L’ambitieuse équipe de France poursuit sa reconstruction en vue des Mondiaux de Berne
Après sa belle victoire au CVI 3* de Saumur il y a tout juste deux mois, l’équipe de France de voltige poursuit ce week-end à Lierre sa préparation en vue des championnats d’Europe, prévus mi-juillet à Berne. Après une année de pause en 2023, les vice-champions du monde de 2022 entendent revenir sur le devant de la scène avec un collectif renouvelé autour d’Orlof de Condé, sous la houlette de Manon Moutinho, sélectionneuse nationale.
Manon Moutinho ne le cache pas, le retour d’une équipe de France en voltige est le fruit d’une “volonté commune de l’encadrement fédéral et des athlètes, notamment de Lambert (Leclezio, multimédaillé en individuel et en équipe, ndlr), qui avait arrêté sa carrière individuelle et avait le souhait de reprendre dans le cadre d’une équipe”. En 2024, le collectif France, médaillé d’argent aux Mondiaux de 2022 à Herning et mis en pause en 2023, est composé de Zoé da Silva, Ruben Delaunay, Louis Dumont, Théo Gardies, Dorian Terrier et donc de Lambert Leclezio.
Chef de file naturel de cette équipe, le Mauricien de naissance, sacré champion du monde individuel en 2018 à Tryon et en 2022 au Danemark et considéré par certains comme le plus grand voltigeur équestre de tous les temps, a favorisé une organisation plus fluide que par le passé. “Nous avons misé sur des athlètes déjà membres au Pôle France FFE de Saumur, afin que les entraînements se mettent en place à un rythme hebdomadaire et plus facilement qu’en 2022 où les équipiers étaient éparpillés entre Saumur, Paris et Strasbourg. L’encadrement fédéral a mené des entretiens et cette nouvelle équipe est née. Quant à moi, j’avais envie d’y participer et j’ai été inclus!”
Lambert évoque l’hésitation de Ruben Delaunay, qui a dû choisir entre poursuivre sa carrière individuelle sur Orlof de Condé (BWP, Lord Leopold x Flemmingh), longé par Yannick Kersulec, avec lequel il a été sacré champion d’Europe Jeunes Voltigeurs en 2022, ou la mettre provisoirement entre parenthèses pour servir l’équipe… Le bai étant stationné à deux heures et demie de route, chez ses propriétaires, Cécile et Yannick Kersulec, à Hérouville-Saint-Clair, près de Caen en Normandie, les voltigeurs travaillent avec lui à raison de quatre à cinq entraînements mensuels. “Cela étant, nous sommes une équipe expérimentée”, rappelle Lambert Leclezio. “Avec un cheval qui va bien, les individuels s’entraînent sur leurs chevaux habituels, pour les imposés notamment, et il s’agit ensuite d’appliquer sur Orlof! D’ailleurs, nous nous entraînons autrement au Pôle, avec du travail en salle, des répétitions du programme et du travail sur le simulateur.”
Parmi le vivier de neuf voltigeurs établis dans le Saumurois, certains ont préféré de ne pas se joindre cette année au collectif. Ainsi Quentin Jabet, vice-champion du monde individuel à Herning en 2022, a logiquement choisi de se concentrer sur sa carrière individuelle et de commencer à travailler sur d’autres projets. Selon Lambert Leclezio, la décision de refonder un collectif est également née d’un changement majeur dans le règlement international de la discipline: “On n’oblige plus les équipes à présenter des blocs à trois voltigeurs pour avoir la meilleure note possible. Nous avons été vraiment motivés par l’idée de proposer un projet adapté, avec un cheval qui serait fiable uniquement avec des prestations individuelles et des pas de deux.” Une évolution allant dans le sens d’une meilleure prise en compte du bien-être équin, quelques chevaux d’équipes ayant montré un peu de peine lors des Mondiaux de 2022.
