“J’aimerais essayer de participer à quelques Coupe des nations dans un futur proche”, Nina Mallevaey
À vingt-quatre ans, Nina Mallevaey partage sa saison entre Wellington, en Floride, et Kronenberg, aux Pays-Bas. Soutenue par la famille Rein depuis bientôt trois ans, la jeune Nordiste évolue aux côtés de la championne olympique par équipes américaine Laura Kraut et du champion olympique individuel britannique Nick Skelton. Troisième lors du Grand Prix du CSI 5* de Monaco avec Dynastie de Beaufour le 6 juillet, la Tricolore est revenue sur cette prestigieuse ligne ajoutée à son palmarès ainsi que son parcours jusqu’au sommet.
Quel regard portez-vous sur vos débuts avec Dynastie de Beaufour, que vous avez récupéré il y a peu et avec laquelle vous avez terminé troisième lors du Grand Prix du CSI 5* de Monte-Carlo le 6 juillet?
J’ai l’impression de la monter depuis toujours, nous nous entendons super bien! Elle a un caractère en or, avec beaucoup de moyens et un mental de guerrière. C’est une jument respectueuse qui donnerait tout pour son cavalier. Elle a toutes les qualités pour aller loin dans le sport. Nous avons commencé en 1,30m à Opglabbeek, fin avril. Je l’ai ensuite emmenée à Gassin pour sauter des épreuves plus hautes (le couple a concédé une faute dans le Grand Prix 3* à 1,55m, ndlr). Elle a été géniale tout le long. Nous avons par la suite décidé de l’inscrire dans son premier 5* à Saint-Tropez et encore une fois, elle nous a épaté et a tout sauté avec facilité. J’ai commis quatre points sur le dernier, de ma faute, mais elle n’a rien loupé. Depuis que je la monte, nous sortons de piste au pire avec quatre points, donc c’est encourageant. À Monaco, la piste était étroite, avec beaucoup de monde donc pour une grande jument comme elle, ça n’est pas évident, mais elle s’est très bien adaptée. Elle m’épate beaucoup et je suis chanceuse de l’avoir. C’est marrant car en concours, quand elle sait qu’elle fait bien, elle en joue et nous réclame plus de bonbons et de carottes (rires). C’est une jument très intelligente et maline, qui se rend compte qu’elle accompli de belles choses. J’espère continuer sur cette lancée et prendre de l’expérience car c’est tout nouveau pour elle, comme pour moi. J’aimerais pourquoi pas essayer de participer à quelques Coupe des nations dans un futur proche. Elle et Cartier sont tous les deux de très bons chevaux sur lesquels je peux compter pour participer à de belles épreuves.
Quelles sont les futures échéances prévues avec votre jument de onze ans?
Après Monaco et Chantilly, le prochain concours auquel je vais participer avec elle sera le CSIO 5* d’Hickstead du 23 au 28 juillet.
En parlant de Monaco, comment avez-vous vécu ce podium en Grand Prix 5*?
C’était beaucoup d’émotions. J’étais très contente de signer un sans-faute, mais en même temps frustrée d’avoir un point de temps dépassé, donc les émotions étaient partagées. Finalement, je suis très fière de ce que Dynastie a pu m’offrir et de ses performances à ce niveau en si peu de temps. Si on m’avait dit en début de week-end que j’allais monter sur le podium, j’aurais signé directement! Il s’agit de mon premier podium en Grand Prix 5* donc c’est particulier.
Sur le Rocher, vous êtes montée sur le podium avec Inès Joly et avez devancé Jeanne Sadran. La jeunesse française semble avoir de beaux jours devant elle! Comment l’analysez-vous?
C’est génial et cela a rendu le podium encore plus particulier à Monaco, car nous nous connaissons depuis toutes petites. Nous avons participé aux mêmes circuits ensemble en Poneys, Juniors, jusqu’aux 5*. C’est l’accomplissement de beaucoup de travail et j’espère qu’un jour nous pourrons nous retrouver dans la même équipe de France à haut niveau.
“C’est une chance de pouvoir travailler avec des cavaliers de cette envergure.”
Outre Dynastie de Beaufour, vous concourez également avec Crack d’la Rousserie, le propre frère de Ratina d’la Rousserie, qui s’est fait plus discret. Quels sont vos objectifs avec lui?
