Comment les délégations étrangères préparent-elles les JO et les vivront-elles? (2)

À quelques jours à peine du coup d’envoi des Jeux olympiques de Paris 2024 et de leurs épreuves équestres, l’heure est aux derniers préparatifs pour toutes les nations. GRANDPRIX a contacté de multiples fédérations afin de savoir comment celles-ci organisaient leur préparation pour l’événement quadriennal et quelles logistiques elles mettraient en place pendant les Jeux, mais aussi plusieurs lieux qui accueilleront des délégations dans les prochains jours. Après une première partie notamment consacrée à l’Allemagne et à la Suède, cap désormais sur les États-Unis, le Canada, ou encore la Nouvelle-Zélande et le Brésil, ainsi que sur le haras de Jardy, qui accueillera bien des nations.



Les complétistes américains de retour à Vittel

La première partie de cet article est disponible ici

Très attendus depuis des mois, voire des années par certains, les Jeux olympiques de Paris 2024 seront ouverts officiellement ce vendredi 26 juillet. Les épreuves équestres olympiques, elles, débuteront dès le lendemain avec le dressage du concours complet, alors que la première épreuve de dressage pur aura lieu le 30 juillet, et celle de saut d’obstacles, le 1er août. Autant dire que toutes les escouades sont désormais dans leur toute, toute dernière phase de préparation! Après s’être intéressé à celle des Français (notre article est à retrouver ici), GRANDPRIX a donc voulu savoir comment les équipes étrangères les plus en vue avaient articulé la leur. Si certaines délégations n’ont pas répondu à nos questions, à l’instar des Britanniques par exemple, d’autres, qui comptent parmi les favorites pour ces Jeux, l’ont fait. Après une première partie consacrée notamment aux programmes de l’Allemagne, de la Suède, ou encore de l’équipe danoise de dressage, cap désormais sur les États-Unis, le Canada, le Brésil, l’Autriche et la Nouvelle-Zélande, mais aussi sur le haras de Jardy. Située à Marnes-la-Coquette, à cinq kilomètres à peine du site des épreuves équestres, cette structure aura un rôle bien particulier pendant les Jeux.

L’équipe étasunienne de concours complet, vice-championne du monde en titre, a choisi Vittel comme lieu de préparation pour les Jeux. Il y a deux ans déjà, les Américains avaient préparé les Mondiaux de Pratoni, qui leur avaient très bien réussi, dans cette cité thermale. Comme l’a expliqué la Fédération équestre américaine à GRANDPRIX, “l’équipe a estimé que cet endroit disposait de toutes les installations nécessaires pour permettre aux chevaux de se reposer après leur vol depuis les États-Unis et pour maintenir leur forme et leur niveau d’entraînement jusqu’à leur départ pour Versailles.” Ainsi, William Coleman et Off The Record, mais aussi Boyd Martin et Fedarman B, Caroline Pamukcu et HHS Blake ainsi que Elisabeth Halliday et Cooley Nutcracker, désignés remplaçants, ont établi leur quartier dans les Vosges jusqu’au 24 juillet.? “Nous sommes en contact avec le chef d’équipe américain, Robert Costello, depuis plusieurs années maintenant”, a développé pour GRANDPRIX Dominique Simonin, à la tête de Vittel Rond Pré Équitation, la structure où sont installés les complétistes américains. “Ici, ils ont accès aux carrières de travail ainsi qu’à l’ancien aérodrome (où se déroule une partie du cross des Master Pros, malheureusement annulés cette saison en raison des conditions météorologiques, depuis plusieurs années, ndlr) pour galoper. Les cavaliers sont au calme, et logés dans un hôtel juste en face de nos installations.”? 

En dressage, l’escouade composée des vice-champions olympiques par équipes en titre Steffen Peters et Suppenkasper, mais aussi d’Adrienne Lyle et Helix, de Marcus Orlob et Jane, ainsi que d’Endel Ots et Bohemian, qui ont été désignés remplaçants, se prépare dans un lieu “choisi pour sa proximité avec Versailles.” La fédération américaine n’a pas fourni d’informations complémentaires concernant la préparation de son équipe de jumping, composée de Kent Farrington, Laura Kraut et McLain Ward avec Greya, Baloutinue et Ilex, ainsi que Karl Cook et Caracole de la Roque comme remplaçants. En revanche, l’instance a indiqué que ses athlètes avaient “pour la plupart renoncé à participer à la cérémonie d’ouverture. Ils pourront la regarder ensemble dans notre hôtel”. Car en effet, les cavaliers étasuniens ne logeront pas au village olympique. “Au vu de la localisation de celui-ci et de l’endroit où se déroulent les compétitions équestres, notre équipe a décidé de loger les athlètes et leur encadrement plus près de Versailles pour éliminer les problèmes de transport.”