Un nouveau programme Libre, ambitieux et respectueux
“Nous avons conçu notre programme Libre en essayant de nous adapter le plus possible à Orlof, à ses facilités et à ce qui ne lui pose absolument aucun problème sur certains appuis, et donc en supprimant ce qui pouvait le déranger”, reprend Lambert Leclezio. “Pour ainsi dire, nous avons essayé de construire notre danse autour du respect de notre cheval.” Plus généralement, le champion des champions rappelle qu’il s’agit également de conjuguer les influences et la grâce de chacune des individualités avec le travail du chorégraphe fédéral, Romain Bernard, et l’apport de Manon Moutinho, sélectionneuse nationale, pour l’aspect plus technique. “Il n’y a pas de recette miracle”, prend-il soin de rappeler. “Nous travaillons tous ensemble à l’élaboration de ce programme pour être les meilleurs possibles cet été. Et pour cause, c’est en acquérant une routine, tendant vers la meilleure stabilité possible, avec des automatismes bien ancrés, que nous serons les plus performants. C’est le chemin que nous nous sommes tracé.”
Le thème musical de la présentation a été sélectionné collégialement par les athlètes et les encadrants, tout comme la chorégraphie et l’univers en général. “Le fil directeur du Libre a été constitué par la volonté de proposer quelque chose de novateur et de différent des autres”, explique la sélectionneuse nationale, rappelant d’ailleurs la difficulté à trouver un consensus au niveau musical. “Ç’a été un peu difficile”, sourit-elle “de trouver une musique plaisant à tout le monde! Nous avons tranché sur un thème très porteur, mais aussi très zen qui met l’équipe dans le confort.” Mention spéciale à Ruben Delaunay qui a découvert le titre “Harm”, produit par Beacon, un duo de compositeur new-yorkais méconnus mais ô combien talentueux.
La montée en puissance jusqu’aux Mondiaux de Berne
La force du groupe France réside dans “la vraie connexion humaine entre ses membres: il fonctionne, car il y a un lien social et humain. Ils sont tous amis dans la vie, et cela leur est très utile!”. Zoé da Silva, dernière recrue au sein du collectif, en témoigne: “Je me suis facilement intégrée, parce que nous avons une bonne communication, avec des échanges simples entre nous. J’ai aussi bénéficié de conseils des autres membres. J’avais une expérience très limitée en équipe, et j’étais vraiment contente de participer à cette aventure, car le collectif m’intéressait beaucoup. Même si j’aime vraiment voltiger seule, j’avais vraiment envie de me lancer, de concourir dans ce type d’épreuve, parce qu’il y a la cohésion. C’est une autre façon de vivre la discipline, au sein de laquelle j’ai vite trouvé mes marques.”
Lambert Leclezio rappelle aussi que ce collectif “est constitué de partenaires compétents, avec un projet soutenu par l’ensemble de l’encadrement et plus généralement par la Fédération française d’équitation. De plus, nous disposons d’un cheval très fiable, peu impressionnable, ce qui constituera une vraie force dans une atmosphère comme celle de Berne. Et bien entendu, nous avons aussi des athlètes qui ont l’habitude de gérer la pression, tant en individuel qu’en équipe. Nous savons donc que l’équipe est solide!”
À ce jour, les principaux rivaux des vice-champions du monde en titre sont les collectifs formés par les nations germaniques, Allemagne, Autriche et Suisse, généralement très affûtés. L’escouade tricolore se présente ce week-end à Lierre, en Belgique, afin d’affiner sa préparation, travailler sur les détails qui font la différence, et étrenner ses nouveaux costumes. En fonction de leur réussite et de la forme de chacun, le collectif pourrait aussi se produire au CVIO 4* d’Aix-La-Chapelle, du 28 au 30 juin. Rien n’est confirmé à ce sujet, d’autant que le sommet allemand a lieu tout juste deux semaines avant le championnat du monde… Quant à la suite, les équipiers en causeront plus tard. “Pour 2025, tout dépendra de ce que tout le monde souhaitera après les Mondiaux. Nous écouterons la volonté des athlètes, sans laquelle rien n’est possible”, conclut Manon Moutinho.