Patrik Kittel et Daniel Bachmann Andersen gagnent à Compiègne, où deux Français montent sur le podium

“Ils ont comblé nos espoirs et nos attentes”, disait déjà Anne-Mette Binder, la chef d’équipe danoise, à propos de Daniel Bachmann Andersen et Vayron après leur deuxième place dans le Grand Prix du CDIO 5* hier (le compte-rendu de l’épreuve et la réaction du Scandinave sont disponibles ici). Aujourd’hui, le couple a sans doute de nouveau marqué des points auprès de celle qui est également une grande juge de concours complet en vue d’une sélection olympique, puisqu’il s’est imposé dans le Spécial de l’Officiel de France de dressage. Si l’immense fils de Vitalis a semblé peut-être un tout petit peu moins à son affaire ce dimanche que samedi, il n’en a pas moins livré un travail au trot marqué par une très bonne cadence ainsi que beaucoup d’amplitude et d’élasticité. La sortie de son premier piaffer n’a en revanche pas vraiment été idéale, mais très intelligemment montée par l’ancien cavalier des écuries Blue Hors, qui est sorti de piste avec un score de 75,915%.

Celui-ci lui a permis de devancer la Britannique Bekcy Moddy et son Jagerbomb. Présenté dans une belle attitude et travaillant toujours ou presque de manière juste, le fils de Dante Weltino marquerait sans doute plus de points encore s’il se montrait un peu plus énergique. Il a tout de même été évalué à 74,298% et semble, lui aussi, être un candidat potentiel pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Le podium a été complété par Carina Cassøe Krüth et Heiline’s Danciera, qui avaient remporté ce même Spécial l’an dernier. La superbe fille de Fürstenball est toujours très énergique et élégante, mais a perdu bon nombre de points avec ses piaffers peu enlevés et, surtout, pas toujours bien diagonalisés. Elle a obtenu une moyenne de 73,745%.

Le Grand Prix Libre, dont le coup d’envoi a été donné à 13h00 dans l’Oise, a été marqué par l’élimination de Frederic Wandres et Duke of Britain, vainqueurs du Grand Prix d’hier et favoris à la victoire dans cette seconde épreuve. Après que le hongre de dix-sept ans a notamment présenté de très beaux piaffers, le président du jury, Raphaël Saleh, a en effet dû actionner sa cloche et interrompre la présentation du couple après avoir repéré une minuscule trace de sang dans la bouche de l’alezan. Selon son cavalier, qui s’est exprimé par la suite sur les réseaux sociaux, le fils de Dimaggio s’est “un tout petit peu mordu la langue”. L’élimination du duo semblait pouvoir profiter à Nanna Skodborg Merrald et Blue Hors St. Schufro, qui n’était plus sorti en compétition depuis septembre 2023. La Danoise a toutefois laissé échapper de nombreux points dans sa ligne de changement de pied au temps, où elle a semblé perdre quelques instants le contrôle de son étalon. Abaissant grandement ses hanches dans les piaffers et les pirouettes, le fils de St. Moritz Junior a en revanche parfois eu un peu de mal à garder le rythme du galop dans ces dernières. Avec 76,470%, il a terminé quatrième.

C’est un autre étalon, plus jeune celui-ci, qui s’est finalement imposé, à savoir Jovian. Associé à Patrik Kittel depuis quelques mois seulement, l’ancienne monture d’Andreas Helgstrand a nettement progressé ces derniers temps, notamment dans le passage, où il e se montre beaucoup plus rassemblé. Extrêmement élastique et énergique, le fils d’Apache présente en revanche des piaffers pas encore vraiment aboutis. Ayant marqué de nombreux points dans les trots allongés, les appuyers au trot ou encore le galop allongé, le KWPN de dix ans est sorti de piste avec un score de 80,690% pour sa toute première Libre avec Patrik Kittel. “Je suis vraiment très très heureux de m’imposer une fois encore à Compiègne”, s’est réjoui le récent vainqueur de la finale de la Coupe du monde, qui a présenté sa reprise avec un arrangement de musiques de U2 spécialement conçu pour Jovian et qui lui correspond très bien. “Mon cheval est vraiment génial. Je ne le monte pas depuis très longtemps puisque c’est seulement notre troisième concours international. Il y a encore quelques points à travailler mais je suis très content. Je suis souvent venu à Compiègne et c’est vraiment mon concours préféré car il y règne une atmosphère très spéciale. La montée en puissance du dressage français semble donner encore plus d’envergure et d’enthousiasme à cet événement. Je suis ravi!”

