“Darmagnac a retrouvé son niveau physique de début 2023”, Thomas Carlile

En 2023, Thomas Carlile et Darmagnac de Béliard attaquaient la saison de complet sur les chapeaux de roue, enchaînant sur le circuit du Grand National une victoire à Saumur, début mars, et une deuxième place lors de l’étape suivante, à Pompadour, début avril. Une blessure lors de ce dernier concours avait stoppé net la saison du couple, le cavalier et les propriétaires du cheval décidant de prendre le temps de soigner le bai en vue de le préparer à une éventuelle sélection pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Sélectionné aux Mondiaux de Pratoni del Vivaro en 2022, bouclés prématurément en raison d’une chute sur le cross, ainsi qu’une année quasi blanche en 2023, le fils de Canturo âgé de onze ans est prêt à tracer sa route vers de nouveaux grands objectifs. Thomas Carlile évoque le retour de son protégé, présent sur la liste “À cheval pour Paris”, et la façon dont il envisage sa montée en puissance.



Thomas Carlile et Darmagnac de Béliard lors d’un stage de l’équipe de France en ce début d’année à Lamotte-Beuvron.

Thomas Carlile et Darmagnac de Béliard lors d’un stage de l’équipe de France en ce début d’année à Lamotte-Beuvron.

© FFE/ED

Comment va Darmagnac de Béliard? Quel bilan tirez-vous de son travail hivernal?

Il a beaucoup travaillé et je peux dire qu’il va bien. Il a fait beaucoup de travail sur le plat et à l’obstacle, mais aussi des séances en piscine pour l’aider à prendre du volume, et cela se révèle vraiment efficace ! Bien sûr, nous avons aussi travaillé sur la piste de galop pour améliorer le fond et il est quasiment prêt. Il semble en avoir très envie ! À ce jour, je pense que Darmagnac a retrouvé son niveau physique de début 2023, quand il a performé à Saumur et Pompadour sur le Grand National. En ce début de saison, il est même plus volumineux qu’il ne l’était l’an passé au même moment. Dans sa locomotion, il est vraiment au top actuellement, et j’attends donc qu’il retrouve des automatismes sur quelques tours de concours hippique. C’est pour cette raison que je lui programme deux déplacements de jumping avant de revenir sur le complet : cela nous permet de remettre en place des mécanismes, de retrouver le contexte de compétition avec la sono, les autres chevaux, les spectateurs, car il y a toujours de l’engouement. En faisant cela, je cherche à éviter des petites tensions qui pourraient exister. Les concours du Mans, le 18 février, et de Royan, du 1er au 3 mars, devraient nous permettre de nous retrouver.

Comment allez-vous orienter sa saison de concours complet sachant qu’il n’a donc pas couru dans la discipline depuis une année, et qu’il est absent des terrains internationaux depuis l’automne 2022?

Je pense au concours de Kronenberg, en CCI 3*-L, pour son début de saison (du 20 au 24 mars, ndlr), que j’envisagerai comme un exercice de remise en jambe. Il s’agira de courir à nouveau un cross un peu plus long, dans une configuration qu’il maîtrise et qui le laisse dans sa zone de confort. Par la suite, l’idée est de l’engager en 4*- S au mois de mai, en fonction bien sûr de la façon dont il aura concouru à Kronenberg. Pour cette période, je pense à Pratoni del Vivaro (du 2 au 5 mai, ndlr), mais aussi à Marbach (du 9 au 12 mai, ndlr) ou de Chatsworth (du 17 au 19 mai, ndlr). Nous étions d’ailleurs engagés en 2022 sur cette épreuve en terre anglaise et tout s’y était très bien passé, puisque nous avions obtenu une deuxième place. Ma préférence va à Pratoni, où le terrain est assez technique. Pour Marbach, je suis plus incertain par rapport à la propagande du dressage. À domicile, les Allemands ont tendance à beaucoup se valoriser donc il ne s’agit peut-être pas de la meilleure stratégie pour moi d’aller courir dans un tel contexte l’année d’un championnat. En Grande-Bretagne, je n’ai pas la même sensation ; il y a deux ans à Chatsworth, nous étions deuxièmes sur cent-vingt engagés après le dressage. Nous avions eu les points que nous méritions car les Anglais ont l’habitude de composer avec la concurrence étrangère. Je pencherais aussi plus pour Pratoni car il y a un 3*-L où je pourrais engager Golden (de Béliard, ndlr), qui a besoin de courir à nouveau ce niveau d’épreuve cette année, après son excellente année 2023 et son titre de championne du monde (des sept ans, au Mondial du Lion en 2023, ndlr). Par conséquent, je ne pense pas que je serai à l’international de Saumur, car il n’y a pas les épreuves que je compte viser. 

Que doit encore améliorer Darmagnac à ce jour? Comment se sont passés les stages fédéraux? 

Darmagnac doit prendre encore plus de force dans le dos. Par ailleurs, c’est un bon sauteur, mais il doit encore gagner en régularité en jumping avant de retrouver la fiabilité qui était la sienne les saisons passées. C’est pour cette raison que je l’engage en saut d’obstacles en début de saison. Il est vraiment toujours profitable de pouvoir bénéficier d’un œil extérieur comme lors des stages fédéraux. Nous avons échangé efficacement sur les stratégies à envisager, nous avons revu les chevaux sur le plat, répété les reprises, retravaillé certains points précis. Lors de ces regroupements, nous avons l’occasion d’aller chercher le petit plus par rapport au travail que nous effectuons tous individuellement, chez nous. Les observations de Jean-Pierre Blanco, Philippe Limousin, et de Christoph Hess sont très complémentaires. Avec Christoph Hess, nous bénéficions du regard et des remarques du juge hors-pair qu’il est. Il a un idéal qu’il cherche vraiment à nous faire partager. Comme Philippe, il est très positif. Jean-Pierre est beaucoup plus technicien. Quand je travaille avec lui, je ressens qu’il monte encore beaucoup à cheval. Il s’agit d’un réel atout, car il a des sensations qu’il nous transmet volontiers pour faire passer des petites astuces en fonction de l'individualité de notre cheval. Philippe, lui, a vraiment une méthode et nous regarde par ce prisme : ils sont vraiment complémentaires et forment une réelle équipe pour nous entourer et celle-ci fonctionne bien. Humainement, ces rencontres sont assez sympathiques aussi. Par exemple, les séances de sport tournent parfois aussi au défouloir, pleines de camaraderie, et ça fait du bien ! Nous sommes toujours contents de nous retrouver, mais tout le monde privilégie la technique avant tout. Le système mis en place il y a des années maintenant a porté ses fruits, et le travail de fond est vraiment très utile. Maintenant, la saison peut commencer !



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