Les Américains éclipsent le reste du monde dans un très, très Grand Prix de La Baule
Kent Farrington a remporté le Grand Prix Rolex du CSIO 5* de La Baule, cet après-midi au stade François-André. En selle sur la véloce Greya, l’Américain a signé le plus rapide des quatre doubles sans-faute, battant de douze centièmes de seconde son compatriote Karl Cook, fabuleux deuxième sur Caracole de la Roque, et de près de quatre secondes le Belge Grégory Wathelet, troisième avec le surpuissant Bond JamesBond de Hay. Seul Français qualifié pour le barrage, Kevin Staut s’est classé dixième sur Visconti du Telman, fautive à deux reprises après un très bon tour initial.
De véritables montagnes russes! Voilà ce qu’a vécu Kent Farrington ce week-end à La Baule. Jeudi, l’Américain est tranquillement entré en matière avec Landon (ex-Crack de Nyze, Z, Comilfo Plus x Quadrillo) à 1,45m, avant de se classer septième à 1,50m avec Greya (ex-Contina 57, Old, Colestus x Contender). Vendredi, il a lancé dans le CSIO 5* la très bonne Toulayna van het Bloesemhof (Z, Toulon x Parco), son troisième cheval de tête, puis… il a subi deux refus inimaginables de Landon, son médaillé d’or par équipes et d’argent individuel des Jeux panaméricains de Santiago du Chili, devant l’entrée du double de verticaux en première manche de la Coupe des nations Barrière. Cette énorme désillusion, le “Kid de Chicago” l’explique par la très grande sensibilité de l’alezan, qui a dû prendre peur après un trop grand saut de rivière…
Hier, il s’est abstenu de Derby, mais il s’est classé sixième du très sélectif Prix Saur à 1,50m avec Toulayna, avant de… magistralement remporter le Grand Prix Rolex cet après-midi sur Greya, faisant preuve d’une solidité mentale à la hauteur du très grand champion qu’il est. “Notre sport est ainsi fait: nous concourons avec des êtres qui ont leur propre mode de pensée, et qui ne vont pas toujours dans le sens qu’on voudrait. Il faut vivre avec cela”, a philosophé l’ancien numéro un mondial, médaillé d’argent par équipes aux Jeux olympiques de Rio en 2016, et qui devrait renouer avec la grand-messe du sport dans quelques semaines à Paris, avec Greya évidemment.
Onze des cinquante couples au départ de ce superbe Grand Prix de France se sont qualifiés pour le barrage. Kevin Staut a été le seul Français à y parvenir, au mérite d’un très bon tour initial. Pour autant, les Bleus n’ont pas démérité, à l’image de François-Xavier Boudant et Olivier Perreau, fautifs respectivement à l’oxer 1 et à l’oxer 10 sur bidet avec Brazyl du Mézel et GL events Dorai d’Aiguilly, tous deux en lice pour une sélection aux JO de Paris. Quatre points aussi pour Mégane Moissonnier et Jeanne Sadran, battues l’une sur le 6a, défendant l’entrée du triple vertical-vertical-oxer, avec le très bon Bracadabra, et l’autre sur l’oxer 5 avec l’exceptionnel Dexter de Kerglenn. Deuxièmes vendredi de la Coupe des nations, Simon Delestre et Olivier Robert ont lâché cinq points avec I Amelusina 51 R et Iglesias DV, qui ont renversé respectivement l’étroit vertical 12 et le 13a, entrée du double oxer-vertical. Deux fautes ont sanctionné les parcours tout à fait correct de Marc Dilasser (Arioto*du Gèvres), Nicolas Layec (Bulgarie d’Engandou) et Philippe Rozier (Le Coultre de Muze). Ce fut plus dur pour Nicolas Delmotte, pénalisé de douze points sur Jordan Molga M, pour Julien Gonin, de dix-sept sur Caprice de Guinfard, et plus encore pour Philippe Léoni, Cédric Hurel et Pierre-Marie Friand, qui ont abandonné avec Miss Marie van’t Winnenhof, Fantasio Floreval et Urdy d’Astrée.
Énormes Karl Cook et Kent Farrington!
Ouvreur d’un barrage qui promettait un sport d’une rare qualité, Max Kühner a tout tenté sur Elektric Blue P, mais l’a payé de deux fautes sur le mur 3, antépénultième saut, et le dernier, le vertical 16. Très rapide, l’Autrichien s’est classé neuvième. Dans les trois minutes qui ont suivi, les deux Américains en lice, Karl Cook et Kent Farrington, ont offert au public, massé dans un stade François-André plein à craquer, ce qu’il était venu chercher: des émotions fortes. Le premier nommé, peut-être pas encore aussi habile que Julien Épaillard, qui l’avait précédé à la conduite de la prodigieuse Caracole de la Roque, a signé un barrage quasiment parfait, perdant uniquement un poil de temps à l’abord du mur, après une longue galopade. Il y a deux semaines à Rome, le Californien l’avait emporté. Cette fois, son audace et la fougue de la Selle Français n’ont pas suffi. Car Kent Farrington, empli de conviction et de confiance en sa jument et son équitation, a livré une prestation encore plus rapide et aboutie, sublime de fluidité même, sur Greya, qui a quelque chose de Gazelle ter Elzen, la meilleure jument que Kent ait jamais montée à ce jour. Cette fois, la messe était dite, en tout cas pour les deux premières places.
En voulant assurer un bon double sans-faute, Kevin Staut a renversé les deux éléments du triple réduit en double, finissant dixième sur Visconti. Martin Fuchs, qui aurait pu contester le doublé américain, n’a pas pu empêcher le prodigieux Leone Jei de pédaler dans l’oxer 15, avant-dernier effort du jour, se classant cinquième. La sortie de la combinaison a privé de double sans-faute l’Irlandais Shane Sweetnam et l’incroyable James Kann Cruz, septièmes. Grégory Wathelet a trouvé le bon compromis avec le superbe Bond JamesBond de Hay, qui a mérité sa troisième place. Deux fautes, dont une Georgette sur la sortie du double, ont cloué au onzième rang l’Espagnol Armando Trapote et le si bien nommé Tornado. Plus rapide que le Belge mais moins que les meilleurs d’aujourd’hui, Steve Guerdat s’est classé sixième avec sa championne d’Europe, la géniale Dynamix de Bélhème, le couple ayant fauté sur l’oxer 15. Parti avec de grandes intentions, le Belge Jérôme Guéry a imposé un gros effort à son puissant phœnix Quel Homme, fautif sur le mur et finalement huitième. À dix-huit ans, l’étalon a peut-être validé sa sélection olympique, tout comme Grégory Wathelet d’ailleurs. Pour le Suisse Pius Schwizer, ce n’est peut-être pas encore fait, mais son double sans-faute avec le pétillante Scarlina de Tiji, qui n’est pas sans rappeler sa géniale Carlina, lui a permis de se classer quatrième et de marquer des points aux yeux de l’encadrement fédéral suisse.
Ainsi s’est achevé ce merveilleux cru 2024. Et Pierre de Brissac, le président de la Société des concours hippiques de La Baule, n’a pas volé le mot de la fin: “Au début du concours, on a presque hâte d’être à la fin, en espérant que se passe pour le mieux, notamment pour nos athlètes. Et quand c’est fini, on est si triste de les voir partir qu’on aimerait prolonger encore un peu le plaisir.” Rendez-vous donc en 2025 pour cette très, très belle étape française de la Rolex Series.
Toutes les épreuves du Jumping international de La Baule sont à revoir sur GRANDPRIX.tv