“Nous entretenons une vraie relation de confiance avec nos athlètes”, Anne-Mette Binder

Juge de concours complet de niveau 4, Anne-Mette Binder officie cette semaine en cette qualité au CCI 5*-L de Luhmühlen, en Allemagne. La Danoise est aussi, et peut-être surtout, la cheffe d’équipe de son pays pour le dressage, et va avoir fort à faire à ce titre dans les prochaines semaines, la nation scandinave ayant des chances de médailles aux Jeux olympiques de Paris 2024 dans cette discipline. Rencontrée à Luhmühlen, elle donne des nouvelles de Mount St. John Freestyle, qui aurait dû participer au CDIO 5* de Rotterdam la semaine prochaine avec Cathrine Laudrup-Dufour mais en a été empêchée par une légère blessure. Anne-Mette Binder s’exprime également plus généralement sur le fonctionnement de l’équipe danoise et du processus de sélection olympique au sein de celle-ci.



Cette semaine, Anne-Mette Binder est la présidente du jury du CCI 5*-L de Luhmühlen, en Allemagne. Si elle ne jugera pas les reprises des complétistes aux Jeux olympiques de Paris, la Danoise y aura tout de même fort à faire d’ici un peu plus d’un mois, puisqu’elle s’y rendra en tant que cheffe de l’équipe danoise de dressage. Sacrée championne du monde à Herning, en 2022, puis médaillée de bronze à Riesenbeck l’an passé, celle-ci aura de vraies chances de médailles. Leader du collectif au drapeau rouge à la croix blanche pendant plusieurs années, Cathrine Laudrup-Dufour n’était pas présente pour défendre ses couleurs aux Européens l’an passé, puisqu’elle n’avait plus de monture prête pour une telle échéance. Cependant, à la fin de l’été dernier, l’ancienne partenaire de Cassidy a vu arriver dans ses écuries l’excellente Mount St. John Freestyle, double médaillée aux Jeux équestres mondiaux de Tryon en 2018 à seulement neuf ans sous la selle de Charlotte Dujardin. Ayant dépassé les 80% lors des quatre reprises qu’elles ont présentées en compétition internationale, et même été évaluées à 86,975% dans le Grand Prix Libre des championnats du Danemark, le 26 mai, Cathrine Laudrup-Dufour et la fille de Fidermark se sont imposées comme des candidates de choix pour une sélection olympique, et auraient dû être au départ du CDIO 5* de Rotterdam la semaine prochaine pour confirmer ce statut. 



Seulement voilà, le 9 juin, la cavalière a indiqué à nos confrères de Horse2Rider que sa jument “avait eu un petit accident au paddock, ce qui signifie qu’elle ne peut travailler que légèrement durant la prochaine semaine et ne sera pas au sommet de sa forme pour Rotterdam”, où Freestyle ne sera donc pas alignée. Gardant forcément un œil très attentif sur l’état de santé de l’Hanovrienne en tant que cheffe d’équipe danoise, Anne-Mette Binder a expliqué à GRANDPRIX, ce vendredi 14 juin, que “Freestyle va vraiment bien et revient au travail. Nous sommes en contact étroit avec Cathrine tous les jours ou presque pour être sûrs que la jument évolue bien, et qu’elle sera bientôt prête pour une nouvelle compétition”. Pour l’heure, et alors que les JO approchent très rapidement, puisque l’inspection des chevaux de dressage aura lieu le 29 juillet, “diverses options” sont évoquées par le staff danois, “mais rien n’est finalisé”. “Nous ne savons pas si son retour se fera à Aix-La-Chapelle (dont le CDIO 5* aura lieu du 3 au 7 juillet, ndlr), ou si nous allons faire un autre choix”, éclaircit Anne-Mette Binder. “Il faut tenir compte du fait que Cathrine est l’une des  cavalières les plus expérimentées du Danemark. Nous avons vu le couple qu’elle forme avec sa jument récemment, aux championnats nationaux, et nous savons ce dont elles sont capables. Nous ne nous inquiétons donc pas. D’ailleurs, si elle ne participe à aucun concours avant les JO, nous trouverons une autre manière de lui donner la possibilité de présenter une reprise”. 