Un séjour berrichon pour l’équipe canadienne de concours complet

Les Canadiens du concours complet ont fait le choix de la tranquillité et du confort du Pôle du cheval et de l’âne de Lignières-en-Berry.

Les Canadiens du concours complet ont fait le choix de la tranquillité et du confort du Pôle du cheval et de l’âne de Lignières-en-Berry.

© ACEVA Lignières

Au même titre que leurs voisins, les Canadiens du concours complet ont fait le choix de la tranquillité et du confort pour leur stage de préparation. Cette année, ce sont Jessica Phoenix et Freedom Cs, Karl Slezak et Hot Bobo, Michael Winter et El Mundo mais aussi de Colleen Loach et Fe Golden Eye, désignés remplaçants, qui ont été sélectionnés pour représenter la feuille d’érable aux Jeux olympiques dans le triathlon des sports équestres. Avant de rejoindre les jardins de Louis XIV, ces couples se préparent pour l’heure du côté du Pôle du cheval et de l’âne de Lignières-en-Berry. Emmanuel Lagarde, qui organise chaque année des CCI 4* sur ce site et l’hippodrome attenant, a déclaré à GRANDPRIX “qu’il y avait eu une très forte volonté politique de la part du département du Cher d’être associé au projet olympique. Des tentatives ont eu lieu dans moult sports pour faire venir des équipes en préparation, mais je crois que nous sommes les seuls, ou presque, à avoir réussi. Nous avons été en contact avec plusieurs nations, dans plusieurs disciplines. En concours complet, nous étions notamment en pourparlers avec la Nouvelle-Zélande (dont les cavaliers ont l’habitude de disputer les CCI 4* de Lignières, ndlr), mais leur encadrement fédéral est venu visiter le site en pleine canicule l’an passé et a donc, logiquement, craint la chaleur. Finalement, le contact avec les Canadiens a été établi via Katherine Malensek, qui a participé à notre concours l’an passé, et aussi grâce à Xavier Traisnel, le mari de Lindsay Traisnel (la cavalière canadienne est installée avec son mari, français, en Île-et-Vilaine, ndlr). Je pense que l’équipe canadienne a été séduite, au-delà des installations, par la tranquillité de l’endroit, le côté convivial, mais aussi par le fait que les coûts restent très raisonnables ici. Par ailleurs, nous sommes en quelque sorte du bon côté de Versailles, donc relativement proches en temps (à trois heures en voiture, ndlr) du site des épreuves.” La fédération équestre canadienne n’a pas répondu à nos sollicitations concernant le programme de son escouade de jumping.



Les Kiwis au Pin-au-Haras

S’ils n’ont finalement pas choisi de se préparer à Lignières-en-Berry, les complétistes néo-zélandais ont jeté leur dévolu sur le Pôle international de sports équestres (PISE) du Pin-au-Haras pour leur stage d’avant-JO. “Honnêtement, je pensais que cela serait très difficile de pouvoir nous préparer ici et que nous serions en concurrence avec beaucoup d’autres nations, car pour moi, c’est vraiment le meilleur endroit possible”, s’est réjoui Jonathan Paget, lui-même médaillé olympique et désormais à la tête de l’équipe de complet de son pays, auprès de GRANDPRIX. “Nous voulions vraiment éliminer les risques liés au transport, et avoir du temps pour amener les chevaux à leur meilleur niveau avant le début de la compétition olympique.” Au PISE, où ils sont arrivés le 18 juillet, Clarke Johnstone, Jonelle et Tim Price sélectionnés avec Menlo Park, Hiarado et Falco, ainsi que Caroline Powell et Greenacres Special Cavalier, désignés remplaçants, peuvent profiter de pistes en subirrigations pour s’entraîner au dressage et saut d’obstacles. Par ailleurs, “le parc du Hautbois offre un terrain ideal pour le travail sur les obstacles de cross”, et “une toute nouvelle piste de galop en ligne droite a même été construite dans cette zone afin de permettre aux cavaliers de travailler avec leurs montures sur la condition physique de celles-ci”, peut-on lire dans un communiqué du PISE. “Nous sommes très heureux ici”, s’est réjoui Tim Price. “Notre équipe est composée de couples de très haut niveau, et en plus, nous avons du beau temps, ce qui nous change après toute la pluie que nous avons eue en Grande-Bretagne(où les Price et bien d’autres Néo-zélandais notamment sont installés, ndlr). Bien sûr, on voit tout de même qu’il a beaucoup plu ici aussi, car toute la végétation est très verte!”

