“Retrouver la veste de l’équipe de France est mon objectif ultime”, Benoît Cernin

Au Grand National de Cluny fin juin, Benoît Cernin a remporté six épreuves avec autant de chevaux, dont la Pro Élite Grand Prix, avec Eden Star Lomont, son hongre de dix ans. Le champion de France 2019 revient sur ce week-end riche en succès, mais se livre également sur son absence du très haut niveau, qu’il a côtoyé jusqu’en 2021, et espère retrouver grâce à un piquet de chevaux prometteurs.



Benoit Cernin et Eden Star Lomont.

Benoit Cernin et Eden Star Lomont.

© FFE/PSV

Quel est votre sentiment concernant votre victoire dans le Grand Prix Pro Élite à 1,50m du Grand National de Cluny aux rênes d’Eden Star Lomont? 

Je suis ravi! Avant Cluny, nous n’avions pas obtenu de très bons résultats avec Eden Star (SF, Kannan*GFE x Gadget du Banney) donc je ne l’avais initialement pas engagé dans le Grand Prix. Je voulais attendre de voir ce que les parcours des premiers jours allaient donner (le couple a terminé avec huit points le jeudi dans la Pro 1 à 1,40m et quatre points le vendredi dans la Pro 1 à 1,45m, ndlr). Quand j’ai eu le feu vert du propriétaire, qui sentait lui aussi le cheval prêt pour le Grand Prix, je l’ai engagé terrain; et finalement, nous avons réussi! Mon cheval s’est très bien comporté lors du parcours initial, et il a tout donné dans le barrage. Quand les chevaux se livrent comme lui, ce n’est que du bonheur. Cette victoire est une belle concrétisation de mon week-end. 

Vous y avez réalisé un excellent week-end en gagnant six épreuves avec autant de chevaux. Quel regard portez-vous sur ces résultats? 

Les résultats découlent du travail effectué en amont. J’ai la chance de compter des juments comme Finesse de Maugre (SF, Comme Il Faut x Ogano Sitte), neuf ans, avec laquelle j’ai remporté la Pro 1 Grand Prix à 1,40m le jeudi, et Escort de Mons (SF, Air Jordan Z x Super de Bourriere), dix ans, victorieuse dans la Pro 2 Grand Prix à 1,35m le samediqui sont très compétitives. J’ai aussi Granit du Reversey (hongre Selle Français de huit ans par Newton de Kreisker et Lando), qui commence à grimper les échelons. Je commence à bien connaître mes chevaux maintenant, donc c’est plus facile pour obtenir de bons résultats. Cluny est un concours à côté de mes écuries donc j’en ai profité pour emmener également les sept ans et les jeunes chevaux pour continuer à les former. J’étais vraiment content de ce bilan!  

Vous êtes à nouveau présent en CSI 4* avec Eden Star Lormont, Dynamite du Miral et Danaïde de Rueire. Pensez-vous avoir trouvé les chevaux qui peuvent vous permettre de retrouver le haut niveau?

Je veux prendre mon temps. Quand je vais en concours, j’engage les chevaux dans des épreuves qu’ils sont capables de gagner ou de classer, et une fois que je les ai lancés dans des épreuves importantes, je les fais un petit peu redescendre de niveau. Le premier 4* que j’ai couru cette année était celui de Bourg-en-Bresse, début mai. Malheureusement, je n’ai pas eu de chance car j’ai commis une faute sur l’avant-dernier obstacle dans le Grand Prix avec Dynamite (jument de onze ans, SF, Nabab de Rêve x Alligator Fontaine). Elle est désormais prête à affronter des parcours importants. Eden est en train de monter en puissance lui aussi. Ce sont mes chevaux qui me dictent quelles épreuves engager d’un week-end à l’autre, car je ne veux pas aller en concours s’ils ne sont pas en pleine possession de leurs moyens. Concernant Danaïde (SF, Kannan*GFE x Bayard d’Elle), il s’agit d’une super jument de vitesse, qui sera d’ailleurs commercialisée dans les prochaines semaines. J’ai aussi d’autres chevaux en formation, dont Finesse de Maugre, qui sont je pense très intéressants pour le futur et pourront épauler mes chevaux de tête sur 1,45m dans un premier temps.



“Mon objectif est de retrouver les 5* d’ici la fin de l’année”

Dynamite du Miral, jument de onze ans par Nabab de Rêve.

Dynamite du Miral, jument de onze ans par Nabab de Rêve.

© Sportfot

Jusqu’en 2021, vous avez régulièrement côtoyé les CSI 5*. Comment expliquez-vous que vous n’y apparaissez plus? L’objectif est-il de les retrouver?