Un fonctionnement personnalisé

La cheffe d’équipe danoise explique que l’encadrement fédéral du pays scandinave travaille “d’une manière très personnalisée” avec les cavaliers en lice pour une sélection en grand championnat, y compris lorsqu’il s’agit des Jeux olympiques. “Nous établissons un programme, c’est-à-dire que nous savons où nous aimerions voir les différents couples en action, et les athlètes le savent aussi. Cependant, nous laissons toujours de la place pour les aléas individuels. Par exemple, à l’origine, nous voulions voir tous les duos prétendants à une sélection olympique lors de nos championnats nationaux. Or, l’une de nos meilleures cavalières, Nanna Merrald (qui a tout récemment accordé une interview à GRANDPRIX, ndlr), avait le mariage de sa sœur ce week-end-là. Elle ne s’est donc pas rendue aux championnats, et a concouru à la place au CDI 3* de Hagen (où elle a obtenu 78,739% dans le Grand Prix, le 6 juin, aux rênes de Blue Hors Zepter, qui n’était plus sorti en compétition depuis le mois de décembre, avant de déclarer forfait pour le Spécial, ndlr) pour que nous fassions le point sur son entraînement. Nous sommes donc finalement assez flexibles! Nous sommes proches de nos athlètes et entretenons une vraie relation de confiance avec eux, donc nous cherchons ensemble et trouvons des solutions aux imprévus. Par ailleurs, nous essayons d’être avec les cavaliers à chaque fois qu’ils se déplacent en concours, que ce soit moi, nos conseillers techniques, nos vétérinaires ou d’autres membres du staff encore qui les accompagnions. L’idée est de leur offrir notre aide, notre assistance s’ils en ont besoin, mais aussi de leur enlever un maximum de pression et leur donner un reflet précis de leur état de forme lors de la compétition à laquelle ils participent.”



Les prochaines semaines s’annoncent cruciales pour l’équipe du Danemark, comme pour toutes les autres d’ailleurs. Anne-Mette Binder et l’encadrement fédéral du pays officialiseront leur sélection olympique juste après le CDIO 5* d’Aix-la-Chapelle, qui s’achève le 7 juillet alors que la date limite pour les engagements définitifs aux JO est fixée au lendemain. Le programme de l’escouade scandinave entre cette annonce tant attendue et le début des épreuves, quant à lui, est déjà fixé, mais reste, là-encore, assez flexible. “Nous passerons une journée ensemble le 22 juillet, où nos athlètes participeront à des activités diverses, comme du rafting ou des jeux variés, afin de développer la cohésion au sein du collectif”, précise la cheffe d’équipe. “Personnellement, j’arriverai en France dès le 24 juillet, car j’apprécie de connaître les lieux, de préparer ce dont mon équipe a besoin. Quant aux cavaliers, ils arriveront pour la plupart le lendemain, les chevaux pouvant s’installer dans les écuries à Versailles le 26”. Les Danois ne prévoient donc pas de se réunir en stage ou “camp d’entraînement” avant cette échéance majeure, “car nous nous voyons beaucoup et souvent”, explique Anne-Mette Binder, qui appuie par ailleurs sur le fait que les candidats à une sélection olympique suivent, dans son pays, une préparation personnelle avec leur entraîneur privé. “Nous apprécions de suivre le fonctionnement que nous mettons en place pour Paris quand les grands championnats se déroulent en Europe. Bien sûr, nos couples auront deux journées complètes de route pour venir à Versailles, et feront d’ailleurs halte à Riesenbeck ou Aix-la-Chapelle, à leur convenance. Le trajet et la logistique n’ont cependant rient à voir avec ceux d’un déplacement comme celui que nous avons effectué pour nous rendre aux Jeux de Tokyo, par exemple!” 



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