Steve Guerdat et Dynamix de Bélhème signent un galop d’essai des plus concluants en vue de Paris 2024
Steve Guerdat et Dynamix de Bélhème ont remporté leur premier Grand Prix de niveau 5* cet après-midi à Fontainebleau, où le Printemps des sports équestres s’est achevé en apothéose devant bien plus de dix mille spectateurs. Au terme d’un barrage à trois, consécutif à un tour initial haletant, le Suisse et sa Selle Français, sacrés champions d’Europe l’été dernier à Milan, ont devancé d’un peu plus d’une demi-seconde Aurélien Leroy, deuxième sur Croqsel de Blaignac, et d’un peu plus de trois secondes Jennifer Hochstadter, la cavalière du Lichtenstein, troisième avec Golden Lady.
Répétition générale en vue des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, dont GL events Equestrian Sport mettra en œuvre les épreuves de saut d’obstacles, concours complet, dressage, para-dressage et pentathlon moderne, le cru 2024 du Printemps des sports équestres fut un galop d’essai réussi. Réussi, d’abord, pour les équipes de Sylvie Robert et toutes les personnes impliquées dans l’organisation de l’événement, qui officieront pour nombre d’entre elle au stade équestre éphémère créé dans les jardins du château de Versailles. Même si certaines journées ont été longues, tout s’est déroulé sans le moindre couac, ce que tous les protagonistes ont salué, goûtant leur privilège d’avoir pris part à cet événement majeur.
Des “JO blancs” réussis également pour le duo olympique de chefs de piste formé par l’Espagnol Santiago Varela Ullastres et le Lorrain Grégory Bodo, auteurs d’un parcours digne d’un beau Grand Prix CSIO 5*. On y trouvait une première ligne délicate ouverte par des barres de Spa et conclue par un double vertical-oxer, puis une rivière modérément longue mais à aborder après un virage à 180°, et, un peu plus loin, un triple oxer-vertical sur bidet-vertical assez court et à sauter après un virage à 180° dans l’autre sens, puis encore un mur à la sortie d’une courbe à 270° et enfin quelques gros obstacles posant a priori moins de questions techniques aux cavaliers, tout de même appelés à la vigilance sur la palanque du vertical 14. Pour s’en sortir sans encombre, il leur fallait notamment soigner leur tracé, sans prendre les boulevards, et veiller à conserver l’équilibre et l’impulsion de leur partenaire. Quatorze obstacles et dix-sept efforts répartis dans presque toutes les zones de la désormais immense Carrière des Princes (100 x 80m), autour de laquelle étaient massées bien plus de dix mille personnes, sans compter celles, très nombreuses aussi, qui suivaient le Grand Prix CSI 2* de la Laiterie de Montaigu sur le Petit Parquet.
Des fortunes diverses pour les Français
La finale individuelle de Versailles sera encore plus épaisse et technique, à n’en pas douter, mais à un peu plus de trois moins de ce point d’orge de l’année, nombre des couples, y compris certains candidats à une sélection olympique, ont péché sur ce parcours. Ainsi, on a compté six abandons, dont ceux des Français Julien Anquetin et Antoine Ermann avec Z Ice Cube et Comic Star, et une élimination, liée à la chute dans le triple d’Alexa Ferrer, dont la partenaire, Vitalhorse Naïade d’Elsendam, a sauté la sortie toute seule comme une grande avant de se diriger au galop vers l’entrée de piste. Plus de peur que de mal a priori pour les deux protagonistes. On a encore compté dix parcours sanctionnés de dix points ou plus, dont celui de Mégane Moissonnier et Bracadabra, quatorze tours à huit points, dont celui de Philippe Rozier et Le Coultre du Muze et ceux de Kevin Staut, Simon Delestre et Marc Dilasser associés à Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie, Cayman Jolly Jumper et Arioto*du Gèvres, tous trois listés À Cheval pour Paris.
Plus haut dans le classement, on trouve douze prestations à quatre points, dont trois non classés. Cirons celles de Julien Gonin, légèrement pénalisé sur la sortie du double avec une Valou du Lys aérienne, et d’Olivier Perreau, dont les ordres à l’abord de la rivière n’ont pas été compris par Dorai d’Aiguilly*GL events, partie une foulée trop tôt, avant de retrouver un calme olympien. Dans le wagon des classés, on mentionnera Jeanne Sadran, onzième, qui regrette forcément sa faute sur le 1 avec un Vannan des grands jours, Nicolas Layec, dixième sur Bulgarie d’Engandou, fautive sur le vertical 3 situé face à un grand écran, mais aussi le Suisse Pius Schwizer, neuvième sur Scarlina de Tiji, déjà victorieuse 1,50m hier matin, la Grecque Ioli Mytilineou, huitième avec son génial Levis de Muze, le Belge Grégory Wathelet, septième sur le sculptural Bond JamesBond de Hay, qui a sauté sans émotion la rivière, certes moins impressionnante que celle d’Ocala, qui l’avait effrayée il y a un mois, l’Irlandais Denis Lynch, sixième sur le puissant Brooklyn Heights, et Julien Épaillard, cinquième sur un excellent Donatello d’Auge, qui n’a cédé qu’au milieu du triple. Enfin, quatre-vingt-dix-huit centièmes de seconde ont privé de barrage le Belge Koen Vereecke, quatrième avec Lector van den Bisschop.
Chapeau Jennifer Hochstadter, Aurélien Leroy et Steve Guerdat
On l’aura compris, il n’y a eu que trois sans-faute, réitérés lors de la finale au chronomètre. On aurait aimé en voir trois de plus pour prolonger un peu le sincère plaisir qu’a procuré ce Grand Prix GL events, mais au moins on n’a pas attendu le barrage pour frissonner – et c’est tant mieux! Comme l’a dit Steve Guerdat en conférence de presse, on aurait aussi préféré voir cette épreuve de référence se disputer le Terrain d’honneur en herbe, même s’il a été aplani de façon spectaculaire, mais il faudra pour cela attendre l’édition 2025 – Sylvie Robert s’y est engagée et on lui fait confiance – le temps que soit aménagé un système de subirrigation, puis disposée une couche de sable fibrée, où une herbe nouvelle prendra solidement racine, comme à Valkenswaard, Wolvertem et ailleurs.
Héroïque au tour initial avec sa Golden Lady, Jennifer Hochstadter, la Jeune Cavalière du Lichtenstein, n’a pas pris tous les risques, mais elle a bouclé avec conviction un double sans-faute mérité et ô combien rafraîchissant, avant de célébrer les qualités manifestes de sa jument olympique, qui avait concouru à Tokyo en 2021 avec le Marocain Ali al-Ahrach. Aurélien Leroy, auteur d’un tour initial de toute beauté avec Croqsel de Blaignac, a plus franchement tenté sa chance, et coupé la ligne d’arrivée vingt-sept dixièmes de seconde plus vite que sa rivale de vingt ans. Dernier à revenir en piste, Steve Guerdat a fait mieux encore, sans pourtant forcer le talent colossal de sa géniale Dynamix de Bélhème. À l’arrivée, les champions d’Europe se sont imposés avec un peu plus de six dixièmes d’avance sur le Toulousain, ravissant le public bellifontain, qui n’est pas près d’oublier cette grande et belle après-midi printanière. Comme pour les équipes de GL events et le binôme de chefs de pistes, ce premier galop d’essai en vue de Paris 2024 fut des plus concluants pour le Jurassien et sa Selle Français de onze ans, vainqueurs ici de leur premier Grand Prix de niveau 5* et qui figurent très haut sur la liste des favoris à l’or olympique tant convoité.