L’amateure (très) éclairée Luciana Lossio se fait un nom dans l’épreuve reine de Chantilly Classic
Son coup d’éclat dans le Grand Prix 5* de Wellington en mars n’en était en réalité pas un. La Brésilienne Luciana Lossio a aujourd’hui démontré qu’il faut bien compter sur elle au sommet, puisqu’elle a remporté le Grand Prix 4* de la ville à Chantilly Classic, sur sa partenaire ô combien méritante Lady Louise JMEN. L’amateure et sa baie de quatorze ans célèbrent leur premier sacre sur le Vieux Continent devant la Française Juliette Faligot et Arqana de Riverland.
Jusqu’alors inconnue du grand public, Luciana Lossio a frappé un grand coup cet après-midi face aux somptueuses Grandes Écuries, dans le Grand Prix de la ville au CSI 4* de Chantilly Classic. Pour cause, la cavalière de bientôt cinquante ans s’est imposée devant des tribunes archi combles, mais surtout quarante-huit concurrents rompus à l’exercice, succédant ainsi à la championne olympique par équipes américaine Laura Kraut. “C’est fantastique, je réalise un rêve en gagnant ici à Chantilly, en France, dans un cadre et une ville aussi formidables, qui signifient énormément pour les chevaux”, s’est réjouie la lauréate avant la remise des prix. Un succès qui la met indiscutablement sous le feu des projecteurs en Europe, ce qu’elle avait déjà vécu outre-Atlantique plus tôt dans l’année.
En mars à Wellington, où elle a concouru lors du Winter Equestrian Festival, la Brésilienne avait en effet remporté son tout premier Grand Prix CSI 5*. Un succès inédit, qui l’est encore plus lorsque l’on sait que Luciana Lossio est une cavalière amateure (très) éclairée. Avocate au Brésil et proche de l’ancienne présidente du pays Dilma Rousseff, elle n’avait concouru que jusqu’en CSI 2* entre 2015 et 2021. “J’exerce comme avocate au Brésil et ne suis donc qu’une cavalière amateure. Je suis venue cette année en Europe afin d’être observée de près par le staff fédéral en vue des Jeux olympiques de Paris, mais je n’ai malheureusement pas été sélectionnée pour l’échéance car notre pays compte des cavaliers extraordinaires”, détaille Luciana Lossio.
“J’avais acheté cette jument pour concourir dans des épreuves à 1,20m !”
C’est en 2022 que la grande gagnante du jour a pris une toute nouvelle dimension. Une ascension éclaire qu’elle doit à sa rencontre avec la formidable Lady Louise JMEN, une jument dont elle fait l’acquisition il y a six ans et qui la mène avec assurance vers les sommets. “Initialement, je l’avais achetée pour concourir dans des épreuves à 1,20m ! C’est en fait mon entraîneur qui l’a trouvée au Brésil et nous avons grandi ensemble, progressant des épreuves à 1,20m jusqu’à ce genre de Grands Prix. Elle n’est pas ma seule jument, j’en ai d’autres au Brésil, mais je n’ai traversé l’Atlantique qu’avec elle”, raconte avec simplicité Luciana Lossio, dont les réussites sont d’autant plus remarquables qu’elle ne concourt sur la scène internationale qu’avec sa fille de Landario JMEN. À la différence de ses concurrents, elle ne peut donc pas engranger de l’expérience en multipliant les parcours avec différents chevaux.
Sur le tracé imaginé par l’un des deux chefs de piste des prochains Jeux olympiques, le Français Grégory Bodo, Luciana Lossio et sa très volontaire baie se sont baladées, tant lors du parcours initial qu’au barrage. Si le premier tour a d’abord semblé accessible, avec deux sans-faute dès le début d’épreuve, ils n’ont finalement été que cinq à trouver la clé et accéder au parcours réduit. Ultime prétendante à la victoire, l’Auriverde a très largement abaissé le chronomètre de référence de Juliette Faligot, passant de 38“63 à 36“56. La Nordiste avait sellé pour l’occasion Arqana de Riverland, son excellente fille de Cornet Obolensky (ex Windows vh Costersveld), confiée quelques mois à la légende britannique John Whitaker. L’espoir de côtoyer l’olympe n’ayant pas abouti, le duo s’est reformé début juin et se place déjà en haut de l’affiche.
Sous les conseils de l’Allemand Markus Beerbaum et en selle sur la bondissante Gelvera, l’Américaine Alise Oken a complété le trio de tête en franchissant les cellules d’arrivée en 39“26. Elle supplante Inès Joly, ouvreuse de l’épreuve et donc du barrage avec Platini de Kalvarie. Une semaine après son premier sacre en Grand Prix 5*, la Stéphanoise exilée en Normandie a surfé sur la vague du succès. Dernier barragiste et vaincu par ses consœurs, Valentin Besnard a bouclé l’épreuve au cinquième rang sur la styliste Diamantina Beaufour.
Sur un parcours qui a causé des fautes un peu partout, Nicolas Delmotte s’est montré particulièrement à l’aise avec son Jordan Molga M. Seul le temps accordé, abaissé de deux secondes en début d’épreuve par le course designer, leur a fermé les portes du barrage.
Le CSI 4* de Chantilly Classic est à voir et revoir en intégralité sur GRANDPRIX.tv
Ci-après, le barrage victorieux de Luciana Lossio et Lady Louise JMEN.