À Vittel, malgré les enjeux et pour le bien des athlètes équins comme humains, tout le monde a dû se résoudre à annuler le Master Pro

Ce week-end, Vittel accueillait le Master Pro de concours complet pour la troisième année consécutive, et le championnat de France Pro Élite devait être la dernière épreuve de sélection olympique pour les couples présents sur la liste “À cheval pour Paris”. Par rapport aux années précédentes, le tracé du cross avait été renouvelé, et une partie des obstacles aussi. D’ailleurs, une équipe de construction d’obstacles britannique était à l'œuvre à Vittel cette année. “Ils sont arrivés il y a trois semaines”, a expliqué Dominique Simonin, le président du concours vosgien. “Nous avions pris la décision de les faire venir avec Pierre Michelet (le chef de piste du concours, ndlr), Thierry Touzaint (le sélectionneur national, ndlr) et la Fédération française d’équitation (FFE), car nous voulions proposer un beau cross de championnat et notre fournisseur d’obstacles habituel, Christian Aschard, était retenu pour s’occuper de ceux de Versailles”. 

Malheureusement, ce samedi 22 juin, les organisateurs et la FFE ont dû se résoudre à annuler le cross du Master Pro en raison des fortes intempéries, ayant dégradé l’état du terrain. Au-delà de la déception ressentie par tous, c’est même une immense tristesse qui s’est emparée de l’équipe organisatrice ce matin. “Nous étions très inquiets depuis quelques jours, car il y a eu des orages violents à répétition sur le site de Vittel”, a indiqué Michel Asseray, le Directeur technique national adjoint au concours complet. “Nous sommes arrivés mardi soir, et depuis, nous avons déplacé les obstacles à plusieurs reprises avec l’équipe de construction du parcours. Nous avons aussi modifié le tracé, en enlevant des boucles, mais malgré toutes ces adaptations, il aurait été déraisonnable d’envoyer des chevaux et des cavaliers sur le cross aujourd’hui, qu’il s’agisse de couples évoluant en Amateurs ou dans les épreuves Pro. Bien sûr, cette décision a été difficile à prendre et elle est dure pour les organisateurs, qui préparaient cette compétition depuis un an, mais nous ne pouvions pas prendre ce risque.”

Un Master Pro en septembre ?

Si les regards étaient majoritairement braqués sur Vittel car il s’agissait de la dernière épreuve de sélection avant les JO pour l’équipe tricolore, “nous sommes aussi très déçus d’avoir perdu le championnat de France”, a appuyé Michel Asseray. “Avec Sophie Dubourg (la Directrice technique nationale, ndlr) et Frédéric Bouix (le Délégué Général de la FFE, ndlr), nous allons réfléchir quant au fait de reporter le Master Pro au Pin-au-Haras, où la dernière étape du Grand National est prévue du 5 au 8 septembre. Il serait en effet dommage de ne pas avoir de champions de France Pro cette année. En tout cas, je suis vraiment très triste pour les organisateurs du concours de Vittel, mais je crois que c’était une bonne décision d’annuler le cross aujourd’hui.”

Un cross à Verrie pour les couples concernés par les Jeux olympiques

À cinq semaines du premier test du concours complet olympique, “il ne sera pas possible de faire disputer une autre compétition aux couples en lice pour une sélection à Paris avant l’échéance”, a tenu à clarifier Michel Asseray. “Nous avons rassemblé tous les cavaliers de la liste ‘À cheval pour Paris’ présents ici et les avons invités à Saumur, où nous allons monter un parcours de cross sur l’hippodrome de Verrie vendredi. L’idée n’est pas d’évaluer le potentiel olympique des chevaux à cette occasion, mais de leur permettre de courir un cross, car ils en ont besoin. Tous les chevaux passeront ensuite un check-up avec Xavier Goupil, le vétérinaire fédéral. Au début de la semaine suivante, nous commencerons à vraiment imaginer une sélection, même si Thierry (Touzaint, le sélectionneur national, ndlr) a déjà un projet en tête, et le choix final sera annoncé officiellement le 5 juillet.” Bien sûr, pour les cavaliers inscrits sur la liste longue olympique, l’annulation du Master Pro change la donne en vue de l’échéance majeure de l’année. “Nous étions tous à Vittel pour marquer des points aux yeux de l’encadrement fédéral, et nous aurions eu à cœur de bien terminer ce concours”, pose Stéphane Landois, qui avait pris la tête de la compétition Pro Élite avec Chaman Dumontceau*Ride For Thaïs à l’issue du test de dressage. “Il y avait aussi un titre de champion de France à jouer! Hier, le terrain était déjà très limite, mais il aurait encore été possible d’y disputer un cross. Je pense que si la pluie s’était arrêtée, nous aurions donc pu courir, mais il a plu toute la nuit, et il ne nous aurait pas été possible de nous élancer aujourd’hui sans prendre de risques. Or, nous ne sommes surtout pas là pour ça, et cette annulation est donc une sage décision. Ce sont les aléas de notre sport et il faut les accepter.” 

