“Sans passion, impossible de digérer les déceptions inhérentes à l’équitation”, William Greve

Victorieux de l’étape du Grand Chelem Rolex de Bois-le-Duc, avec Highway TN, son étalon de douze ans, début mars, le Néerlandais William Greve foule la piste du CHIO d’Aix-la Chapelle cette semaine. Le Batave y aura fort à faire puisqu’il est en lice pour les bonus promis aux vainqueurs de plusieurs étapes du Grand Chelem. Les yeux seront donc particulièrement rivés sur lui dimanche après-midi. 2024 sera une année de défis pour le quadragénaire, puisque dans moins d’un mois, il s’élancera sur la piste des Jeux olympiques de Paris et participera pour la toute première fois à ce championnat de classe mondiale.



Vous êtes le dernier vainqueur en date d’une étape du Grand Chelem Rolex, c’était à Bois-le-Duc. Comment vous sentez-vous à l’approche du CHIO d’Aix-la-Chapelle ? 

C’est un honneur de figurer sur la liste des cavaliers ayant remporté une épreuve “majeure” du Grand Chelem Rolex. Il est tout aussi spécial de participer au CHIO d’Aix-la-Chapelle, y gagner le Grand Prix est l’un rêve. Bien sûr, les regards sont davantage portés sur Highway (TN) et moi à la suite de notre victoire dans le CSI 5* de Bois-le-Duc, aux Pays-Bas, mais j’essaie de rester concentrer sur mes objectifs et mes chevaux. 

Justement, à quel point cette victoire a-t-elle été spéciale pour vous ?  

C’était une victoire riche en émotions ! Le public était incroyable et l’atmosphère sensationnelle. En tant que cavalier, ce sont des moments dont nous rêvons. C’était vraiment spécial – non seulement car j’étais à domicile, mais aussi car je suis passé dernier et j’ai réussi à battre Henrik (von Eckermann, ndla) d’un rien (quatre centièmes seulement, ndla). C’est une victoire que je n’oublierai jamais. 

Comment décririez-vous Highway TN ? 

Highway TN est un étalon de dix ans, propriété de la Team Nijhof. J’ai commencé à le monter quand il avait sept ans. Ensemble, nous avons obtenu plusieurs bons résultats, et je suis donc très confiant pour la suite. Son attitude et son mental font sa force, c’est un gagnant. Aux écuries, il peut être un peu grincheux pour être honnête ! Il a un sacré caractère, mais il n’est pas du tout méchant. Il a beaucoup d’énergie et est très disposé à travailler, c’est l’une de ses meilleures qualités. Mon groom Richard (Skillen, ndla) le connaît par cœur – ils ont voyagé ensemble dans le monde entier et se connaissent donc très bien.



“J’espère prendre part à de belles épreuves avec Pretty Woman”

Willem Greve et Pretty Woman van’t Paradijs, neuf ans.

Willem Greve et Pretty Woman van’t Paradijs, neuf ans.

© Scoopdyga

Comment vous êtes-vous préparé pour Aix-la-Chapelle ? 

Le CSIO d’Aix-la-Chapelle est un endroit tellement spécial. Mes chevaux vont découvrir la piste pour la première fois. Je pense qu’il va leur falloir un temps d’adaptation à ce terrain en herbe et à l’atmosphère du concours pendant la semaine. Habituellement, je sais à l’avance quelles épreuves chaque cheval va courir, mais à Aix-la-Chapelle, je verrai au jour le jour. 

Quid des autres chevaux de votre écurie ? Pensez-vous que certains d’entre eux ont les qualités pour remporter une épreuve majeure du Grand Chelem Rolex ? 

Outre Highway, j’ai également Grandorado TN comme autre cheval de tête (également sélectionné pour participer aux Jeux de Paris 2024, ndla), qui ne sera cependant, pas du voyage ce week-end. À Aix-la-Chapelle, j’emmène Minute Man, mon étalon de dix ans (victorieux lors de l’étape de la Coupe des nations du CSIO 3*-W de Prague vendredi dernier, ndla). Pretty Woman van’t Paradijs, une jument de neuf ans, sera également de la partie pour la première fois sur ce concours. Elle m’appartient avec avec la veuve de mon ancien propriétaire, Mr Korbeld, décédé en mars. Elle est encore jeune, donc a besoin de gagner en expérience, mais je pense qu’elle peut bien performer. C’est une jument avec laquelle j’espère prendre part à de belles épreuves. 

Les pistes de Bois-le-Duc et Aix-la-Chapelle sont très différentes. Comment vous êtes-vous préparé pour cet immense terrain en herbe ? 

Comme je l’ai dit auparavant, les quatre chevaux que j’amène n’ont jamais concouru là-bas, donc je veux leur faire sauter des épreuves qui leur conviennent. Je verrai bien comment cela se passe au fil des jours. Nous voulons nous assurer que les chevaux se sentent bien et soient à l’aise. Je ferais en fonction de mon ressenti. 

Quel rôle joue l’équipe qui vous entoure dans votre succès ? 

Ils représentent beaucoup pour moi ! Tout le monde joue un rôle important dans notre succès?; ils ne seront jamais oubliés et assez remerciés pour les efforts qu’ils fournissent jour et nuit. Sans le travail quotidien de mon équipe, nous ne serions rien. C’est comme en Formule 1, Max Verstappen conduit la voiture, mais sans l’équipe autour de lui, il ne pourrait pas être aussi performant.



“L’équitation est notre passion, pas notre travail”

Quel impact pensez-vous que la création du Grand Chelem Rolex a eu sur le sport ? 

Je pense qu’elle a eu un énorme impact. Ces dix dernières années ont été une grande réussite. Regardez par exemple Scott Brash (il est pour l’heure le seul cavalier à avoir réalisé en 2013 le Grand Chelem, soit remporter consécutivement toutes les étapes du circuit, composé de trois rendez-vous jusqu’en 2018, ndla) ! Rolex réunit les meilleurs concours du monde, c’est assez impressionnant.  

Selon vous, quelle importance ont dans le sport les majeurs tels qu’Aix-la-Chapelle, The Championships en golf, ou Wimbledon en tennis ? 

Ils représentent l’élite. Dans notre sport, même si vous gagnez le dimanche, vous devez recommencer à travailler dès le lundi matin. C’est notre passion, pas notre travail, et je pense que la plupart des athlètes de haut niveau pensent ainsi. Si vous n’êtes pas passionné, vous ne pourrez jamais gérer la déception qui accompagne ce sport. En réalité, gagner est la partie la plus facile. Il faut savoir accepter la défaite et faire face aux difficultés. Peu importe si vous êtes un joueur de tennis ou de golf, il y aura toujours des déceptions. 

Si vous n’étiez pas cavalier de saut d’obstacles, quel métier exerceriez-vous ? 

Pour être honnête, c’est ce que j’ai toujours voulu faire, donc je n’ai jamais pensé à quelque chose de différent de ce que je fais en ce moment. 

Quel est le meilleur conseil que l’on vous ait donné ? 

Ne jamais abandonner ! Et également de traiter mes chevaux avec respect car ils restent des êtres vivants et surtout sauvages.



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