Comment les délégations étrangères préparent-elles les JO et les vivront-elles? (1)

À moins de deux semaines du début des Jeux olympiques de Paris 2024 et de leurs épreuves équestres qui se dérouleront dans les jardins du château de Versailles, l’heure est aux derniers préparatifs pour toutes les nations. GRANDPRIX a contacté de multiples fédérations afin de savoir comment celles-ci organisaient leur préparation pour l’événement quadriennal et quelles logistiques elles mettraient en place pendant les Jeux, mais aussi plusieurs lieux qui accueilleront des délégations dans les prochains jours. Dans cette première partie, focus sur le programme des équipes de Suède, de Belgique et de Suisse de saut d’obstacles, mais aussi sur celui de l’escouade danoise de dressage et des trois collectifs allemands, qui compteront tous parmi les favoris à Versailles.



Très attendus depuis des mois, voire des années par certains, les Jeux olympiques de Paris 2024 seront ouverts officiellement le vendredi 26 juillet, soit dans moins de deux semaines. Les épreuves équestres olympiques, elles, débuteront dès le lendemain avec le dressage du concours complet, alors que la première épreuve de dressage pur aura lieu le 30 juillet, et celle de saut d’obstacles, le 1er août. Autant dire que toutes les escouades sont désormais dans leur toute dernière phase de préparation! Après s’être intéressé à celle des Français (notre article est à retrouver ici), GRANDPRIX a donc voulu savoir comment les équipes étrangères les plus en vue avaient articulé la leur, et si certaines délégations n’ont pas répondu à nos questions, d’autres, qui comptent parmi les favorites pour ces Jeux, l’ont fait. Dans cette première partie, nous vous détaillons le programme des équipes de jumping suédoise, belge et suisse, mais aussi de l’escouade danoise de dressage et de la délégation allemande.



La Suède au Club hippique de Versailles

Henrik Ankarcrona, chef de l’équipe suédoise de saut d’obstacles championne olympique, du monde et d’Europe en titre, a expliqué à GRANDPRIX qu’il n’organiserait pas stage de préparation avec ses cavaliers. “L’équipe a participé à tellement de Coupes des nations ensemble que nous nous connaissons très bien, et ce n'est donc pas nécessaire”, a-t-il indiqué. Il faut dire en effet qu’Henrik von Eckermann, Rolf-Göran Bengtsson, Peder Fredricson et Malin Baryard-Johnsson, sélectionnés pour Paris 2024 avec King Edward Ress, Zuccero HV, Catch Me Not S et H&M Indiana, étaient déjà les représentants de la Suède à Tokyo, par exemple.  Toutefois, les quatre couples, ainsi qu’un cinquième dont Henrik Ankarcrona a préféré ne pas dévoiler l’identité, arriveront en Île-de-France deux jours avant de rejoindre les écuries olympiques. Les chevaux seront alors accueillis au Club hippique de Versailles, fraîchement rénové pour l’occasion. Le directeur de celui-ci, où un nouveau marcheur, une nouvelle carrière, un nouveau barn de boxes plus spacieux et un nouveau bâtiment d’accueil ont vu le jour, tandis que le sol du manège a été remplacé, a indiqué à GRANDPRIX que la Suède avait “privatisé” l’endroit du 22 au 30 juillet, jour de l’entrée des montures de jumping dans les écuries olympiques. Les cavaliers et chevaux de complet et dressage de la nation scandinave y seront donc aussi hébergés un temps. Durant les Jeux, les cavaliers ne logeront pas au village olympique, mais dans un hôtel à Meudon, situé à seulement vingt-cinq minutes des jardins de Louis XIV. Ils y seront accompagnés par les athlètes de golf et de cyclisme de leur pays. “Nous allons recréer une sorte de petit village olympique suédois, si je puis dire ainsi”, s’amuse Henrik Ankarcrona, qui indique, par ailleurs, qu’aucun de ses cavaliers ne devrait prendre part à la cérémonie d’ouverture, sauf si l’un d’entre eux venait à être porte-drapeau.



Pas de stage pour l’équipe de saut d’obstacles belge non plus…

Grégory Wathelet et Bond Jamesbond de Hay.

Grégory Wathelet et Bond Jamesbond de Hay.