Crack revient de blessure, je le remonte depuis peu. Il a participé à une 1,45m à Kronenberg il y a deux semaines (entretien réalisé le 12 juillet, ndlr) où nous sommes classés quatrième et avons signé un double sans-faute. Nous avons voulu prendre le temps avant de le réengager en compétition. Il est désormais vraiment à l’aise et je le sens bien. J’essaye, que ce soit lui ou un autre de mes chevaux, d’adapter mes entrainements et mes programmes de concours à chacun, pour qu’ils soient toujours en forme. Je n’ai pas de programme complétement défini avec lui jusqu’à la fin de l’année, mais je vais essayer de l’écouter. J’aimerais bien retrouver les 5* évidemment. Avant, je participais plutôt aux épreuves de vitesse et il était très performant, donc j’espère les retrouver d’ici la fin de l’année. C’est toujours agréable d’avoir un cheval de son style quand on se rend sur des concours importants.
Qu’en est-il de My Clementine? À neuf ans, elle a participé à son premier concours 5* à Monaco…
C’est une superbe jument que j’ai récupérée plus ou moins en même temps que Dynastie, avec beaucoup de qualités et la volonté de bien faire. À Monaco, il s’agissait de son premier 5* et son premier concours du Global Champions Tour, donc c’était une atmosphère différente d’Opglabbeek ou Kronenberg par exemple, qui sont des grandes pistes sans trop de public. Elle s’est très bien comportée et s’est même classée sixième dans la 1,45m le premier jour. Je souhaite continuer à évoluer dans ce sens avec elle, ce sera une super jument.
Quid de Destine To Be, huit ans, avec lequel vous évoluez depuis avril seulement?
Comme tous mes autres chevaux, il appartient à la famille Rein qui me soutient depuis bientôt trois ans. J’ai beaucoup de chance. Ils en ont fait l’acquisition en mars, juste avant de repartir de Wellington. Il n’a que huit ans donc nous voulons prendre notre temps pour le construire et le faire évoluer, mais c’est un cheval qui a beaucoup d’énergie et beaucoup de moyens. Il évolue déjà dans des épreuves à 1,45m donc pour son âge c’est prometteur. Je pense que ce sera un bon cheval pour l’avenir.
Son achat était-il prévu?
En quelques sortes oui, car nous voulions trouver un cheval pour épauler Cartier. Quand je l’ai essayé j’ai tout de suite eu un coup de cœur. Il n’a que huit ans mais est rempli de qualités donc je ne me fais pas soucis pour le futur.
Avez-vous d’autres chevaux en formation?
Oui, j’ai un cheval de sept ans, nommé Mr Cornike et un de six ans, Nobu, qui sont tous les deux des fils de Cornet Obolensky (né Windows van’t Costersveld, ancienne monture de l’Allemande Marco Kutscher et champion d’Europe par équipes en 2011, ndlr), avec lesquels j’évolue dans des épreuves à 1,30m et 1,35m. Ce sont tous les deux des chevaux intelligents, avec beaucoup de moyens et de respect. L’objectif est le même qu’avec Destine?; leur apprendre les bases, prendre notre temps et évoluer tranquillement.
Comment s’organise votre saison de concours?
Ma saison de concours est entre guillemets divisée en deux, car je passe presque quatre mois à Wellington, pendant l’hiver et le reste de l’année en Europe. En Floride, je suis dans une écurie située à dix minutes à cheval du concours, donc niveau organisation, c’est le top. Tous les chevaux sont aux écuries donc cela me permet d’avoir un programme adapté, et de m’occuper de chacun, même si je participe au concours. Quand je rentre en Europe, le programme est différent. En 5*, j’emmène mes chevaux d’expérience, j’en profite pour faire concourir mes jeunes chevaux en 2*.
Vous évoluez depuis un peu plus d’un an maintenant aux côtés du couple de champions olympiques Laura Kraut et Nick Skelton, avec qui vous travaillez pour le compte de la famille Rein. Qu’en retirez-vous?
