Kevin Staut et Beau de Laubry offrent un récital au public de Dinard

À quelques jours des épreuves olympiques des Jeux de Paris 2024, Kevin Staut a remporté le Grand Prix Rolex de la Ville de Dinard, étape de la nouvelle Rolex Series, en selle sur Beau de Laubry, cet après-midi en Bretagne. Un bouquet final à la hauteur des quatre jours de grand sport auquel a donné lieu le Jumping international de Dinard. Au terme d’un barrage captivant, Le Normand a devancé deux membres du top cinq mondial, le Suisse Steve Guerdat, deuxième sur Vénard de Cerisy, et l’Autrichien Max Kühner, tenant du titre et troisième avec EIC Cooley Jump the Q.



Et soudain, les tribunes archi combles du stade équestre du Val Porée explosèrent de joie. Après avoir retenu leur souffle durant les dernières foulées du barrage de Kevin Staut dans le Grand Prix Rolex Series de Dinard, le franchissement de l’ultime obstacle, sans faute, et dans le temps le plus rapide, libéra toute une foule, qui se leva aussitôt pour saluer l’incroyable performance du Normand, victorieux en selle sur Beau de Laubry, avec lequel il s’était déjà imposé en Coupe du monde Longines l’automne dernier à Stuttgart. Dix-septième au classement mondial Longines des cavaliers, Kevin Staut, inlassable compétiteur concourant avec succès au niveau 5* depuis quinze ans (!), savoura alors l’instant, sa bombe tendue vers le ciel breton, bleu comme une évidence, et le regard admiratif vers Beau de Laubry, son hongre Zangersheide de onze ans par Bisquer Balou C et une mère par Nabab de Rêve. Pour la petite histoire, ce bai est issu de la même souche maternelle qu’A Pikachu de Muze (BWP, Kannan), Casimir de la Pomme (BWP, Nabab de Rêve), London alias Carembat de Muze (BWP, Nabab de Rêve), Golden Hawk alias Figo de Muze (BWP, Vigo d’Arsouilles), Dabelle (sBs, Nabab de Rêve), mais aussi, parmi d’autres, de Taran de la Pomme (sBs, Tolano van’t Riethof), que Kevin avait valorisé jusqu’à 1,60m en 2013.

Premier à s’élancer au barrage, Steve Guerdat, champion d’Europe en titre et champion olympique en 2012 à Londres, a placé la barre très haut (42’’44), signant un parcours frappé du sceau de l’harmonie avec son vénérable Vénard de Cerisy, désormais âgé de quinze ans.  Kevin Staut, dernier à partir, personne n’est parvenu à s’approcher de son temps à moins d’une seconde. Champion olympique par équipes à Rio en 2016, champion d’Europe en 2009 sur Kraque Boom, l’Augeron, qui vivra ses troisièmes JO dans quelques jours avec Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie, a pris tous les risques, en coupant chacune des trajectoires. Un engagement indispensable pour espérer l’emporter. Un pari gagnant, puisqu’il a battu le Jurassien d’1’’02. Ce faisant, il a succédé à Alexis Deroubaix, dernier français vainqueur à Dinard, en 2019 avec Timon d’Aure.



“J’ai vite compris que mon barrage ne suffirait pas pour gagner”, Steve Guerdat

“Je suis bien évidemment ravi, d’autant que nous avons vécu du sport d’un niveau incroyable. Dinard est un concours génial porté par un public extraordinaire et un terrain très spécial, avec du dénivelé, sur lequel mon cheval est à l’aise. L’histoire transpire ici, ce qui donne une autre dimension à ce concours, fidèle aux fondements de notre sport. J’ai disputé ce Grand Prix dix, voire quinze fois. J’ai souvent obtenu des accessits, mais je n’avais jamais eu le bonheur de gagner, car le niveau est toujours extraordinaire. Je ressens une grande joie, et je suis ravi que Dinard soit une étape de la Rolex Series. Rolex soutient fidèlement notre sport depuis très longtemps, ainsi que quelques cavaliers dont j’ai la chance de faire partie, avec un vrai esprit familial. D’une certaine façon, une telle victoire permet de rendre à ce partenaire ce qu’il nous donne.” Un triomphe qui permet au cavalier d’emmagasiner de la confiance à quelques jours des JO de Paris, dont les épreuves équestres dérouleront dans le parc du château de Versailles. “Gagner un tel Grand Prix procure une belle énergie. Pour autant, j’ai monté chaque épreuve de ce concours sans penser à la suite. Il sera temps d’y penser ensuite.”

