À quarante-deux jours du rendez-vous de l’année, les Bleus sont déjà au sommet à Rotterdam
Lors d’une étape de la Ligue des nations Longines au plateau plus relevé que jamais, les Bleus ont aujourd’hui tiré leur épingle du jeu, comptant sur Julien Épaillard, Simon Delestre, Kevin Staut et Olivier Perreau. Alors que les deux premiers ont testé leur plan “A bis”, Donatello d’Auge et I Amelusina R 51, le champion d’Europe de 2009 a permis à Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie de se faire remarquer, quand Dorai d’Aiguilly*GL Events a confirmé. Concurrentes de taille pour les JO, la Suède et la Grande-Bretagne ont complété le podium.
Dans quarante-deux jours, le coup d’envoi des épreuves de saut d’obstacles sera donné dans les jardins du château de Versailles, où les médailles d’équitation seront distribuées. Alors que la pression a doucement grimpé ces derniers mois, celle-ci s’est véritablement décuplée aujourd’hui à l’occasion de l’étape de la Ligue des nations Longines de Rotterdam, où dix des meilleurs nations au monde ont envoyé l’artillerie lourde. Les quarante couples au départ ont été scrutés de près par leurs chefs d’équipes respectifs, qui n’ont pas manqué de tirer des enseignements après les deux manches.
En ce qui le concerne, Henk Nooren est incontestablement un homme heureux ce soir. Chez lui, le chef de l’équipe de France a pu savourer sa première victoire sur le nouveau circuit de la Fédération équestre internationale (FEI), celui des Ligues des nations. Non qualifiée pour la deuxième manche à Abou Dabi, huitième à Ocala, et l’étape de Saint-Gall ayant été annulée, les Hommes d’Henk Nooren n’avaient pour l’heure pas brillé sur le circuit, risquant même de louper une qualification pour la finale barcelonaise. Grâce à une prestation impeccable aujourd’hui, le quatuor à la veste bleue a composté son ticket pour la Catalogne. Sur le plan individuel, certains ont quant à eux incontestablement validé leur billet pour Versailles.
Julien Épaillard et Simon Delestre présentaient cet après-midi leurs plans B, qui pourraient davantage être qualifiés de plans A bis, tant ils se sont montrés convaincants. Tantôt ouvreur, tantôt dernier à s’élancer, Donatello d’Auge a été impérial dans les deux manches, alors même qu’il portait le tapis de l’équipe de France pour la toute première fois. “Je suis très fier de mon cheval. Il avait jusqu’alors obtenu de fantastique résultats en Grands Prix, mais n’avait encore jamais pris part à une Coupe des nations. Par le passé, Donatello pouvait être un peu peureux les premiers jours, mais désormais, il peut affronter un gros parcours dès le deuxième jour de compétition. Cette épreuve a été une bonne expérience pour lui”, s’est réjoui le Calvadosien, dont la principale cartouche reste la formidable Dubaï du Cèdre, troisième des Européens et deuxième de la finale de la Coupe du monde Longines.
Pour son anniversaire, Simon Delestre s’est offert un beau cadeau avec un double zéro convaincant de I Amelusina R 51, le généreux alezan qui avait bouclé la Coupe des nations de La Baule avec cinq puis quatre points il y a tout juste deux semaines. Olivier Perreau et Dorai d’Aiguilly*GL Events ont quant à eux saisi leur seule occasion de briller lors de la première manche. Comme le veut le règlement de ce nouveau circuit, seuls trois couples s’élancent en effet dans l’acte deux. Henk Nooren a choisi de l’épargner au Roannais et sa jument maison, ceux-ci étant le duo ayant le plus couru en Coupes des nations. Le sélectionneur a dit disposer de suffisamment d’informations à leur sujet, mais avait besoin de voir à l’œuvre les trois autres équipiers. Parmi eux, Kevin Staut et Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie. Propre frère de Ratina d’la Rousserie, minuscule mais géniale jument ayant notamment réussi un double zéro dans la Coupe des nations d’Aix-la-Chapelle, l’alezan avait des choses à prouver aujourd’hui. Pour cause, le hongre de quinze ans n’avait plus concouru en équipes depuis 2022 et sauté que dix parcours l’an passé, en raison d’une blessure. De retour depuis janvier, Viking n’a pris part qu’à trois épreuves à 1,60m sans y réussir un sans-faute, mais a semble-t-il saisi tout l’enjeu du jour. Très agile pour éviter les fautes dans l’acte un, il s’est montré plus à son affaire dans la deuxième partie d’épreuve, signant par deux fois un score vierge. Alors que le Normand avouait volontiers avoir connu quelques incertitudes ces dernières semaines, son poing serré et sa joie ont témoigné de la disparition de quelques doutes.