C’est une très grande opportunité. Mes propriétaires Tara Dow-Rein et Mark Rein ont décidé de s’associer avec Laura Kraut (championne olympique avec les États-Unis aux Jeux de Tokyo en 2008 et vice-championne par équipes à Tokyo en 2021, ndlr) et Nick Skelton (champion olympique avec la Grande-Bretagne à Londres en 2012 et champion olympique en individuel à Rio de Janeiro en 2016, à chaque fois avec Big Star, ndlr) pour m’entraîner moi, mais aussi leur fille, Cassidy Rein. Quand nous sommes en Europe, nous logeons dans les mêmes écuries qu’eux à Kronenberg, proche du Peelbergen Equestrian Center, où sont organisés les concours. C’est une chance de pouvoir travailler avec des cavaliers de cette envergure. J’ai eu cette opportunité par le biais de mes propriétaires, qui ont une écurie proche de Wellington. Cela s’est fait naturellement. Ces derniers ne se déplacent pas souvent en Europe, donc être présentes aux États-Unis pendant quatre mois dans l’année est le moyen pour eux de voir leurs chevaux. C’est toujours sympa de s’y retrouver!
“Julien Épaillard m’a énormément apporté”
Quel a été votre trajectoire équestre?
La passion me vient de mon père (Christophe, ndlr), qui a toujours été dingue de chevaux, même s’il n’est pas du tout du milieu. Ma famille a toujours été très présente pour moi. Je suis tout de suite tombée amoureuse de l’animal lorsque j’ai eu mon premier shetland, et depuis, je n’ai plus jamais lâché. J’ai d’abord pris des cours aux écuries de Willems, chez Dominique Callens (proche de Lille, dans les Hauts-de-France, ndlr) où j’ai appris toutes les bases. J’ai ensuite continué de m’entrainer avec mon père, j’ai eu mon bac et j’ai eu l’opportunité de rejoindre les écuries Chev’el chez la famille Sadran (située dans la commune de Gauré, proche de Toulouse, ndlr). À l’époque, je ne savais pas si je voulais vraiment continuer dans le domaine équestre donc je me suis laissé un an. Finalement, j’ai directement été emballée par le fait de m’occuper des chevaux du matin au soir. Grâce à eux, j’ai pu rencontrer Julien Épaillard, qui m’a énormément apporté, notamment son côté compétitif et son souci du détail, qui sont des qualités importantes à avoir dans le haut niveau. Il m’a fait grandir et m’a permis de monter Virtuose Champeix, son ancien cheval, avec lequel j’ai participé à mon premier 5* à la Baule. Le reste s’est construit grâce à des opportunités et je ne regrette en rien d’avoir fait ce choix.
Allez-vous suivre les Jeux olympiques?
Je ne suis pas encore sûre de pouvoir me rendre sur place mais je vais évidemment suivre de près chaque épreuve à la télévision, en espérant que les Bleus obtiennent de bons résultats et ramènent pourquoi pas des médailles comme à Rio de Janeiro (où l’équipe de France de saut d’obstacles, composée de Roger-Yves Bost associé à Sydney Une Prince, Philippe Rozier sur Rahotep de Toscane, Pénélope Leprevost avec Flora de Mariposa et Kevin Staut sur Rêveur de Hurtebise ont remporté la médaille d’or par équipes, tout comme Karim Laghouag sur Entebbe de Hus, Thibaut Vallette avec Qing du Briot, Mathieu Lemoine avec Bart L et Astier Nicolas en selle sur Piaf de B’Neville en concours complet, ndlr)!
Quel regard portez-vous sur les sélections? Quelles nations sont les plus fortes selon vous?
À ce niveau-là, je pense qu’énormément d’équipes peuvent décrocher une médaille. Les meilleurs cavaliers du monde participent aux Jeux, donc la concurrence est rude. Forcément, nous voulons toujours que notre pays soit meilleur que les autres, quand bien même, je pense que la France a une très bonne équipe. Ce sont tous de très bons cavaliers, avec de l’expérience et de bons chevaux. Les Belges et les Allemands sont aussi très forts, donc il faudra mettre toutes les chances de notre côté le jour J.
Participer aux Jeux olympiques fait-il partie de vos objectifs?
Comme pour tout sportif, c’est le graal ! À l’heure actuelle, ce n’est pas un objectif à part entière, car je considère que je n’ai pas assez d’expériences ou les chevaux pour y participer, même si je pense que Dynastie a le profil parfait pour y prendre part. Je pourrai pourquoi pas envisager cela pour 2028, mais encore une fois, l’échéance est loin et nous ne pouvons pas savoir ce qui peut se passer. C’est un rêve, oui, mais je veux prendre mon temps. Il reste encore beaucoup d’étapes, je dois d’abord participer à des Coupes des nations par exemple et obtenir de bons résultats. Je veux me donner les moyens pour atteindre mes objectifs, mais beaucoup de paramètres entrent en ligne de compte. Si tout s’aligne correctement, ça deviendra un objectif.