Jonathan Paget a confirmé que des duos néo-zélandais supplémentaires se tiendraient prêts au haras de Jardy en cas de besoin de substitution. Les Kiwis sélectionnés pour ces JO et leur encadrement fédéral logeront, par ailleurs, à Vélizy, et non pas au village olympique. Ils ne participeront pas non plus à la cérémonie d’ouverture. “Malheureusement, elle est trop proche du début de la compétition (prévu le lendemain matin en complet, ndlr), d’autant qu’il semble probable que la soirée de la cérémonie sera longue et que les athlètes rentreront seulement aux premières heures du matin.”?



Le Brésil sur les plages normandes

L’équipe du Brésil de saut d’obstacles, médaillée de bronze aux Jeux panaméricains l’an passé, sera composée de Stephan De Freitas Barcha, Yuri Mansur et Rodrigo Pessoa avec Chevaux Primavera*Imperio Egipcio, Miss Blue-Saint Blue Farm et Major Tom (ex- Nielsdaka van de Rhamadia Hoeve). Pedro Veniss, lui, a été désigné remplaçant avec Nimrod de Muze*Imperio Egipcio. Contacté par GRANDPRIX, Philippe Guerdat, le sélectionneur de la Seleçao, qui avait mené les Bleus à l’or olympique à Rio en 2016, a expliqué que les Brésiliens se rendraient aux Pays-Bas pour une séance de saut d’obstacles ce mercredi 24 juillet. Ensuite, les Auriverdes et leurs montures iront “trois jours à la plage en Normandie”. Par ailleurs, les cavaliers prendront part à la cérémonie d’ouverture et logeront au village olympique.



Pas de stage pour l’équipe de saut d’obstacles autrichienne

Aux championnats d’Europe de saut d’obstacles de Milan, l’an passé, l’Autriche a créé une véritable sensation en s’octroyant le bronze dans la compétition collective, et en décrochant ainsi son ticket pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Comme l’a indiqué la Fédération autrichienne, aucun stage de préparation n’est prévu pour Max Kühner et Elektric Blue P, Gerfried Puck et Equitron Naxcel V, Katharina Rhomberg et Cuma ainsi que Christoph Obernauer – désigné remplaçant – et Kleons Renegade, qui la représenteront en jumping à Versailles. Les montures de l’équipe arriveront tout de même en Île-de-France les 28 et 29 juillet, avant d’intégrer les écuries olympiques le 30 juillet. Logiquement, aucun des quatre cavaliers sus-cités ne prendra donc part à la cérémonie d’ouverture. En revanche, Florian Bacher, Victoria Max-Theurer, Christian Schumach et Stefan Lehfellner (remplaçant), qui représenteront l’Autriche en dressage avec Fidertraum, Abbeglen FH, Te Quiero SF et Roberto Carlos MT, seront, eux, bien présents lors de la cérémonie d’ouverture. L’ensemble des cavaliers autrichiens logeront dans un hôtel proche du site de Versailles.



Le haras de Jardy accueillera vingt-cinq délégations

Vingt-cinq délégations vont se succéder au haras de Jardy.

Vingt-cinq délégations vont se succéder au haras de Jardy.

© Haras de Jardy

Situé à Marnes-la-Coquette, à cinq kilomètres à peine du site des épreuves équestres, le haras de Jardy sera le théâtre d’un véritable ballet de chevaux.?Pendant deux semaines, du 21 juillet au 6 août, vingt-cinq délégations vont se succéder au sein de cette structure. Certaines, comme l’équipe de suisse de jumping, dont les montures arriveront dans les Hauts-de-Seine le 30 juillet avant de partir pour les écuries olympiques deux jours plus tard, ont décidé de se rendre à Jardy au complet. D’autres, comme l’Australie en jumping mais aussi les Pays-Bas en concours complet, ont choisi de faire héberger leurs chevaux de réserve à Marnes-la-Coquette jusqu’à la date limite pour les substitutions de couples. “L’hébergement des chevaux représente ici, à Jardy, un total de cent vingt nuitées sur la période, avec un pic d’arrivées et de départs autour du 25 juillet”,a expliqué Julien Pelletier, le directeur adjoint de Jardy Équitation, à GRANDPRIX. “Une fois arrivées sur place, les délégations ont accès aux carrières, selon des créneaux horaires, afin de se préparer au mieux avant l’échéance olympique.”