Le confort, critère de sélection numéro un pour les protections dorsales (2/2)

Indispensables, optionnels, dispendieux, protecteurs, incommodants… Les équipements de protection individuelle (EPI) en équitation sont à l’aune de chacun. En ai-je besoin? Quelle est la nature du risque? Suis-je libre de mes mouvements? Puis-je m’en permettre l’achat? Plus de huit cents lecteurs de GRANDPRIX ont accepté de répondre à un sondage en ligne concernant la sécurité à cheval. Si le casque est désormais considéré comme primordial, les gilets de protection et airbags, ainsi que les étriers de sécurité, n’ont pas (encore?) ce même statut.



Éléments de sécurité par excellence, le gilet de protection et le gilet airbag font désormais partie intégrante du marché français. Plébiscités par un public de compétiteurs à l’obstacle et en complet, ainsi que par les cavaliers de loisir et, en particulier, les cavaliers de tout niveau pratiquant en centre équestre, les gilets sont dans les casiers de 67 % de notre panel de sondés. Fait notable, ce n’est plus le critère de degré de protection qui est recherché avant tout lors de l’achat, mais celui du confort et de la praticité ! La norme de sécurité française pour les airbags –NF S72-800-2022, adoptée en mars 2022– aurait-elle mis sur un certain pied d’égalité les différentes marques du secteur? “Le gilet idéal doit être adapté au cavalier (taille et ajustements possibles), protéger l’intégralité de la colonne, les côtes, les cervicales ainsi que le bassin, et ne doit pas gêner le cavalier dans ses mouvements, ni provoquer de douleurs. Enfin, il doit se déclencher immédiatement en cas de chute”, résume Séverine, l’une des sondées, qui illustre bien les préoccupations des propriétaires d’airbag. “Un bon gilet airbag doit être facilement adaptable aux vêtements et à la morphologie, avoir de solides accroches et avancer un changement simple et facile des cartouches”, appuie Mélina. Contrairement au casque, élément de sécurité porté de manière systématique à partir du moment où il est acheté, les gilets de protection et airbags sont portés de manière épisodique par leurs propriétaires (37% des cas). “Je le porte lorsque j’estime que le risque est plus élevé –saut d’obstacles, monte d’un jeune cheval, etc –, car je suis encore gênée par son port… et par son coût! Entre le prix d’achat (environ 430 euros en moyenne selon notre panel de sondés, ndlr) et le prix des cartouches (autour de 20 euros l’unité, ndlr), j’enfile le gilet airbag par réelle nécessité afin de ne pas risquer de l’abîmer avec une chute bête”, confie Sophie.



LE GILET AIRBAG, L’ÉLÉMENT DE SÉCURITÉ LE PLUS SURVEILLÉ PAR LES CAVALIERS

Les concepteurs garantissent généralement leurs gilets pendant deux ans

Les concepteurs garantissent généralement leurs gilets pendant deux ans

© Manol Valtchanov

Si le gilet airbag habille de nombreux cavaliers, sa durée de vie est mal connue : 72% des lecteurs sondés indiquent ne pas la connaître, quand 16% des lecteurs avancent le chiffre de trois ans et plus. Les concepteurs garantissent généralement leurs gilets pendant deux ans –le boîtier et la membrane interne–, parfois avec une garantie extensible à quatre ans pour certaines marques. Si le gilet airbag est construit pour protéger davantage lors d’une chute, les concepteurs répètent régulièrement qu’il reste un objet précieux technologiquement, à entretenir scrupuleusement. Le message semble bien passé, car de nombreux lecteurs font état de régulières vérifications visuelles, tactiles et mécaniques. “J’envoie mon gilet airbag au fabricant tous les deux ans pour un contrôle.” “Je fais exploser une cartouche tous les six mois si je n’ai pas chuté et je vérifie régulièrement l’emplacement de la cartouche, ainsi que l’état du câble d’accrochage.” “Je vérifie l’intégrité des coutures du gilet, le logement de la cartouche, la cartouche elle-même (est-elle périmée?) et la sangle d’attache (changée une fois en trois ans).” “S’il y a une modification de la sensation et que je trouve le gilet plus large que d’habitude, je m’inquiète et vérifie.” “Je fais exploser une cartouche si le gilet airbag n’a pas été déclenché pendant deux ans.” “Je n’ai pas connaissance des points de rectification”, nuance toutefois Élodie. “Je fais juste attention à bien remettre en place la cartouche.” “Pourquoi ne pas mieux préparer au protocole d’inspection d’un airbag, à l’instar de ce qui se fait en parachutisme ou en aéronautique?”, s’interroge Marc-Hubert, sous-entendant que l’utilisateur manque d’informations. “Plusieurs concepteurs indiquent sur leur site et dans leur manuel d’utilisation les bonnes pratiques pour utiliser leurs airbags et les entretenir. Je comprends néanmoins qu’un rappel de ces manœuvres soit souvent nécessaire. Globalement, je trouve que les utilisateurs sont bien informés”, analyse Émilie, monitrice d’équitation.