Finalement deuxième, Steve Guerdat a oscillé entre satisfaction et frustration. “Dans un tel concours on ne se pose pas de questions, et encore moins avec un cheval que je connais par cœur. J’ai donc tout essayé dès le départ. Vénard a été formidable. Pour autant, dès le troisième obstacle, je me suis rendu compte qu’il me manquait un peu de folie dans ce barrage. J’ai vite compris que cela ne suffirait pas. C’est une petite déception, parce que c’est un concours qui me tient à cœur et dont je n’ai pas encore gagné le Grand Prix.”



Des Français à la hauteur du rendez-vous

Toujours plus compétitifs, Harold Boisset et T’Obetty du Domaine ont remporté l’une de leurs plus belles victoire ce matin au Val Porée.

Toujours plus compétitifs, Harold Boisset et T’Obetty du Domaine ont remporté l’une de leurs plus belles victoire ce matin au Val Porée.

© Sportfot

Sur le parcours épais, technique et malicieux dessiné par Jean-François Morand, comptant quatorze obstacles et dix-sept efforts, seuls six des trente-six partants sont parvenus à sortir de piste sans pénalité au compteur. Steve Guerdat fut le premier à y parvenir avec son Selle Français, suivi de l’Autrichien Max Kühner, bien décidé à conserver son titre, remporté l’an dernier avec Elektric Blue P, mais seulement troisième avec EIC Cooley Jump The Q. Ce duo a été rejoint par le Mexicain Federico Fernández, sixième sur le Selle Français Romeo (ex-Barachiel d’Ouilly), fautif au barrage, Nicolas Delmotte, quatrième grâce à un impeccable double sans-faute avec Jordan Molga M, l’Italien Lorenzo de Luca, cinquième sur Denver de Talma, surpris par le premier obstacle du barrage, et bien sûr Kevin Staut, qui a pleinement profité de sa position de dernier concurrent. 

Les Français ont été au rendez-vous cet après-midi, puisque Mégane Moissonnier s’est classée septième sur Bracadabra, que Julien Gonin a terminé dixième sur Caprice de Guinfard, et qu’Alexa Ferrer a fini douzième et dernière classée de l’épreuve, juste devant Nicolas Layec et Bulgarie d’Engandou. Les deux Julien, Épaillard et Anquetin, a concédé huit points sur Donatello d’Auge et Farah Tame, auxquels ils ont demandé d’accélérer après une première faute, dans l’espoir de finir dans le top dix. Quant à Philippe Rozier, il a bouclé le tour initial avec seize points sur Le Coultre de Muze.

Lancée par le Prix du Grand Hôtel Barrière, point d’orgue du CSI 3*, la journée a sacré Harold Boisset et T’Obetty du Domaine, la plus rapide des huit barragistes, toujours plus fringante et compétitive. Kevin Staut et Lorenzo de Luca ont complété le podium avec Vida Loca et Violino il Palazetto. Là aussi, les Bleus ont brillé, Cédric Hurel et Fantasio Floreval, champions de France en titre, se classant quatrièmes, deux rangs devant la Bretonne Margaux Rocuet et Elektra des Prémices, qui ont-elles-même précédé Alexandra Paillot, septième sur Townhead Liberty V, Robin Le Squeren, huitième avec FBI D’Ellipse, et Émeric George, neuvième avec un point de temps dépassé sur le très prometteur Gengis Kann de Londe.

Les résultats du Grand Prix CSI 5* Rolex
Le parcours
Les résultats du Grand Prix CSI 3*

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