Le Parc équestre fédéral fête (déjà) ses trente ans
Après le cru 2023, qui avait offert l’occasion de fêter le demi-siècle des championnats de France Poneys, l’édition 2024 du Generali Open de France, qui s’achève le 27 juillet pour sa partie consacrée aux championnats de France Clubs, célèbre les trente ans d’existence du Parc équestre fédéral de Lamotte-Beuvron. En effet, celui-ci avait ouvert ses portes en juillet 1994 pour les premiers championnats Poneys disputés dans le Loir-et-Cher.
Motte féodale, logis Renaissance, château érigé au XVIIe siècle par l’archevêque de Bourges, puis domaine impérial de Napoléon III, avant de devenir de 1872 à 1992 la colonie pénitentiaire de Saint Maurice, puis d’éducation surveillée en milieu fermé pour les mineurs délinquants, le parc s’ouvre en 1994 à l’équitation afin de devenir au fil des ans la “maison de famille des cavaliers”, selon le souhait de Serge Lecomte. “Au début des années 90, nous nous sommes mis à la recherche d’un lieu pérenne pour nos championnats, qui serait la maison de famille des cavaliers, où ils aimeraient se retrouver d’année en année, au lieu d’avoir recours à des organisateurs dont les conditions changeaient tous les ans”, évoque Serge Lecomte, alors à la tête du Poney-Club de France et actuel président de la Fédération française d’équitation, et dont on peut dire que le Parc est la réalisation majeure de son engagement fédéral. “Ce lieu devait répondre à des conditions précises, situé dans une petite ville au centre de France afin que les participants venant de tout le pays mettent moins d’une journée pour venir, et située à côté d’une sortie d’autoroute.”
Christian Vuillet, alors président de la Délégation régionale d’équitation sur poneys, repère le site de Saint-Maurice, alors en friche après la fermeture de la maison d’éducation surveillée, et le fait visiter à Serge Lecomte un soir d’hiver, début 1993. Le futur président la de la FFE perçoit tout de suite le potentiel de ce lieu en déshérence, et reçoit le soutien de Patrice Martin-Lalande, député-maire de Lamotte-Beuvron à l’époque. Une seule condition est imposée par la préfecture, le lieu appartenant au ministère de la Justice: organiser les championnats de France Poneys de 1993 en région Centre (devenue Centre-Val-de-Loire depuis). Ils ont eu lieu en l’île Charlemagne d’Orléans. Un examen de passage réussi. C’est ainsi que, dès 1994, les championnats de France Poneys se sont installés à Lamotte-Beuvron, sur un lieu pérenne pour leur organisation, situé à moins d’une journée de route pour les clubs les plus éloignés de la Sologne.
Une friche devenue le deuxième plus grand parc équestre au monde
Organisateurs des championnats de France Poneys de la fin des années 1980 au début du XXIe siècle, Janick et Hervé Hallay des Fontaines se souviennent des débuts du Parc équestre: “Tout était en friche, avec des ronces partout et des bâtiments en ruine, vandalisés et squattés. Notre fils cadet, Yann, a été missionné à sa sortie de son service militaire pour déblayer tout cela avec une équipe de demandeurs d’emploi lamottois employés en contrats aidés.” L’actuel chef de travaux, Jean-Paul Laudel, faisait d’ailleurs partie de cette équipe. Après des championnats d’automne pour tester les lieux, Lamotte a donc accueilli ses premiers championnats de France Poneys en juillet 1994 avec les moyens du bord: modules temporaires de chantier, WC mobiles, carrières en herbe, tentes, etc. Les installations s’améliorent au fils des ans, jusqu’à faire du site le deuxième plus grand Parc équestre au monde après celui de Lexington, hôte des Jeux équestres mondiaux de 2010, et tous les ans d’un CCI 5*-L et de CSI intérieurs et extérieurs.
Au fil des années, des acquisitions foncières et des travaux, le Parc s’agrandit est aussi devenu un lieu des stage pour les clubs dans l’esprit d’une maison de famille des cavaliers, où petits et grands se forgent des souvenirs pour la vie. En 2001 sont créés les premiers championnats Club. En 2007, le Parc fédéral devient le siège social de la FFE. Des événements équestres internationaux y sont organisés et le lieu s’ouvre à d’autres grands événements comme le Game Fair et les Nuits de Sologne. En 2012, le Generali Open de France est considéré le plus grand rassemblement équestre au monde, certifié par Guinness, société éditrice du livre des records, avec 13 838 participants différents. Il y a quelques années, le plus grand manège de France y est sorti de terre, offrant des conditions de travail inégalables aux stagiaires automnaux et hivernaux. Objet de critiques dès sa naissance – mais bien moins depuis dix ans – quant au bien-fondé de la part de la FFE d’engager de tels investissements, le développement de l’immense domaine solognot n’a nullement phagocyté l’activité des autres grandes structures, privées et publiques, actives dans toutes les régions de France. Sans doute a-t-il plutôt accompagné la croissance et la montée en gamme des activités équestres, notamment celles liées à la compétition.
Proposé par le FFE comme site olympique et paralympique pour les épreuves équestres des Jeux de Paris 2024, avec le soutien naturel des élus du Loir-et-Cher, il n’a pas été retenu par le Comité d’organisation, qui lui a préféré le parc du château de Versailles, offrant un cadre à la fois plus prestigieux et bien plus proche de la capitale. Cela n’empêche pas la FFE d’y poursuivre des investissements “Le parc vit actuellement une phase de travaux importants afin de parfaire l’accueil et l’organisation d’événements. Quant aux équipements équestres construits en priorité, ils répondent à nos besoins”, souligne Frédéric Bouix, délégué général de la FFE, qui coordonne la gestion du site. “Le parc équestre fédéral est à la fois un outil indispensable pour nos clubs, pour la promotion de l’équitation par l’organisation des grands événements qui y ont lieu, et un site d’accueil de séminaires. Il est aussi un acteur événementiel incontournable du Loir-et-Cher et de la région Centre-Val-de-Loire.”
À noter que le maire de Lamotte-Beuvron, Pascal Bioulac, qui fut directeur du Parc équestre fédéral, a justifié de l’existence de ce dernier pour demander le droit d’implanter un casino dans la bourgade solognote, devenue depuis trois décennies le point de rencontre majeur des cavaliers français chaque mois de juillet.