QUAND LA PROTECTION THORACIQUE N’EST PAS LÀ

Au final, 33% des sondés ne sont pas équipés d’un airbag ou d’un gilet de protection. Si le public compétiteur répond présent lorsqu’il s’agit d’utiliser un airbag, 43% des interrogés indiquent toutefois qu’ils ne souhaitent pas voir le port de l’airbag devenir obligatoire lors d’événements équestres, quand 24% sont indécis.

Quelles sont les raisons de cette réticence? Le coût élevé de l’airbag et la force de l’habitude sont les premiers éléments cités. “Je n’en porte pas par mauvaise habitude, à cause d’idées reçues dont j’ai du mal à me défaire –je trouve que l’airbag est inesthétique, gênant, réservé aux cavaliers qui ont peur, etc.”, admet Manon. Le manque de confort, cité par de nombreux lecteurs, fait réagir Émilie, la monitrice précédemment citée : “Plusieurs de mes élèves se plaignent de l’inconfort de leur gilet, mais j’ai également l’impression qu’ils sont trop ajustés, peut-être par effet de mode ou mauvais choix de taille?” “Je ne trouve pas de taille XL qui m’aille, tout simplement”, appuie Audrey. Ce problème de taille expliquerait-il les blessures supposément liées au port du gilet lors d’une chute, reportées par quelques sondés? “Je portais auparavant un gilet mais, à la suite d’une chute, j’ai eu la clavicule déplacée à cause de ce dernier”, déplore Camille. “J’ai entendu plusieurs cavaliers me dire que leur gilet airbag était à l’origine de côtes cassées lors de leur chute… Cela m’interpelle. Je serais intéressée d’entendre les marques parler de ce phénomène, si elles en ont les retours et les explications”, déclare Émilie. D’autres lecteurs indiquent refuser l’achat d’un airbag à cause du bruit lors du déclenchement: “J’ai peur que le déclenchement en extérieur fasse fuir mon cheval sur une route ou autre.” “J’ai peur d’être gênée en cas de chute, ou que mon cheval s’affole au déclenchement de l’airbag.” Ce bruit étant inhérent au fonctionnement du gilet, il n’est pas question à ce jour de s’en passer. Néanmoins, il est important de le nuancer, en décrivant une sonorité sèche et, certes, sonore, mais bien moins forte que l’explosion d’un airbag de voiture.

Enfin, plusieurs sondés ont exprimé leur mécontentement face à une “surprotection de l’équitation”, arguant qu’un cheval bien éduqué, une bonne lecture de l’animal et, tout simplement, une meilleure pratique de l’équitation protégeaient de bien des chutes. “Je n’en ressens pas le besoin; je veux me sentir libre à cheval; je n’aime pas la sensation; cela tient chaud…” Ces arguments semblent faire écho au discours tenu à propos du port généralisé du casque, il y a vingt-cinq à trente ans. Envisagerait-on, à l’instar de la bombe, une généralisation du gilet airbag d’ici une vingtaine d’années?



L’ÉTRIER DE SÉCURITÉ PEUT ENCORE GAGNER DES PARTS DE MARCHÉ

L’étrier de sécurité est le seul équipement, dit sécuritaire, à n’avoir ni réglementation ni norme

L’étrier de sécurité est le seul équipement, dit sécuritaire, à n’avoir ni réglementation ni norme