La Belgique aura de quoi garnir ses rangs à Paris !
Outre l’Hexagone, la Suède s’est montrée sans surprise très en forme. Lauréate de l’or olympique, mondial et européen coup sur coup, la nation bleue et jaune semble prête à conquérir un nouveau titre, comptant sur les insubmersibles Henrik von Eckermann et King Edward, auteurs de l’un des sept double zéro du jour, tout comme Peder Fredricson et Catch Me Not S, hongre de dix-huit ans sur lequel son cavalier semble bien compter pour décrocher une nouvelle médaille olympique. Fautives sur les n°11b dans la première manche puis l’oxer n°4 dans la seconde, Malin Baryard-Johnsson et H&M Indiana ont montré de légères failles. Celles-ci pourraient-elles profiter à Rolf-Göran Bengtsson et son sublime Zuccero HV, excellents aux Européens l’été dernier et auteurs d’un très bon clear round cet après-midi ? Henrik Ankarcrona va avoir des choix à faire.
Avec également quatre points au compteur au total des deux manches, la Grande-Bretagne a finalement terminé troisième, en raison d’un chronomètre moins rapide que la Suède. Di Lampard a pu confirmer la forme éblouissante de Point Break, assurément prêt à affronter son premier championnat avec le champion olympique individuel de Tokyo, Ben Maher. Harry Charles et Romeo 88 se sont eux aussi montrés convaincants, malgré un passage de postérieurs quelque peu exagéré.
Très bien lancé après la première manche, le Brésil a connu un acte deux moins faste, avec une faute sur l’entrée du double 11 de Luciana Diniz et Vertigo du Désert, toutefois de retour en grande forme, lui qui n’avait plus figuré sur la scène internationale… depuis février ! Lui aussi de retour au plus haut niveau, qu’il n’avait plus cotôyé depuis mars, Major Tom a permis à Rodrigo Pessoa de signer un sans-faute en première manche, avant de passer son tour pour la seconde.
Côté belge, Pieter Weinberg risque d’avoir l’embarras du choix, puisqu’il a aujourd’hui compté sur les prestations irréprochables des jeunes Casual DV Z et Ermitage Kalone, les phénomènes de Pieter Devos et Gilles Thomas. En l’absence de Grégory Wathelet, Wilm Vermeir ou encore Jérôme Guéry, la Belgique aura de quoi garnir ses rangs à Paris !
Côté suisse, la sélection semblait relever d’une bataille pour déterminer qui accompagnera Steve Guerdat et Martin Fuchs, dont les places sont – sauf cataclysme – déjà assurées. À ce jeu, les expérimentés Pius Schwizer et Vancouver de Lanlore ont été impeccables, tandis qu’Édouard Schmitz et Gamin van’t Naastveldhof ont simplement été battus par la rivière en seconde manche. La journée a été autrement plus difficile pour Janika Sprunger, sortie de piste avec vingt-deux points d’Orelie dans l’acte un. La baie a semble-t-il manqué de confiance pour prendre son appel après les quatre longues foulées qui précédaient le vertical n°5. La deuxième manche leur a davantage souri avec une seule barre à terre.
Dimanche, l’une des dernières occasion de convaincre les chefs d’équipe aura lieu grâce au Grand Prix.
L’épreuve est à revoir commentée par Kamel Boudra et son consultant Laurent Elias sur Clipmyhorse.tv