Deux Français sur le podium de la Libre!

La montée en puissance du dressage français, qui s’est notamment concrétisée l’an passé par une sixième place collective aux Européens de Riesenbeck, a justement de nouveau été perceptible aujourd’hui, puisque deux Tricolores sont montés sur le podium de la Libre! Cheffe de file actuelle du dressage tricolore, l’écuyère du Cadre Noir Pauline Basquin a dépassé la barre des 80% pour la troisième fois dans un Grand Prix Libre avec son fidèle Sertorius de Rima*IFCE, et ce malgré un tout petit accrochage dans les changements de pied au temps. Le fils de Sandro Hit a notamment, et comme souvent, séduit grâce à son passage élégant, élastique et léger, mais a aussi obtenu un 8 pour ses changements de pied aux deux temps. Il a permis à sa fidèle cavalière, dont l’équitation harmonieuse plaît également beaucoup, d’obtenir 80,290% et de n’être ainsi devancé que de 0,4 point de pourcentage par Patrik Kittel. “Mon cheval était un petit peu fatigué, mais il a été porté par le public et j’ai eu l’impression qu’il prenait dix centimètres en passant devant les tribunes”, a notamment déclaré Pauline Basquin, dont la réaction complète sera disponible tout bientôt sur GRANDPRIX.info. 

Corentin Pottier, lui, a réalisé deux lignes de changements de pied au temps franchement fautives avec Gotilas du Feuillard, pourtant plutôt habitué à très bien réaliser ce mouvement. Le cavalier de Pamfou Dressage, qui était revenu pour GRANDPRIX sur sa bonne performance dans le Grand Prix compiégnois, a en revanche obtenu de belles notes dans les changements aux deux temps notamment, et est sorti de piste avec 76,740%. “C’est fou”, s’est-il exclamé. “Je n’aurais pas dû être là (initialement non sélectionné pour ce CDIO 5*, l’athlète a finalement intégré l’équipe de France en raison du forfait de Morgan Barbançon Mestre, qui a été récemment suspendue par l’Agence française de lutte contre le dopage, ndlr), et le week-end se conclut avec un podium pour l’équipe et un pour moi dans le Libre. C’était un peu inespéré, surtout avec le plateau qui était présent. Cela n’a pas été la reprise la plus facile que j’aie montée car mon cheval était un peu chaud. L’avantage d’avoir maintenant beaucoup de concours derrière nous, c’est que même dans ces moments-là, nous pouvons arriver à produire une performance comme celle d’aujourd’hui. Le résultat collectif est aussi super. C’est  le résultat de deux ou trois grosses années de travail pour tous.” Dernier Tricolore engagé, Alexandre Ayache a terminé sixième aux rênes de Holmevangs Jolene. Déroulant, comme Corentin Pottier, un nouveau programme libre qu’il n’avait jusqu’ici présenté qu’au CDI 5* de Fontainebleau, le cavalier du Sud de la France a notamment très bien réussi sa transition piaffer-galop, mais a en revanche connu des difficultés dans les changements de pied au temps. “Le bilan de ce concours est plutôt positif, puisque nous avons vu des bons chevaux et de la belle équitation”, a résumé Raphaël Saleh, président du jury de ce CDIO 5* et également futur président de celui des Jeux olympiques. “Nous avions un beau plateau de cavaliers et je crois que c’est une chance de pouvoir voir cela chez nous, dans l’Hexagone. Je suis, par ailleurs, ravi pour les Français, qui ont bien monté tous les trois. Je trouve qu’ils progressent et présentent une belle équitation, qui va dans la direction de ce que l’on veut voir.”

Les résultats
Toutes les épreuves du CDIO 5* de Compiègne sont disponibles à la demande sur ClipMyHorse.tv, où elles ont été commentées par Odile van Doorn