© Manol Valtchanov

Si l’étrier de sécurité est présent sur le marché français depuis le début des années 2000 –avec, notamment, l’étrier en métal doté d’un épais élastique sur sa branche externe–, son éclosion auprès des cavaliers commence plutôt vers 2018, avec l’arrivée de nouveaux modèles et de nouvelles marques. L’étrier de sécurité revêt plusieurs formes, avec néanmoins toujours le même besoin: empêcher le pied de s’enfoncer et de se coincer dans l’étrier en cas de chute, et éviter ainsi l’accident du cavalier traîné, la fracture ou l’entorse du pied, etc. Les systèmes de cages et d’étriers fermés empêchent mécaniquement le pied de s’enfoncer, même hors chute. Du fait de leur masse, ils sont moins appréciés dans les disciplines olympiques, mais gagnent nettement en popularité pour les pratiques de l’endurance, de la randonnée, ou pour l’équitation de loisir de niveau modéré. Les étriers dont la branche externe est souple ou se détache lors d’une chute sont, quant à eux, très appréciés en saut d’obstacles, à l’instar de ceux qui se désolidarisent de l’étrivière en cas de certaines chutes traînées. Tout l’équilibre de ces étriers repose sur un double contrat: être suffisamment solides pour ne pas se détacher à tort, et être suffisamment fiables pour se détacher lors d’une chute traînée. La technologie et les essais se répercutent sur le prix de vente. Pour notre panel de sondés, un achat d’une paire d’étriers de sécurité s’élève à 195 euros en moyenne. 

Le taux d’utilisation d’étriers de sécurité est inférieur à celui de l’airbag sur notre échantillon de répondants, avec 51% de cavaliers non équipés. Parmi ces raisons, sont évoquées : le manque de connaissance de ce genre d’étriers, le besoin non ressenti, l’occasion manquée d’en avoir testé une paire, un budget insuffisant, l’habitude des étriers classiques, la monte en selle western, la monte sur selle partagée (club ou demi-pension), un manque d’attrait esthétique, la peur d’un dysfonctionnement du système, la crainte de ne pas avoir d’étriers amortissants et confortables, etc. Certains sondés indiquent également ne pas renouveler leurs étriers classiques, car ces derniers sont très solides et durables. “Si mes étriers ou ma santé se détériorent, j’achèterai probablement des étriers modernes de sécurité. Néanmoins, je ne veux pas avoir deux paires – contrairement aux casques, d’ailleurs”, développe Louise.

Pour les cavaliers équipés d’étriers de sécurité, leur utilisation est systématique, excepté pour 6% d’entre eux qui choisissent de chausser leurs étriers de sécurité avec leur selle de saut d’obstacles, de cross ou de randonnée, préférant conserver des étriers classiques pour leur selle de dressage. Les professionnels du panel de sondés sont un peu plus nombreux que les amateurs à avoir recours aux étriers de sécurité, toutes disciplines confondues. À l’instar des casques, on peut noter que les cavaliers présentant un meilleur niveau semblent être les plus nombreux à chausser des étriers de sécurité.



UNE CONFIANCE RENOUVELÉE, SOUS CONDITION D’UN BON ENTRETIEN

Pour les utilisateurs de ce genre d’équipement, la confiance envers leurs étriers est appuyée par l’expérience personnelle, ainsi que par les avis de l’entourage ou d’autres clients. Plusieurs sondés ont évoqué le fait d’être inquiets face à la baisse de prix de certains modèles d’étriers de sécurité présents sur le marché français. La sécurité est-elle fortement corrélée à un coût minimum de construction? Il est à noter que l’étrier de sécurité est le seul équipement, dit sécuritaire, à n’avoir ni réglementation ni norme. De fait, plusieurs concepteurs de grande marque ont publiquement souhaité qu’une norme européenne soit mise en place afin d’éviter les contrefaçons et malfaçons, qui nuisent aussi bien aux utilisateurs qu’à la réputation de l’étrier de sécurité.

À l’instar des casques et des gilets en général, les étriers de sécurité sont soumis à l’usure. Plusieurs lecteurs ont indiqué vérifier régulièrement leurs étriers lors du nettoyage : “Je vérifie si la branche externe souple ne présente pas de fêlures ou si elle ne semble pas trop défraîchie.” “Je nettoie l’articulation d’attache de l’étrier avec de l’eau, puis ajoute parfois quelques gouttes d’huile.” Néanmoins, d’autres personnes ont indiqué ne pas faire attention à la vétusté du système de sécurité et prêter seulement attention à l’usure du plancher. “Tous les étriers haut de gamme, présents sur le marché sont soumis à l’usure et donc, à terme, à un remplacement nécessaire de pièces quand cela est prévu par le fabriquant”, relève un concepteur d’étriers de sécurité présent sur le marché depuis 2018. “Le manuel d’entretien de nos étriers est présent sur notre site et dans le coffret d’achat. Globalement, nous constatons que les clients y sont attentifs. Nous incitons ces derniers à contacter notre service après-vente en cas de question, doute, etc., ou pour une révision gratuite. Le risque zéro n’existe pas, mais, avec le savoir-faire associé et les technologies adaptées, on peut statistiquement s’en approcher.”

La première partie est à retrouver ici