Mes chevaux n’étaient tout simplement pas prêts pour ce niveau. Pendant deux ans, j’ai évolué avec Deuxcatsix d’Églefin (étalon de onze ans, de retour sous la selle de Marie Pellegrin depuis mars 2023, SF, Vigo Cece x Bamako de Muze, ndlr), avec lequel j’ai participé à quelques épreuves 5*, mais il ne m’appartenait pas donc sa propriétaire a voulu le reprendre pour diverses raisons. De son côté, Dynamite était trop inexpérimentée (elle avait alors huit ans, ndlr) pour prendre part à des épreuves de cette envergure. Aujourd’hui, elle est en pleine évolution donc j’espère qu’elle sera prête. Mon objectif est retrouver les CSI 5* avant la fin de l’année. Tout est mis en œuvre pour y parvenir. J’ai aussi pris de l’expérience depuis, donc je sais ce que ce niveau requiert. Je pense qu’il me manque actuellement un ou deux chevaux pour épauler Eden et Dynamite, mais je ne me fais pas de doute concernant les jeunes chevaux que j’ai en formation.  

Espérez-vous retrouver la veste de l’équipe de France? Quel cheval pourrait vous le permettre? 

Évidemment, c’est l’objectif ultime. Je sais que revenir en équipe de France va prendre du temps, mais je travaille en ce sens, avec Dynamite et Eden, mais aussi avec mes jeunes chevaux qui ont la qualité intrinsèque pour m’amener à ce niveau à mon avis. Je ne veux pas y retourner pour faire de la figuration. J’ai également de supers propriétaires qui me soutiennent et qui sont à fond dans mes projets. 

Quelles seront vos prochaines échéances? Et vos objectifs à moyen terme?

Je vais attendre que les programmes sortent, car pour le moment je n’ai pas de vision sur les deux prochains mois. Je veux construire un bon plan de concours pour mes deux chevaux de tête, avec l’objectif de participer au CSI 5*-W de Lyon en fin d’année. Il y a également quelques étapes du Grand National donc j’aviserai.  



“Je n’avais encore jamais eu l’occasion de former de si bons chevaux”

Escort du Mons, dix ans.

Escort du Mons, dix ans.

© Sportfot

Quels chevaux sont les plus prometteurs de votre piquet? 

Nous investissons dans des bons jeunes avec ma famille et mes propriétaires. Je dirais que jusqu’à aujourd’hui, je n’avais encore jamais eu l’occasion de former de si bons chevaux, donc c’est prometteur! Nous avons récemment acheté un sept ans, nommé Hasard d’Éole avec lequel j’ai déjà enchaîné trois parcours, dont trois sans-faute à Maçon ce week-end (pour rappel l’interview a été réalisée lundi 1er juillet). Nous avons aussi Stakkacha, qui revient tout juste au sport après des échecs d’embryon qui n’ont malheureusement pas prit. Je passe beaucoup de temps sur des parcours de travail, mais je sais que lorsqu’ils seront prêts, ils pourront sauter de bonnes épreuves. 

Quid d’Escort du Mons, jument de dix ans, avec laquelle vous avez pris part à l’épreuve des six barres à Bourg-en-Bresse? 

Quand Escort est arrivée, c’était assez spécial car il s’agit d’une jument très stressée. Il lui a fallu du temps pour se mettre en route et être en phase avec moi. Depuis quelques mois, elle est vraiment régulière, et a gagné en maturité. C’est une super jument de concours. Comme Danaïde, elle sera commercialisée dans les mois à venir.  

Votre système est-il toujours le même?   

Je ne garde jamais très longtemps les chevaux quand ils prennent de l’âge. L’idée est d’investir dans des jeunes chevaux et les former pour qu’ils soient opérationnels plus tard dans l’objectif de créer un piquet de chevaux pour retrouver le haut niveau. 

Allez-vous suivre les Jeux olympiques?  

Je ne vais pas pouvoir me rendre sur place, mais je vais bien évidemment tout suivre à la télé. Pour moi, les Jeux sont l’échéance la plus importante et je ne pense pas qu’il n’y ait de pression plus grande que d’y participer. Je vais suivre tout cela avec passion.   

Quel regard portez-vous sur les sélections? Quelles nations sont les plus fortes selon vous? 

Je dirais la Suisse, la Suède et l’Allemagne. Les cavaliers sont très soudés, ils ont l’habitude de concourir ensemble donc leur force mentale est supérieure. Il n’y a qu’a regarder Henrik (von Eckermann, le numéro un mondial, ndlr). Je pense que ce sont les trois nations qui se détachent. Les Brésiliens peuvent aussi être dangereux avec Philippe Guerdat comme sélectionneur. Il ne faut jamais le sous-estimer, car il a le secret pour écouter les cavaliers et construire une bonne équipe. Pour la France, je vois évidemment Julien Épaillard avec Dubaï du Cèdre, très présent dans les échéances importantes, puis Simon Delestre, car c’est un cavalier avec beaucoup d’expérience et un mental d’acier. Pour les autres, je ne saurais pas donner de noms précis. Pour Kevin, il est difficile de savoir lequel de ses chevaux sera prêt pour l’échéance. Olivier Perreau est aussi en forme avec Dorai d’Aiguilly*GL Events, tout comme François-Xavier Boudant. Tout dépendra ce qu’Henk Nooren (le sélectionneur national, ndlr) va décider. Ces Jeux vont être très intéressants à suivre.



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