McLain Ward rugit à Wellington et renouvelle son désir de Jeux olympiques
Comme il l’a souligné lors de la conférence de presse non sans un trait d’humour, McLain Ward n’avait rien gagné de toute sa saison floridienne. Cette semaine, il remporte l’épreuve qualificative à Wellington associé à First Lady, et s’impose magistralement dans l’antépénultième Grand Prix 4*. Une épreuve qui faillit bien se terminer sans barrage, à cause d’un parcours très fautif. Le Belge Nicola Philippaerts prend la deuxième place sur le SF Derby de Riverland, tandis que l’Américaine Lucy Davis signe un retour magnifique avec son nouveau partenaire Ben 431.
Le temps parut bien long ce samedi soir aux quelques milliers de spectateurs de la piste internationale, à Wellington. Pour cause, le chef de piste américain Oscar Soberon avait vu gros et technique. L’immense piste reste souvent un casse-tête pour qui veut imaginer un parcours adapté au plateau, car outre la longue distance parcourue par les chevaux, la température est élevée (près de trente degrés hier soir !) et le taux d’hygrométrie rend chaque effort encore plus intense. Ajoutez à cela un plateau en deçà du niveau habituel – les meilleurs couples se trouvant à Ocala pour l’étape de la Coupe du monde Longines disputée le lendemain ou s’économisent pour la Ligue des nations Longines de la semaine suivante – et vous obtenez un Grand Prix 4* difficile. Les abords souvent compliqués, une première ligne où les lumières artificielles créaient des jeux d’ombres reculant les chevaux, les obligeant à puiser dans leurs réserves pour couvrir l’oxer de sortie, un triple vertical-vertical-oxer en avant-dernier qui, lorsqu’il était bien franchi, entraînait souvent une faute sur l’ultime obstacle, un oxer sur bidet face au VIP...les cavaliers avaient de quoi s’occuper !
Très attendus, Lucy Davis et Ben 431 n’ont pas déçu le public. L’ancien partenaire de Gerrit Nieberg, vainqueur du mythique Grand Prix d’Aix-la-Chapelle, a montré toute sa puissance et sa rapidité au sol dans un premier tour étincelant et, avouons-le, inespéré à ce moment de l’épreuve. Après cinq ans d’absence à ce niveau, et pour son deuxième Grand Prix de ce niveau cette saison, la trentenaire a eu de quoi se réjouir puisqu’elle a bouclé l’épreuve au troisième rang. Comme surprise d’être assise aux côtés de ses pairs, Lucy Davis, avec toute la modestie dont elle fait preuve depuis ses débuts, a simplement rappelé un fait qui semble incroyable à ce niveau : Ben 431 est son seul cheval ! “Je le monte depuis fin décembre, je gère les choses au jour le jour. Nous avons bien commencé sur de plus petites épreuves. L’avantage de commettre des erreurs est que cela nous permet d’apprendre à nous connaître. Il y a toujours quelque chose que l’on peut améliorer. Je suis heureuse que ce soir nous ayons réussi à trouver les bons réglages.” C’était le dernier international pour le couple sur cette tournée hivernale, mais nul doute que nous les reverrons très bientôt… peut-être en Europe. La discrétion de l’Américaine ne l’a pas empêchée de montrer une certaine émotion lors de la conférence de presse. Cette pudeur tranchait avec la joie non feinte du gagnant du jour.
À quarante-huit ans, McLain Ward savoure ce succès comme s’il s’agissait du premier. Comme soulagé de retrouver son fidèle Contagious, qui a permis l’an passé de décrocher l’or par équipes aux Jeux panaméricains, et par la même occasion de qualifier les États-Unis pour les JO. Le bouillonnant alezan disputait sa sixième épreuve depuis janvier, un rythme dû à la présence d’autres excellentes cartouches dans le piquet du New-Yorkais. “Je pensais qu’il y aurait un peu plus de sans faute, mais le temps était court et cela a quand même joué”, analyse-t-il. “J’ai la chance de pouvoir compter sur Contagious depuis longtemps. Il vieillit donc j’adapte son programme. Il a commis une petite faute dans son premier Grand Prix lors du CSIO 4*, mais il a bien sauté. Ce soir était une soirée vraiment difficile mais je suis ravi de gagner à nouveau.”L’Américain vise évidemment les Jeux olympiques et peut compter sur Callas et sa nouvelle recrue Ilex, un fils de Baltic VDL monté jusqu’en septembre par le brésilien Fabio Leivas Da Costa, sans oublier Contagious. “Le choix se fera au dernier moment, selon leur forme”.
De son côté, Nicola Philippaerts peut s’enorgueillir d’être l’un des rares européens à avoir performé cet hiver à Wellington. Sur son cheval noir Derby de Riverland, il a montré qu’il tenait là plus qu’une doublure de sa survoltée Katanga vh Dingeshof en se plaçant deuxième. Aux rênes du fils de Kannan depuis octobre, il a signé le seul autre double sans faute de l’épreuve. L’évolution du Selle Français confirme le talent détecté lors de ses jeunes années sous la selle du frère Thibault, champion de Belgique Jeunes Cavaliers à deux reprises.
Les ténors préparent leurs bagages pour une longue semaine à quatre heures de route, sur le site d’Ocala, pour la deuxième étape de la Ligue des nations Longines.