À domicile ou en centres spécialisés, la balnéothérapie se démocratise

Si la thalassothérapie équine continue de s’épanouir sur les côtes françaises, la balnéothérapie gagne en popularité, sans pour autant être uniquement réservée aux athlètes de haut niveau, pour lesquels nous avons tous une pensée en ce début d’année olympique. “La balnéothérapie équine est un marché qui tend à croître en France. Nous sommes un peu en retard par rapport à l’Allemagne et aux pays scandinaves (depuis trois ans, PM Environnement est distributeur de Horse Trainer, la marque danoise leader du marché, ndlr)”, analyse François Perier, gérant de l’entreprise normande PM Environnement, spécialiste de l’aménagement et de la conception équestres grâce à une très large gamme de produits, dont des appareils de bien-être, remise en forme et pré-entraînement depuis sept ans. “Il y a eu un certain temps d’attente pour que les effets des différents appareils soient visibles à moyen et long termes et pour que le bouche-à-oreille fonctionne. Désormais, le marché français est demandeur, même si ce sont des machines qui ont un certain coût. Malheureusement, les banques sont encore très frileuses face à cet investissement, et il n’est pas rare que les prêts soient refusés. Il y a pourtant des compensations financières possibles en louant sa machine ou en répercutant son coût sur la pension.”

Pour quels publics?

La balnéothérapie s’éloigne de son image de soin luxueux destiné aux seules élites sportives et s’aligne davantage dans un esprit de service ouvert à tous. “Notre centre accueille aussi bien les professionnels que les amateurs”, introduit Hélène Kukdjian, dirigeante du centre de balnéothérapie Cavall’eau – récompensé par le label EquuRES, axé sur le bien-être animal – installé depuis octobre 2023 à Montabard, dans l’Orne, entre les villes de Falaise et Argentan. “La structure est adaptée aux chevaux en convalescence et en suivi de soins postopératoires, ainsi qu’aux chevaux ayant besoin d’une préparation physique et mentale ou d’une pause de récupération après un effort important. Nous avons rapidement accueilli nos premiers clients et, depuis, notre centre ne désemplit pas! La demande est importante et concerne tous les chevaux, du Shetland à l’athlète de haut niveau, en passant par le Pur-sang de course.” 

Les machines de remise en forme ou de soins et de bien-être sont diverses: tapis roulant à différentes vitesses et inclinaisons, tapis roulant aquatique (aussi appelé aquatrainer), spa (immersion par le froid), plaque vibrante, solarium, ou même sauna. Dans la majorité des cas, les centres de balnéothérapie s’appliquent à mettre en place des compétences croisées avec d’autres professionnels. “Notre centre est enrichi par deux partenariats (une clinique équine de renom, proche du centre Cavall’eau, et une masseuse, Camille Straebler, dont l’activité se nomme CS Physio Care, ndlr) et nous sommes heureux de pouvoir ainsi proposer plusieurs formules de bien-être et récupération”, appuie la directrice du centre de balnéothérapie. “À l’avenir, nous souhaitons développer la partie de notre centre consacrée aux protocoles de recherches vétérinaires et, peut-être, envisager un couloir de nage, en complément. La prise en charge du bien-être équin ne cesse de s’amplifier, et le pouvoir des nouvelles technologies (Cavall’eau a notamment un aquatrainer capable de vérifier la symétrie de la foulée, ndlr) affirme cette tendance.”

L’eau, l’alliée cicatrisante et drainante au service des machines

Le spa, dans lequel le cheval est statique, est généralement la machine la plus associée aux soins par l’eau. “Simple d’utilisation, le spa est souvent plébiscité pour les soins en post-compétition ou post-entraînement”, reprend François Perier. “Les bienfaits sont très rapidement observables. L’immersion des membres dans le froid (l’eau peut descendre jusqu’à 2°C, ndlr) provoque trois réactions de base: en premier lieu, l’activité métabolique est réduite de sorte que les cellules utilisent moins d’oxygène pour fonctionner, engendrant moins d’hypoxie (diminution de la concentration d’oxygène dans le sang, ndlr); ensuite, la perméabilité des vaisseaux sanguins augmente, ce qui réduit la quantité de liquide s’accumulant dans la zone blessée; enfin, le froid endort à un certain degré la zone et fonctionne ainsi comme un analgésique topique. Dans les pays scandinaves et en Allemagne, des spas mobiles sont d’ailleurs régulièrement loués sur des terrains de concours par les compétiteurs. En France, cela reste à développer.” Le tapis roulant aquatique est, quant à lui, un appareil plus complexe et s’utilise le plus souvent lors de suivis postopératoires ou en accord avec un protocole vétérinaire. “Ses effets sont visibles à moyen et long termes. Il peut agir en rééducation ou dans le cadre d’un entraînement contrôlé. Le cheval avance sur un tapis roulant immergé. Avec une petite hauteur d’eau, le but est souvent d’accroître la musculature, quand la grande hauteur d’eau (jusqu’aux épaules, par exemple, ndlr) va réduire jusqu’à 60% le poids supporté par l’animal. À la fin, l’utilisation d’un aquatrainer améliore l’endurance, le développement musculaire et la souplesse, et réduit également le temps de rééducation de 50% à 60%.” 

