Nicolas Sers, la révélation française du premier semestre

Tout juste sélectionné en équipe de France pour le CSIO 3*-W de Prague, du 26 au 30 juin prochain, Nicolas Sers se démarque de plus en plus sur les terrains de concours. Après avoir remporté une épreuve à 1,50m lors d’un CSI 3* disputé en avril à Oliva, Eleven de Riverland, son étalon Selle Français de dix ans, a enchaîné trois victoires fin mai au CSI 3* de Gassin, gagnant notamment un Grand Prix à 1,55m. Révélation française du premier semestre, le Corrézien de trente-quatre ans n’entend pas s’arrêter en si bon chemin.



Il y a deux semaines à Gassin, dans le Var, Nicolas Sers a mené quatre tours d’honneur en CSI 3*, dont trois avec son partenaire fétiche, Eleven de Riverland (SF, Kannan x Diamant de Semilly). Le Corrézien et l’étalon de dix ans ont remporté une épreuve en Deux Phases à 1,40m le jeudi, puis une Vitesse à 1,50m le vendredi, devançant notamment Roger-Yves Bost et Lucas Fournier, et surtout le Grand Prix à 1,55m le samedi. Un carton plein inédit pour un cavalier encore méconnu, au moins au nord de la Loire: “Je suis habitué à réussir de bons week-ends, mais j’évolue habituellement plutôt dans des concours nationaux. Jusque-là, je n’avais de chevaux pour m’illustrer en compétitions internationales.” 

Lors du Grand Prix, Nicolas Sers et Eleven de Riverland se sont payé le luxe de devancer Harold Boisset et T’Obetty du Domaine, qui forment l’un des couples les plus rapides à ce niveau. “Lors de la reconnaissance, le parcours n’avait pas l’air si compliqué, mais il s’est avéré beaucoup plus délicat lorsque nous avons vu les premiers couples s’élancer dans l’épreuve. Il y a eu beaucoup de fautes, notamment dans le triple. J’ai dû moi aussi m’employer, mais j’ai aimé la technicité de ce parcours.”



Eleven de Riverland, un cheval hors norme

Eleven, né à l’élevage du Riverland, au cœur de la Charente limousine, évolue sous la selle de Nicolas Sers depuis août 2023. “Il appartenait à un couple d’amis, Stéphanie Babu et Eduardo Blanco Martin, qui le montaient également. Sachant que j’avais envie de franchir le cap du haut niveau, ils m’ont proposé ce cheval, qui, selon eux, allait vraiment me correspondre pour évoluer à ce niveau. Alors, j’ai décidé de l’acheter sans même l’essayer!”. Eleven est un mâle au physique imposant, qui n’a pas beaucoup de défauts, selon son propriétaire: “Il est assez moderne, très respectueux et très compétitif. Il veut toujours aller chercher le sans-faute. Désormais, il nous reste à prendre de l’expérience afin de parvenir à performer plus régulièrement à ce niveau-là. Je pense qu’Eleven est capable de sauter n’importe quel Grand Prix sur la planète.”

Depuis sa première victoire à 1,45m, lors d’un CSI 3* disputé en décembre à Oliva, où il a aussi gagné à 1,50m en avril, le couple ne cesse de performer. Pour autant, rien n’a changé dans la gestion du jeune étalon, qui progresse et s’aguerrit à son rythme. “Nous avons eu la chance de pouvoir concourir tout l’automne et tout l’hiver sur de belles pistes, comme celle d’Oliva, ce qui a joué en notre faveur”, apprécie le cavalier. “Nous avons pu accéder à des épreuves à 1,50m, où le cheval a pu prendre de l’expérience, ce qui n’aurait pas été possible au printemps ou en été, où il aurait été presque impossible pour nous d’obtenir des sélections en CSI 3*.”

Pour épauler Eleven, le Corrézien dispose également d’Éclair de Brunel (SF, Quartz du Chanu x Calvaro). “Éclair arrive progressivement à maturité. Il a peut-être trois mois de retard sur Eleven en termes de travail, mais il va commencer à performer. En parallèle, j’ai quatre chevaux au travail qui concourent à un niveau plus bas, mais qui vont doucement rejoindre les autres.” Nicolas Sers a choisi de ne plus ferrer ses chevaux depuis une quinzaine d’années, mettant en avant leur bien-être. Toutefois, son choix de faire sauter Eleven sans protections aux antérieurs a pu questionner à Gassin. “Eleven s’est fait un hématome derrière le genou juste avant le Master Pro de Fontainebleau. Pour éviter de rajouter de la chaleur sur le tendon lorsqu’il saute, j’ai préféré lui retirer ses guêtres”, précise-t-il.



Un fonctionnement et une équitation toute en simplicité

Nicolas Sers possède de petites écuries localisées à Beaulieu-sur-Dordogne, dans le Limousin, où il travaille accompagné de son épouse. Plus de la moitié des chevaux qu’il monte en ce moment lui appartiennent. “Je ne fais pas de coaching. Je préfère essayer de découvrir des chevaux prometteurs à former avec l’objectif de les monter à un bon niveau, pour les commercialiser plus tard.” Le cavalier parvient majoritairement à gagner sa vie ainsi, complétant ses revenus avec ses gains remportés en compétitionAujourd’hui, c’est le commerce qui nous permet d’avancer un petit peu plus fort.” De fait, la construction sportive du trentenaire n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. “J’ai eu de gros soucis de santé il y a un peu plus d’une dizaine d’années”, se confie-t-il. “Je pense que c’est notre progression financière qui nous a surtout amenés là où nous en sommes. Compte tenu du prix des chevaux et des coûts liés de la compétition, il nous a fallu obtenir une capacité d’investissement plus élevée que celle dont nous disposions au départ. Chaque année, nous avons essayé de progresser en la matière, afin de pouvoir acquérir des chevaux capables d’assurer la relève de ceux que nous vendons et gagner en autonomie. Désormais, nous pouvons refuser de vendre un cheval comme Eleven pour espérer pouvoir concourir un petit peu en équipe de France.”



Un avenir prometteur

Appréciant les chemins parcourus par Julien Épaillard, Rogers-Yves Bost ou encore Julien Anquetin, Nicolas Sers nourrit de sérieux objectifs pour la suite de sa carrière. Sélectionné pour le CSIO 3*-W de Prague, du 27 au 30 juin en République tchèque, aux côtés de Fanny Guerdat Skalli, Xavier Hazebroucq, Victor Laudet, Robin Le Squeren, Alix Ragot et Lara Tryba, le Corrézien espère y représenter la France pour la première fois dans une Coupe des nations. “C’est une première sélection pour moi et je suis assez serein. L’équipe me semble être super sympathique, avec de bons cavaliers très compétitifs. Si j’en ai l’opportunité, j’aimerais intégrer l’équipe de France avec Eleven, qu’il saute très régulièrement en CSI 3* ou 4*, et pourquoi pas un peu plus haut. Je pense que c’est vraiment un cheval qui a la capacité de sauter des Grand Prix CSI 5*.” Le révélation française du premier semestre de cette année 2024 entend donc bien rester au cœur de l’actualité.



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