Daniel Coyle conclut victorieusement une ligue nord-américaine de la Coupe du monde qui n’a plus vraiment de sens
Daniel Coyle a remporté le Grand Prix du CSI 4*-W d’Ocala, hier soir en Floride. En selle sur Incredible, qu’il monte depuis peu, l’Irlandais a devancé l’Américain Kent Farrington, deuxième sur Toulayna, et un autre Irlandais, Dermott Lennon, troisième avec Millview Cicero. Au terme d’une série plutôt boudée par les stars américaines, un nombre record de vingt-cinq cavaliers sont en position de participer à la finale de Riyad. Explications.
Les succès en Coupe du monde ne sont pas nouveaux pour Daniel Coyle, mais il a franchi une nouvelle étape hier au Live Oak International, à Ocala, en Floride, en remportant le Grand Prix concluant la ligue nord-américaine Longines en selle sur sa nouvelle monture, Incredible. “J’ai déjà vécu de très belles expériences en Coupe du monde, mais c’est la première année que je gagne trois Grands Prix en une saison, ce qui me rend très, très heureux”, a exprimé à chaud l’Irlandais. Ayant participé à la finale de 2023 à Omaha, dans l’État américain du Nebraska, Daniel Coyle a choisi cette année de partager sa saison entre les ligues nord-américaine et d’Europe occidentale, les points marqués dans l’une valant dans l’autre. Sur Legacy, sa jument de championnats, il avait remporté les étapes de Leipzig et Amsterdam en janvier.
Hier aux États-Unis, il a célébré sa troisième victoire de l’hiver, associé cette fois à Incredible, un hongre KWPN de onze ans – la base de données la Fédération équestre internationale recense pas moins de onze hongres, mâles et femelles portant ce nom, plus vingt et un autres dont ce appellation est accompagnée d’un suffixe! – qu’il ne monte que depuis janvier. “Chaque fois que j’entre en piste avec lui, je découvre quelque chose de nouveau à son sujet. C’est génial de pouvoir découvrir cela en concourant au plus haut niveau”, déclare Daniel Coyle. Incredible n’est pas un inconnu puisque cet énième performant équidé issu du croisement des sangs de Clinton et Heartbreaker, apparu sur la scène internationale en 2020 sous la selle d’Eric Ten Cate, a disputé pas moins de quatre Coupes des nations de la série Longines créée par la Fédération équestre européenne en 2023, dont la demi-finale et la finale, avec deux victoires à la clé, à Drammen et Ebreichsdorf
C’est le mentor de Daniel Coyle, le Néerlandais Jeroen Dubbeldam, champion olympique, du monde et d’Euripe, qui a déniché Incredible pour l’Irlandais, qui cherchait un cheval pour épauler Legacy. “Il était incroyable avant de me rencontrer, j’étais un bon cavalier avant de le rencontrer, et je suis content de pouvoir dire aujourd’hui que nous sommes très bons ensemble. Avant de rejoindre mes écuries, Incredible avait réussi de très bonnes choses, mais son cavalier n’avait pas la chance de pouvoir participer à de grands concours chaque semaine. Jeroen m’a dit que nous devrions l’essayer. Nous avons tout de suite vu qu’il me conviendrait et qu’il pourrait vraiment seconder Legacy. C’est ce qu’il a fait, et bien plus encore. Je suis vraiment très heureux d’être si bien entouré, entre Ariel Grange, qui peut intervenir et acheter les chevaux, et Jeroen, un mentor qui peut réellement trouver les chevaux pour moi. Il est difficile d’en chercher de nouveaux lorsqu’on se concentre à fond sur l’entraînement de ceux qu’on a... En tout cas, nous avons une très bonne écurie en ce moment.”
