Inès Joly se hisse au sommet du rocher!
Inès Joly s’est adjugé le Grand Prix Longines du CSI 5* de Monte-Carlo, hier soir à Monaco. Associé à Ambassador, la Française s’est imposée pour la première fois à ce niveau d’épreuve, devançant au barrage Max Kühner, deuxième sur EIC Up Too Jacco Blue. En tête du classement général du Longines Global Champions Tour, l’Autrichien a conforté son avance, tandis qu’Inès Joly est repartie avec un ticket pour la finale de Riyadh. Nina Mallevaey et Jeanne Sadran se sont classées trois et quatrième sur Dynastie de Beaufour et Dexter de Kerglenn.
La dixième étape du Longines Global Champions Tour a donné lieu à un scénario incroyable! Avec un plateau mêlant stars en route pour Paris et jeunes pousses aux dents longues, le dénouement s’annonçait très ouvert. Au terme de la manche initiale, seuls deux couples restaient en course, et c’est finalement la cadette, Inès Joly, qui a inscrit son nom pour la première fois au palmarès du Grand Prix de Monte-Carlo, signant sa toute première victoire dans une épreuve reine de niveau 5*. Max Kühner, second à s’élancer au barrage, s’est incliné non sans regrets. Il faut dire qu’il y avait 1,5 million d’euros à gagner…
Le parcours concocté par l’Italien Uliano Vezzani sur la piste étroite et légèrement courbe du port Hercule n’a pas vraiment réussi aux ténors. La faute à un temps imparti très serré et à quelques pièges, comme l’oxer 4 en bout de ligne vers la sortie de piste, sur lequel les cavaliers partaient fort, entraînant souvent une faute d’antérieurs. Il fut fatal au Belge Niels Bruynseels, au Britannique John Whitaker et au Néerlandais Harrie Smolders. Le triple oxer-vertical-oxer placé en 12 a lui aussi causé des dégâts, exigeant des chevaux de conserver un peu d’énergie pour s’en extirper. Cinquième à s’élancer, Inès Joly a époustouflé l’assistance avec un tour fluide, sans à-coup, confortablement dans le temps. Cinq concurrents plus tard, l’actuel numéro trois mondial, Max Kühner, comptant parmi les favoris pour un podium olympique, a égalé la performance de la Stéphanoise malgré un vrai sursis sur le triple.
Vague féminine sur Port Hercule
La soirée fur cruelle pour Grégory Cottard, éliminé sur le 1 avec Cocaïne du Val, qui n’avait visiblement pas envie de jouer ce soir, Roger-Yves Bost, qui a abandonné avec une Ballerine du Vilpion trop généreuse, le Grégory Wathelet, éliminé sur le dernier avec Beau Gosse du Park, et pour Simon Delestre, qui a chuté sur l’entrée du double placé en 8 avec Dexter Fontenis. Inès et Max auraient pu être rejoints par Olivier Philippaerts, vainqueur du LGCT de Stockholm, si le Belge n’avait pas été éliminé en raison de traces de sang décelées sur les flancs de sa fidèle grise H&M Legend of Love. Associée à Dynastie de Beaufour, Nina Mallevaey a signé un joli parcours sans faute aux obstacles, mais pénalisé d’un point de temps dépassé. Privée de barrage non sans une certaine frustration, la Nordiste s’est classée troisième, juste devant Jeanne Sadran, créditée du tour initial le plus rapide à quatre points sur Dexter de Kerglenn.
“C’est fou!”, s’est écriée Inès après son tour initial. Déjà très émue, elle n’en revenait pas. Pourtant, c’est bien elle qui a ouvert le barrage, le premier de sa carrière à ce niveau – elle n’avait jusqu’alors disputé que huit épreuves à 1,60m. Très prudente jusqu’au cinquième obstacle – les deux derniers éléments de l’ancien triple –, laissant penser qu’elle assurait la deuxième place, elle a alors enclenché la vitesse supérieure. Sortie du 12, virage serré, accélération, jusqu’à l’ultime saut... et avec le poing dressé vers le ciel étoilé de la Principauté, elle a pu exulter. Son Ambassador, fils du tout bon et très en vogue Aganix du Seigneur, propriété notamment du champion du monde Jos Lansink, a littéralement survolé l’épreuve. Associé depuis mars dernier, le couple s’entend à merveille. “C’est Abdel Said qui m’a recommandé ce cheval”, explique-t-elle. “Il a la force et le mental; il est très réactif et peut compenser mes erreurs – parce que j’en commets, c’est évident. Il donne tout à chaque parcours.”
Encouragée avant d’entrer en piste par l’Australienne Edwina Tops-Alexander, Inès a écouté ses conseils: profiter à fond du moment présent. “Tu as déjà gagné, tu n’as plus qu’à profiter”, lui aurait-elle soufflé. Pour sa deuxième participation à une étape du LGCT, elle a frappé fort, empochant automatiquement un billet pour le Super Grand Prix Longines, prévu le 22 novembre à Riyad. Celle qui était encore infirmière voici deux ans a su saisir sa chance pour vivre sa passion. Cette victoire ne fait que valider son choix et en appelle très probablement d’autres. La deuxième place de Max Kühner et EIC Up Too Jacco Blue, fautifs aiu barrage, fut quelque peu occultée non seulement par la victoire de la jeune tricolore, mais aussi par les trois et quatrième places de Nina Mallevaey et Jeanne Sadran. La nouvelle génération est en marche et elle a pris le galop!