© Scoopdyga

Comme Henrik Ankarcrona, Peter Weinberg, le chef d’équipe des cavaliers belges de saut d’obstacles, a choisi de ne pas organiser de stage de préparation avant ces JO, car “nos cavaliers ont beaucoup d’autres chevaux avec lesquels ils doivent travailler chez eux, en plus de celui avec lequel ils sont sélectionnés.”  Pour l’événement quadriennal, ce sont les vice-champions du monde individuels de 2022, Jérôme Guéry et Quel Homme de Hus, mais aussi Gilles Thomas et Ermitage Kalone, Wilm Vermeir et Iq van Het Steentie ainsi que Grégory Wathelet et Bond Jamesbond de Hay, désignés remplaçants et qui ne devraient concourir qu’en individuel, qui représenteront le Plat Pays. Ermitage Kalone était présent le week-end passé au CSI 4* Valkenswaard, mais seulement pour y sauter 1,45m, tandis que Bond était au CSI 2* de Courrières, où il a pris part à deux épreuves à 1,40m. Iq, quant à lui, devrait prendre part à un petit concours national cette semaine.  Tous les chevaux sélectionnés ont, par ailleurs, été examinés tout récemment et “ils sont heureusement en parfaite forme et en pleine santé”, a affirmé Peter Weinberg. Certains des cavaliers de son équipe envisagent de prendre part à la cérémonie d’ouverture le 26 juillet, puis de rentrer chez eux. En effet, les chevaux de l’équipe belge arriveront directement dans les écuries olympiques le 30 juillet, sans être hébergés ailleurs en France auparavant. Les Diables rouges ne logeront pas au village olympique, mais dans un hôtel tout près du site de compétition versaillais.



…ni pour celle de Suisse…

En saut d’obstacles, la Suisse sera représentée lors de ces Jeux par les champions d’Europe en titre Steve Guerdat et Dynamix de Bélhème, mais aussi par Martin Fuchs et Leone Jei ainsi que Pius Schwizer et Vancouver de Lanlore, Edouard Schmitz ayant été désigné remplaçant avec Gamin van het Naastveldhof, qui lui a offert une belle victoire à Chantilly vendredi dernier. Leur chef d’équipe, Peter van der Waaij, a indiqué à GRANDPRIX que l’escouade helvétique ne se réunirait pas pour un stage officiel. En revanche, “tous les cavaliers sont installés assez près les uns des autres, donc nous allons nous entraîner ensemble, mais pas nécessairement tous au même endroit”, a-t-il ajouté. Les montures des Helvètes arriveront, comme celle des Diables rouges, directement aux écuries olympiques le 30 juillet, la veille de la première inspection des chevaux. Leurs cavaliers ne prendront pas part à la cérémonie d’ouverture, mais ils logeront bien au village olympique, contrairement aux athlètes de la majorité des délégations interrogées.



…ni pour l’escouade de dressage danoise

Les boxes où seront abrités les chevaux de l'équipe d'Allemagne de dressage ont été fraîchement rénovés par la famille Thouvenin.

Les boxes où seront abrités les chevaux de l'équipe d'Allemagne de dressage ont été fraîchement rénovés par la famille Thouvenin.

© Collection privée

Championne du monde en titre et comptant parmi les trois grandes équipes favorites de ces Jeux olympiques en dressage, l’escouade danoise sera composée de Cathrine Laudrup-Dufour et Mount St. John Freestyle, Daniel Bachmann Andersen et Vayron, ainsi que Nanna Skodborg Merrald et Blue Hors Zepter, alors que Nadja Aaboe Sloth a été désignée remplaçante avec Favour Gersdorf. Leur cheffe d’équipe, Anne-Mette Binder, leur a laissé le champ libre dans la préparation de leurs chevaux pour les Jeux, avec leurs entraîneurs privés, d’autant que l’ensemble des cavaliers se connaissent bien et ont l’habitude de concourir ensemble. Les troupes danoises se sont retrouvées ce mercredi 17 juillet pour permettre notamment à Mount St. John Freestyle et Blue Hors Zepter, très peu sortis cette saison, de dérouler un Grand Prix Spécial. Ensuite, leur seul impératif tombera le 22 juillet, durant laquelle les cavaliers danois, entourés de leurs grooms et de l’équipe fédérale, “participeront à des activités diverses, comme du rafting ou des jeux variés, afin de développer la cohésion au sein du collectif”, a expliqué Anne-Mette Binder dans un entretien auprès de GRANDPRIX. De manière assez singulière, cette journée de team building aura lieu dans une ancienne prison danoise, reconvertie en lieu d’accueil pour ce type d’activités. La cheffe d’équipe arrivera à Versailles dès le 24 juillet pour reconnaître les lieux et préparer ce dont son équipe a besoin, avant que chevaux et cavaliers ne la rejoignent le 26 juillet. D’ailleurs, si rien n’était encore fixé lorsque GRANDPRIX a contacté celle qui est également juge de concours complet, elle n’excluait pas que certains athlètes de son équipe participent à la cérémonie d’ouverture ce soir-là. Un ou des chevaux de réserve de l’équipe danoise seront, par ailleurs, en attente dans une écurie proche de Versailles jusqu’à la première inspection, prévue le xx juillet. Les cavaliers ne dormiront pas au village olympique, mais “dans un village olympique satellite nommé The Wish (soit le vœu en français, ndlr) et dont s’occupe le comité national olympique danois”.