Si l’on s’éloigne des machines ayant recours à l’eau, la plaque vibrante est un peu moins connue dans le secteur équin; elle est majoritairement combinée à un solarium pour en augmenter les effets. “On peut comparer la plaque vibrante pour chevaux à celle popularisée pour les sportifs humains. Elle augmente doucement la circulation du sang et permet un massage des muscles dorsaux qui sont habituellement difficilement manipulables. Elle peut être utile à la réhabilitation à la suite de blessures, à la préparation à l’effort ou pour le massage du cheval après l’effort. Tout comme le spa, la plaque vibrante et le solarium sont accessibles à tous, de l’athlète professionnel aux professionnels de santé, en passant par l’amateur éclairé”, conclut François Perier.

Effectuer les soins à domicile, quand les emplâtres complètent les soins externes

Un cavalier accroupi près des membres de son cheval, les mains argileuses: l’image était un brin passée de mode, mais se ressaisit depuis quelque temps. Peut-on dire que les soins externes reprennent leurs droits, après avoir été un peu relégués au second plan derrière la grande famille des compléments alimentaires? “Le secteur des soins pour chevaux au sens large est en pleine expansion”, confirme Anne Arpino Zimmer, responsable du développement en France de la société belge Essence of Life, spécialisée en produits de phytothérapie et aromathérapie pour animaux. “Cela fait déjà plusieurs années que nous développons une gamme de soins externes en parallèle de nos compléments alimentaires, mais il est vrai que l’essor des centres de remise en forme ancre davantage les soins externes dans le quotidien des propriétaires de chevaux.” La marque présente plusieurs gammes de produits naturels; certaines sont destinées au grand public, tandis que d’autres sont réservées à un usage professionnel, telle que la gamme EOL Revalidation. “Les particuliers sont de plus en plus désireux d’apporter du confort à leurs chevaux via des massages, que ce soit avec des thérapeutes alternatifs ou par leurs propres moyens. Le grand public s’informe énormément au sujet des méthodes alternatives!”, poursuit Anne Arpino Zimmer. “Les professionnels ont généralement des demandes plus spécifiques liées aux problèmes de santé animale. Ils seront, par exemple, intéressés par des produits précis pour préparer les chevaux à l’effort ou encore pour soulager des lésions et traumatismes, qu’ils soient tissulaires ou articulaires. Nous avons développé nos produits EOL en étroite collaboration avec nos vétérinaires afin de répondre au mieux aux besoins des chevaux de sport et de loisir.”