“Il est certain qu’il était impossible de courir ce cross aujourd’hui, car le sol était vraiment imbibé d’eau”, a quant à lui assuré Sébastien Cavaillon, qui pointait au troisième rang de la compétition après la première journée avec Elipso de la Vigne. “Nous avions des ambitions ici, dans le championnat de France d’abord, mais aussi pour enfoncer le clou et montrer au staff fédéral que cela vaut la peine de s’intéresser à nous pour une sélection olympique, d’autant que nous réalisons une super saison (le couple a notamment remporté le CCI 4*-L de Saumur, fin avril, ndlr). En tout cas, tous les feux sont au vert, et après, il faut essayer de continuer à vivre à côté en attendant que l'encadrement fasse son choix. Concernant la compétition ici, à Vittel, certains cavaliers, dont je fais partie, avaient espéré concourir avec un ou deux jours de décalage, car ils annoncent du soleil demain, mais cela aurait engendré de vrais problèmes logistiques, et la priorité reste de toute façon de préserver les chevaux et d’assurer la sécurité de tous.” Malheureusement, “un report n’était pas possible”, a expliqué Dominique Simonin. “Nous sommes sur un site Nestlé (la multinationale exploite la source de Vittel, ndlr), et nous utilisons pour le cross une partie du golf ainsi que l’hippodrome, où des courses doivent avoir lieu le week-end prochain.”

“Nous pouvons aller à Versailles avec des chevaux atteignant les 70% ou 72%”, Michel Asseray

Si l’heure était clairement à la déception à Vittel ce samedi, Michel Asseray n’a pas manqué de faire un retour, logiquement positif, sur le test de dressage d’hier ainsi que le stage fédéral organisé sur le site vosgien mercredi et jeudi avec Christoph Hess, intervenant fédéral depuis l’an dernier. “Nous sommes très contents de ce que nous avons vu hier lors du dressage”, a résumé le Directeur technique national adjoint. “L’arrivée de Christoph Hess au sein du staff l’an dernier avait un peu chamboulé les habitudes des cavaliers, car c’est quelqu’un de très positif, mais il les encourage toujours à prendre des risques. Je crois que tout le monde a un peu appris à se connaître depuis, et le stage organisé ici s’est très bien déroulé. Nous avons laissé un peu plus d’autonomie aux cavaliers, et les avons plutôt orientés sur la présentation des chevaux, comme le souhaitait Christoph. Je pense que nous pouvons aller à Versailles avec des chevaux atteignant les 70% ou 72%, ce qui sera nécessaire pour rêver de médaille.”

Il a par ailleurs donné des précisions sur le programme qui attend les couples jusqu’à la première journée de compétition olympique, prévue le 27 juillet, même si la première inspection des chevaux engagés aura déjà lieu la veille. “La sélection finale sera annoncée le 5 juillet, et les cavaliers choisis entreront en stage le 6 juillet à Saint-Martin-de-Bréhal, où nous emmènerons normalement cinq chevaux”, a-t-il retracé. “Au programme, il y aura trois galops ainsi qu’une séance de saut d’obstacles au Pôle hippique de Saint-Lô en milieu de stage, mais aussi une rencontre avec les autres cavaliers de la délégation française à Saint-Martin-de-Bréhal. Ensuite, nous quitterons ce lieu pour nous rendre au Lion-d’Angers, où les chevaux effectueront une séance de saut d’obstacles et dérouleront leurs reprises dans des conditions similaires à celles d’une épreuve, puisque nous allons inviter les centres équestres des Pays de la Loire afin qu’il y ait du public. Notre but est que les chevaux rentrent dans l’atmosphère de la compétition dès ce moment-là. Les cavaliers seront présents au village olympique et à une Conférence de presse au Club France le 23 juillet, puis les chevaux arriveront tôt le matin du 24 juillet sur le site olympique. Par ailleurs, nous aurons, en plus des quatre présentes à Versailles, deux montures en attente au haras de Jardy jusqu’au jour de l’inspection des chevaux, car les substitutions peuvent se faire jusqu’à deux heures avant celle-ci. Ensuite, la compétition ira très vite, et nous espérons être au Club France avec une médaille le soir du 29 juillet.” Et de rappeler: “Les Jeux à Paris, c’est une fois dans votre vie, donc nous sommes privilégiés de vivre cela.”