Julien Épaillard, de Cancun à Cabourg
Malgré un plateau très fourni – soixante-quatorze couples au départ! -, il semblait assez évident que le Normand Julien Épaillard partait avec le statut d’ultra favori dans le Grand Prix des haras normands, une épreuve à 1,45m synonyme de premier état des lieux du week-end en vue du Grand Prix dominical. Associé à Cancun Torel Z, le numéro quatre mondial a devancé de pile deux secondes le Luxembourgeois Victor Bettendorf, tandis que le Belge Constant Van Paesschen a terminé troisième. Le tout sous un soleil (enfin!) estival.
Pour ce traditionnel Cabourg Classic, le soleil a choisi de s’installer durablement sur la côte fleurie, motivant des centaines de visiteurs à venir encourager les cavaliers et chevaux engagés. Le plateau offert était à la hauteur des espoirs des spectateurs, avec en guise de star du moment un certain...Julien Epaillard! Venu en voisin, l’actuel numéro quatre mondial montait pour l’occasion Cancun Torel Z dans le Grand Prix des haras normands à 1,45m, première épreuve phare du week-end du CSI 3*. “À côté de la maison, avec le confort de boxes en dur pour les chevaux, le lieu est chouette, les conditions sont bonnes... C’est un week-end un peu tranquille”, avoue-t-il. Engagé avec deux chevaux, il a choisi sa bonne fille de Cosinhus, récemment gagnante d’une épreuve au CSI 3* de Compiègne, pour tenter de se qualifier pour le Grand Prix CWD de la Ville de Cabourg programmé dimanche après-midi. Ce fut une formalité. “Cancun est compétitive jusqu’en épreuves 1,50m/1,55m”, dit-il. “Elle courra le Grand Prix dimanche. C’est un super deuxième cheval en CSI 5*, et même un premier en CSI 3* et 4*.”
Le parcours du couple, tout en fluidité et en rapidité, fut un exemple difficile à imiter. Seul le Luxembourgeois Victor Bettendorf parvint à s’approcher du leader français associé à Big Star des Forêts (SF, Untouchable M)... mais il resta à deux secondes de distance tout de même! La jument née chez Fabrice Paris n’est autre qu’une fille de la célèbre Licorne des Forêts (SF, Voltaire), qui donna tant de performeurs au Manchois. Le duo fut le seul autre à passer sous les soixante secondes de cette épreuve au barème A au chronomètre. Le Belge Constant Van Paesschen est parvenu à se hisser au troisième rang avec l’imposant Karnak du Roset CH (CH, Kannan). De retour du Longines Global Champions Tour de Shangaï, Julien Anquetin ressort ce week-end le bon Gravity of Greenhill. Force est de constater que le fils de Nabab de Rêve en a encore sous le sabot malgré ses dix-huit ans! Le couple a fini cinquième, juste derrière Titouan Schumacher sur Illusion (KWPN, Balou du Rouet). Pénélope Leprévost (Djagger de Semilly), Cian O’Connor (Eve d’Ouilly) et Alexandra Ledermann (Requiem de Talma) complètent ce top 8. Coup de chapeau à la médaillée de bronze d’Atlanta pour présenter son cheval de cœur dans une forme olympique à l’âge vénérable de dix-neuf ans…!
“Tout le monde parle un peu trop de Paris”, Julien Épaillard
C’est dans une ambiance détendue que Julien Epaillard attendait tranquillement la remise des prix. Qualifié pour le Grand Prix de dimanche où il alignera Cancun Torel Z, il prévoit de monter son second cheval Dante d’Auge (SF, Safari d’Auge) dans la grosse épreuve de vendredi, Prix Jones TP du Département du Calvados. “Il était un peu monté par mon épouse, puis par mon fils, et je l’ai récupéré il y a peu de temps. Je prends mes marques avec lui, et c’est pour ça que je le monterai dans la 1,50m demain”. Après un premier trimestre bien rempli, le Normand profite d’un peu de répit sur ses terres. “Je revois des gens que je connais, les conditions sont bonnes pour les chevaux et les cavaliers, mon épouse, mon fils et mon cavalier montent aussi ici, donc ça donne un petit week-end sympa près de chez nous.” Clairement annoncé comme le favori, Julien Épaillard n’en garde pas moins la tête froide. “Il faut profiter de la forme du moment, car la roue tourne vite avec les chevaux. J’ai la chance d’avoir des chevaux compétitifs en ce moment, même si demain je ne partirai pas favori avec Dante. Les combinaisons me posent encore problème, le cheval se contracte un peu, j’espère qu’il va se relâcher au fur et à mesure. Le maître mot reste ‘on profite’ et nous verrons bien ce qu’il se passe ensuite.”
Sous les feux des projecteurs, notamment par son statut de pilier incontournable de l’équipe de France en vue des Jeux olympiques de Paris, il essaie de garder les pieds sur terre. “C’est vrai que pour l’instant, tout le monde parle de Paris... et même un peu trop à mon goût (rires). C’est LE sujet de discussion. Nous mettons toutes les chances de notre côté pour avoir des chevaux en forme pour Paris. Après, il faut rester à l’écoute des chevaux, leur établir un programme personnalisé, avoir un plan B si un cheval baisse un peu de forme, ou est un peu trop frais. Je prépare pour cela deux chevaux de tête; même si l’idée de base est d’envoyer Dubaï du Cèdre, je garde Donatello sous le coude en cas de problème. C’est l’objectif, mais je ne veux pas être obnubilé par ça. Je veux écouter mes chevaux au quotidien et faire à leur rythme pour arriver le 1er août en pleine forme.”
Étape du Normandy Summer Tour, le Cabourg Classic ouvre la saison estivale dans la région, un concept novateur salué par le vainqueur du jour. “C’est une bonne idée d’amener de la dynamique dans la région. Certains cavaliers peuvent être intéressés par ce type de tournée. C’est la bonne époque dans notre région. En plus, nous avons la chance de disposer d’excellentes infrastructures au Pin, à Deauville, ici. Que la filière équine et notre élevage soient valorisés vis-à-vis d’un public étranger, c’est positif.” Autre challenge, celui du Haras d’Authuit, partenaire d’un trophée portant sur Cabourg Classic et le Longines Deauville Classic, programmé juste après les Jeux. “Soit on fêtera quelque chose, soit on se consolera; dans les deux cas, je serai de la partie car ce sont de chouettes concours. C’est une initiative généreuse de la part du Haras d’Authuit que d’offrir un poulain au vainqueur. Nous allons déjà voir ce que je fais dimanche dans le Grand Prix!”