“Notre engagement envers une équitation respectueuse du bien-être animal est plus crucial que jamais”, Éric Louradour

Depuis plus de quatre décennies, ma vie est imprégnée par l’équitation, une passion qui va de pair avec le respect et le bien-être des chevaux. Cependant, les défis auxquels sont confrontés nos sports équestres aujourd’hui me préoccupent profondément. En scrutant de près la situation actuelle, il devient évident que ceux-ci résultent d’une multitude de facteurs interconnectés, chacun contribuant à une problématique plus vaste.



Le comportement irresponsable d’un petit groupe à l’égo démesuré :

Un aspect alarmant de notre réalité actuelle est le comportement irréfléchi et égocentrique d’une minorité d’acteurs impliqués dans les sports équestres. Animés par un désir égoïste de succès à tout prix, ils sont prêts à sacrifier le bien-être des chevaux sur l’autel de leurs ambitions personnelles. Leurs méthodes brutales et leurs pratiques dommageables non seulement compromettent le bien-être des animaux, mais ternissent également l’image de l’équitation dans son ensemble. Il est essentiel que la communauté équestre condamne sans équivoque ces pratiques et s’engage collectivement à les éliminer. L’égo surdimensionné pousse certains cavaliers à privilégier leur propre succès au détriment du bien-être de leur monture. Dans une culture compétitive où la victoire est souvent glorifiée au-delà de tout, il est facile pour les cavaliers de perdre de vue l’essence même de leur partenariat avec leur cheval, fondé sur le respect mutuel et la confiance. Il est essentiel de rappeler à ces cavaliers que la véritable réussite réside dans la symbiose et la connexion profonde avec leur monture, bien plus que dans la collection de trophées et d’honneurs.

La couverture médiatique sensationnaliste :

Les médias généralistes jouent un rôle crucial dans la manière dont l’équitation est perçue par le grand public. Malheureusement, trop souvent, ils privilégient les récits sensationnalistes mettant en avant les aspects négatifs de notre sport, au détriment des efforts louables en faveur du bien-être animal et de l’éthique équestre. En outre, certains cavaliers n’hésitent pas à critiquer leurs pairs par pure malveillance, jalousie ou pour attirer l’attention, contribuant ainsi à alimenter cette tendance médiatique néfaste. Cela créée une image tronquée de l’équitation, renforçant les stéréotypes négatifs associés à notre communauté.

Les tendances extrêmes dans la pratique équestre :

L’équitation, en tant qu’art et sport, possède une riche histoire remontant à des millénaires. Des maîtres équestres tels que Xénophon ont depuis longtemps prôné des méthodes douces et respectueuses envers les chevaux, soulignant l’importance de maintenir une communication subtile et une liberté de mouvement pour les animaux. Malgré ces enseignements ancestraux, il est troublant de constater que certaines pratiques dommageables persistent encore aujourd’hui. Des mesures pour réguler l’encapuchonnement et l’utilisation de muserolles serrées ont été mises en place tardivement par les instances équestres internationales, soulevant des interrogations sur les raisons de ce retard et sur l’évolution de notre discipline dans la société moderne. Il est impératif que les cavaliers et les entraîneurs reconnaissent les dangers de ces pratiques et adoptent des méthodes plus respectueuses et éthiques envers leurs partenaires équins.



“Il est impératif que les juges et les officiels agissent de manière impartiale”

La complaisance des juges et des officiels :

Malheureusement, certains juges et officiels font preuve de complaisance en fermant les yeux sur les abus et les pratiques dommageables, par peur de compromettre leur position ou leurs relations avec les compétiteurs et les organisateurs. Cette complaisance mine l’intégrité de notre sport et compromet les normes éthiques que nous devrions tous chercher à maintenir. Il est impératif que les juges et les officiels agissent de manière impartiale et fassent respecter les règles et les normes éthiques de manière cohérente et équitable.

Les lacunes dans les réglementations des fédérations :

Malgré les enseignements des grands maîtres de l’équitation classique, il est déconcertant de constater que les réglementations visant à protéger le bien-être des chevaux n’ont été mises en place que récemment par les fédérations équestres nationales ou internationale. Cette situation peut être attribuée à plusieurs facteurs, notamment un manque de sensibilisation et d’éducation sur les pratiques éthiques en équitation, ainsi que des pressions politiques et économiques au sein de la communauté équestre. La Fédération équestre internationale est dirigée par des gestionnaires, dont aucun n’a fait ses preuves en tant qu’Homme de cheval… De plus, les avancées dans les sciences du comportement animal et la recherche sur le bien-être équin ont peut-être contribué à une meilleure compréhension des besoins des chevaux, incitant ainsi les autorités équestres à agir.

La démocratisation de l’équitation et ses impacts :

Au cours des dernières décennies, l’équitation s’est considérablement démocratisée, attirant un public plus large et diversifié. Cette démocratisation a conduit à une vulgarisation de l’équitation, avec un accent souvent mis sur la performance et la compétition au détriment du bien-être animal. De plus, la formation des enseignants en équitation a parfois été négligée au profit de l’accessibilité et de la rentabilité. Il est essentiel de reconnaître l’importance d’une formation adéquate et continue pour les instructeurs d’équitation, afin de garantir des normes élevées de compétence et d’éthique dans l’enseignement de l’équitation. Les fédérations doivent encourager et soutenir les initiatives visant à promouvoir une équitation respectueuse et éthique à tous les niveaux de la compétition.



En conclusion, notre engagement envers une équitation respectueuse du bien-être animal est plus crucial que jamais. Face aux défis présentés par les comportements irresponsables, l’ego surdimensionné, la couverture médiatique sensationnaliste, les tendances extrêmes, la complaisance des juges et officiels, ainsi que les lacunes dans les réglementations, il est impératif que nous agissions collectivement pour transformer nos sports équestres. En favorisant une culture de respect mutuel entre cavaliers et chevaux, en condamnant fermement les pratiques dommageables, et en promouvant une équitation éthique à tous les niveaux, nous pouvons forger un avenir durable pour notre discipline bien-aimée. Il est temps de revenir aux racines de l’équitation classique, en embrassant les principes de respect, de douceur et de communication subtile avec nos compagnons équins. Les règlements récemment introduits par la FEI marquent un premier pas, mais il reste encore beaucoup à faire pour établir des normes éthiques élevées dans nos sports équestres. En partageant nos opinions de manière constructive, en encourageant le dialogue et en cultivant la passion pour l’évolution positive, nous pouvons construire une communauté équestre plus forte et plus éthique pour les générations à venir. 

Sportivement vôtre,

Éric