Un match américano-irlandais au barrage
Le chef de piste allemand Olaf Petersen Jr a proposé aux trente-deux couples en lice à Ocala un parcours délicat, caractérisé par des obstacles à l’aspect unique. Seules quatre paires ont réussi un sans-faute, qualificatif pour le barrage. L’Américaine Jessica Leto, 924e mondiale, est revenue la première sur Cimbura, avec l’intention de réussir un double sans-faute, mais un obstacle est tombé en cours de route, les reléguant à la quatrième place. L’Irlandais Dermott Lennon a connu le même sort, Millview Cicero ayant glissé juste avant de prendre sa battue d’appel pour sauter un oxer. Sept secondes plus rapide que l’inconnue américaine, le champion du monde de 2002 s’est classé troisième. Toujours très compétitif, la star US Kent Farrington a signé le premier double sans-faute sur l’athlétique et efficace Toulayna, autrice d’impressionnants virages. Daniel Coyle est parti le dernier avec Incredible, et les deux athlètes ont fait preuve d’une confiance totale l’un envers l’autre, bouclant ce parcours réduit à grande vitesse et sans faute en 40’’37, soit plus de deux secondes de moins que Kent Farrington (42’’58). “Je n’ai regardé aucun autre couple avant de revenir en piste. Les six foulées de la première ligne ont été très longues pour moi, mais cela a probablement rendu l’ensemble de mon parcours plus rapide”, a déclaré Daniel Coyle. “Mon cheval a sauté un peu haut à l’entrée du double, ce dont je devrai tenir compte à l’avenir. Ensuite, j’ai pris des risques à l’abord de l’avant-dernier obstacle. Heureusement, Incredible m’a aidé, puis m’a donné un excellent saut sur le dernier. Je suis ravi.”
Daniel Coyle a gagné cette Ligue nord-américaine Longines de la Coupe du monde avec soixante-quinze points, devant l’Israélien Daniel Bluman, deuxième avec quarante-trois points, et l’Irlandais Shane Sweetnam, troisième avec quarante et un points. La finale Longines de la Coupe du monde aura lieu du 16 au 20 avril à Riyad, en Arabie saoudite. Comme le laissait augurer le classement provisoire après la septième des huit étapes de cette ligue, le nombre de qualifiés atteint un record lié au règlement de la Coupe du monde. Jill Humphrey et Skylar Wireman, cinq et septième, et Sophia Siegel, seulement vingt-quatrième avec dix-sept points, ont pris les trois places en jeu allouées aux Étatsuniens domiciliés sur la côte Ouest. Sur la côte Est, le meilleur Étatsunien, Kent Farrington, n’est que dixième au général. Devant eux, on trouve les cavaliers susnommés, mais aussi la Britannique Jessica Mendoza, l’Irlandais Conor Swail, le Colombien Nicolas Gamboa et le Suisse Beat Mändli. Les sept meilleurs Étatsuniens de la côte Est qualifiés sont Kent Farrington, Devin Ryan, Katherine Dinan, Alise Oken, Alex Matz, Margie Goldstein-Engle et Jessica Leto, qui ne compte que dix-neuf points.
Le règlement disposant que la finale est aussi ouverte à tout non-Nord-Américain domicilié dans cette sous-ligue comptant au moins autant de points que le dernier qualifié, pas moins de huit “extra” étrangers sont aux aussi qualifiés pour la finale de Riyad: les susnommés Coyle, Bluman, Sweetnam, Mendoza, Swail, Gamboa, Mändli, mais aussi l’Irlandais Daragh Kenny. Sur la côte Ouest, ce point de règlement profite au Brésilien Cassio Rivetti, à l’Irlandais Robert Planchette et à l’Autrichien Peter Petschenig. Si l’on ajoute les deux places allouées au Canada, offertes en priorité à Vanessa Mannix et Amy Millar (onze points seulement…), et les deux autres réservées au Mexique, en principe pour José Alberto Martínez Vázquez et Simon Salame Farca, cela fait un contingent de vingt-cinq qualifiés en Amérique du Nord contre dix-huit en Europe de l’Ouest, où le niveau de la Coupe du monde est autrement plus élevé. Cela pourrait donner lieu à un nombre record de finalistes… et à un plateau très inégal. Vraisemblablement, beaucoup d’entre eux ne se rendront pas à Riyad, n’ayant pas fait de la Coupe du monde une priorité.
Il semble clair que le règlement de la série n’est plus adapté à un contexte de mondialisation galopante. Par ailleurs, cette série créée en 1978 pâtit de la concurrence créée par la Major League et tous les concours organisés désormais un peu partout aux États-Unis, au Mexique et au Canada. La Fédération équestre internationale va devoir tirer les conclusions de cette saison de Coupe du monde pour le moins atypique outre-Atlantique, sans doute en ajuster le règlement et probablement songer à en renforcer l’attractivité.
Les résultats
Le classement général de la Ligue nord-américaine Longines
Tous les parcours du CSI 4*-W d’Ocala sont à revoir sur ClipMyHorse.tv