Un fonctionnement adapté à chaque discipline chez les Allemands

Le haras de Bréval est décrit par ses propriétaires comme un véritable havre de paix dans le bloc Allemagne.

Le haras de Bréval est décrit par ses propriétaires comme un véritable havre de paix dans le bloc Allemagne.

© Collection privée

L’Allemagne, qui détient le record de médailles obtenues dans les épreuves équestres des Jeux olympiques avec trente-sept décorations, aura cette année encore des chances de podium …dans les trois disciplines au programme?! En saut d’obstacles, où Christian Kukuk, Richard Vogel et Philipp Weishaupt représenteront la nation germanique avec Checker, United Touch S et Zineday alors que Jana Wargers et Dorette sont remplaçantes, Otto Becker n’a pas prévu de stage pour ses troupes. Selon la Fédération équestre allemande, aucun autre regroupement officiel n’est prévu non plus avant que les chevaux de jumping n’intègrent les écuries olympiques le … 

En revanche, il n’en va pas de même en concours complet, ni en dressage. Ainsi, Peter Thomsen, le chef d’équipe des complétistes, et Rodolphe Scherer, leur entraîneur pour le cross, seront présents au domaine de la Chapelle Saint-Richer, dans le Calvados, où est également installé Astier Nicolas, toute la semaine précédant l’emménagement des chevaux à Versailles. Sandra Auffarth, Michael Jung, Christoph Wahler et Julia Krajewski, désignée réserviste, n’auront pas l’obligation de rester au sein de la structure normande avec Viamant du Matz, fischerChipmunk, Carjatan S et Nickel toute la semaine, mais devront y être présents au moins les trois derniers jours. L’an passé, déjà, les Allemands avaient préparé les Européens du Pin-au-Haras au sein de ce domaine. Les dresseurs allemands, eux, seront en stage de préparation à un peu moins d’une heure de Versailles, à Bréval, dans les Yvelines. Ils y seront installés au haras LTH Dressagevalue, géré par Léna Thouvenin, cavalière française de Grand Prix, du 21 au 26 juillet. Pour cette dernière phase de préparation, les Germaniques emmèneront six chevaux, à savoir Bluetooth, Dalera, Wendy de Fontaine et Franziskus, les montures de Frederic Wandres, Jessica von Bredow-Werndl, Isabell Werth et Ingrid Klimke, qui a été désignée remplaçante, mais aussi Great Escape Camelot et Quantaz. Respectivement montés par Raphael Netz et Isabell Werth, ceux-ci font office de réservistes.  

“Camelot et Quantaz vont même rester chez nous jusqu’au 29 juillet, jour de l’inspection des chevaux, au cas où une substitution serait nécessaire au sein de l’équipe”, explique Léna Thouvenin, ravie d’accueillir ces pensionnaires d’élite au sein de sa structure. “Nous leur avons trouvé un hôtel très sympa près du haras, et avons tout organisé pour leurs repas ainsi que ceux de leurs grooms. Nous avons aussi effectué plein de rénovations au niveau des boxes pour leur arrivée. Notre structure est un vrai havre de paix, et cela a beaucoup plus aux Allemands, qui tenaient vraiment à être au calme. Lorsque Monica (Theodorescu, co-entraîneure de l’équipe d’Allemagne, ndlr) est venue visiter avec Klaus Roeser (le chef d’équipe, ndlr), ils ont prêté une grande attention au sol et se sont montrés ravis d’arriver dans une écurie très professionnelle et où nous savons ce qu’est le haut niveau. Côté sécuritaire, nous avons neuf caméras de surveillance et les forces spéciales de police seront positionnées aux entrées du haras afin de ne laisser passer que les personnes autorisées, dont feront bien sûr partie celles qui ont un cheval en pension chez nous. Monica d’ailleurs insisté sur le fait que nous pouvions, ainsi que les propriétaires de chevaux du haras, venir voir leurs séances d’entraînement sans aucun problème. C’est vraiment génial?! En outre ils nous ont proposé d’organiser un apéritif avec nos clients, et ils ont souhaité nous convier à tous leurs dîners.” 

La deuxième partie de cet article est à retrouver ici