Les enveloppements d’argile ou assimilées sont appréciés pour leurs bienfaits, mais nécessitent un rinçage après chaque pose; un problème pris en compte par les professionnels du secteur. “Notre gamme EOL Revalidation a été développée afin d’obtenir des textures en gel, non grasses, ne laissant que peu de résidus sur le poil et, surtout, ne nécessitant pas de rinçage, un atout indéniable”, souligne Anne Arpino Zimmer. “Cette même gamme est aussi appréciée par les grooms professionnels pour la préparation et la récupération de leurs chevaux. La composition de ce type de produits s’appuie sur des hydrolats, des teintures mères et des huiles essentielles.” Dans la même veine, nous retrouvons un produit peu commun: la boue de la mer Morte, qui s’enlève d’un simple coup de brosse après une pose de plusieurs heures. “Nous nous sommes tournés vers ce produit, car les argiles et autres emplâtres couramment utilisés ne suffisaient pas à soulager l’un de nos chevaux”, commente Géraldine Paradis, cofondatrice de Thermequin, marque de soins issus des boues de la mer Morte. “Nous nous sommes renseignés sur des produits utilisant pleinement des boues provenant de la mer Morte, connues pour leurs exceptionnelles propriétés de soins, afin de les utiliser sur nos montures. Le résultat fut à la hauteur de nos espérances! Le produit en tant que tel n’existant pas pour équidés, nous avons souhaité créer, en 2021, notre gamme de soins dédiés à cette unique matière première.” Les boues de la mer Morte ont une composition à part: ni argile, ni boue marine, et avec une concentration exceptionnelle de plus de vingt sels minéraux (potassium, sodium, magnésium, calcium, chlore, brome, sulfate, fer, zinc, cuivre, manganèse, lithium, etc.). À titre d’exemple, le brome est quatre-vingts fois plus présent dans la mer Morte que dans le reste des océans, quand le magnésium y est présent trente-deux fois de plus, et le potassium, dix-neuf! “Ces minéraux sont en outre d’une haute biodisponibilité, ce qui signifie que l’organisme les assimile vite et bien”, reprend la cofondatrice des soins Thermequin. “Les boues de la mer Morte sont multifonctions et sont aussi actives sur la peau que sur les muscles, les tendons ou encore les articulations. Elles font des merveilles quand il s’agit de soulager les douleurs musculaires et les engorgements, de réduire les inflammations et d’accélérer la régénération cellulaire, etc. Nous avons longuement testé nos produits auprès d’ostéopathes, de vétérinaires et de centres de balnéothérapie, et nous avons eu d’excellents retours. Nos premiers produits mis en vente sur le marché ont rencontré un tel succès que nous avons dû rapidement faire face à une rupture de stock! Nous ne nous attendions pas à tant de demandes, d’autant plus qu’il s’agissait d’un produit inédit sous ce format dans le secteur équin. Nous continuons à militer pour cette matière première qui gagne à être connue.”

Quand la chaleur entre en jeu

Eau froide ou à température ambiante, pose d’argiles et de gels froids… Le froid est-il le seul remède contre le mal? “La chaleur est souvent associée à la décontraction musculaire, quand le froid est mis à profit pour calmer douleurs et inflammations. En réalité, l’utilisation de la chaleur est à nuancer”, introduit Vincent Chassaing, docteur vétérinaire et responsable technique France d’Audevard, laboratoire spécialisé dans les soins et compléments alimentaires équins depuis plus de trente ans. “Concernant les membres et les tendons, par exemple, le froid est le premier des remèdes lorsque ces derniers présentent une inflammation aiguë. Néanmoins, comme nous pouvons le constater en hiver avec le bout des doigts exsangues, le froid limite également la circulation sanguine! C’est là que la chaleur intervient par la suite: elle rétablit une bonne circulation sanguine et draine les médiateurs négatifs, une fois la phase d’inflammation aiguë passée. C’est dans ce cadre que les emplâtres chauds sont conseillés (Audevard commercialise notamment Tendilax Antiphlogistic, une pâte faite d’argile blanche destinée à être posée chaude, ndlr). L’application d’une argile chaude permet un meilleur résultat, car la texture est ainsi plus fluide à la pose et optimise les échanges avec la peau. L’objectif est toujours le même: aider le corps à drainer les éléments négatifs et limiter le développement du mécanisme inflammatoire.” 

Bienfaiteur de chaleur par excellence, le solarium conclut la liste non exhaustive des machines destinées au confort des équidés. Éleveurs, cavaliers professionnels, gérants de structures, la palette des utilisateurs de solarium est désormais large. “L’essor des balnéothérapies a accru l’intérêt des professionnels et du grand public pour ces appareils. Attention à ne pas se diriger d’emblée vers la plus grosse machine, car les petits modèles de type spots délivrent désormais une même puissance de chaleur, si ce n’est supérieure!”, alerte Sandrine Lacomme, présidente d’À Cheval, entreprise manchoise distribuant un large choix d’équipements pour infrastructures équestres. “Nous avons choisi de sélectionner un solarium (Bask Zone, ndlr) offrant des infrarouges courts (IR-A), qui réchauffent le corps sans chauffer l’air ambiant. Seuls les IR-A traversent le derme et atteignent les couches plus profondes. Cette chaleur au coeur des cellules contribue à la réparation des tissus et à une meilleure évacuation de l’acide lactique, généré après un gros effort. Les IR-A accompagnent un bon retour à la circulation sanguine, d’une manière générale.” “Les soins externes sont toujours une bonne chose”, apporte en conclusion Vincent Chassaing. “Attention néanmoins à garder en tête que la bonne gestion de la santé du cheval passe par une approche globale: matériel et travail adaptés, alimentation, soins externes, etc.”