclusion, l’autorité dans l’éducation et le dressage équin représente donc un équilibre délicat entre fermeté et bienveillance, entre direction et compréhension. Elle se nourrit de la confiance, du respect et de la sensibilité, établissant ainsi les fondements d’une relation harmonieuse entre l’Homme et le cheval. En définitive, c’est dans cette alliance subtile que réside la véritable essence de l’autorité équine. Soyons donc vigilant, et n’oublions pas que notre degré d’exigence ne peut augmenter qu’en fonction de nos compétences.
Sportivement votre, Éric
