Après l’or à Rio et le bronze à Tokyo, les Bleus se parent d’argent à Versailles, s’inclinant devant une Grande-Bretagne invincible!

Huit ans après avoir été sacrée championne olympique à Rio de Janeiro, et trois ans après avoir décroché le bronze à Tokyo, l’équipe de France de concours complet s’est offert le titre de vice-championne olympique ce midi, à Versailles. Nicolas Touzaint, Stéphane Landois et Karim Laghouag ont tenu la pression jusqu’au bout, mais ont dû s’incliner devant une Grande-Bretagne invincible, qui est parvenue à conserver le titre suprême. Le Japon, longtemps mené par Laurent Bousquet, a crée une petite surprise en arrachant le bronze. Quant à la Nouvelle-Zélande et l’Australie, d’ordinaire très performantes en concours complet, elles terminent sixième et quinzième.



Nicolas Touzaint et Diabolo Menthe.

Nicolas Touzaint et Diabolo Menthe.

© Scoopdyga

Quelle pression les Bleus ont-ils dû supporter et vaincre ce midi dans la finale par équipes des Jeux olympiques de concours complet! Porté par des milliers de spectateurs (et téléspectateurs, le service public ayant diffusé une partie de cette épreuve), le trio de Thierry Touzaint a réussi ce dont beaucoup semblaient avoir oublié la difficulté: grimper sur le podium olympique. Car après avoir remporté l’or à Rio de Janeiro, en 2016, puis le bronze à Tokyo, en 2021, décrocher une médaille aux JO semblait complètement dans les cordes de l’équipe de France de concours complet, pourvoyeuse de médailles dans la quasi-totalité des derniers grands championnats. Mais les Bleus ont dû lutter aujourd’hui, contre la délicatesse du parcours proposé par Santiago Varela et Grégory Bodo (chefs de piste en charge du saut d’obstacles), mais aussi contre la pression qui pesait sur leurs épaules. 

Parti en ouvreur de l’équipe, Nicolas Touzaint a semblé à l’aise, et son Diabolo Menthe encore bien frais pour un lendemain de cross. Le couple a buté sur les deux verticaux 10 et 13, mais a réalisé une belle prestation. Ne cachant pas sa déception en sortie de piste, le champion espérait que ses coéquipiers fassent mieux… Alors, à sa suite, Karim Laghouag et Triton Fontaine ont rectifié le tir d’une faute et s’en sont sortis avec quatre points, concédés sur l’entrée du double 12, l’un des juges de paix du parcours. Enfin, Stéphane Landois, le “petit nouveau” de cette équipe olympique, est entré en piste. Associé à Chaman Dumontceau*Ride For Thaïs, le pilote savait qu’il avait une marge confortable de quatre fautes pour assurer une médaille d’argent, mais qu’il n’avait pas droit à tout autre incident. Porté par des tribunes tantôt bruyantes tantôt silencieuses comme dans une église, le couple a survolé le parcours. Il n’a écopé que d’une faute. Les bras en l’air, puis le poing levé, le sourire aux lèvres, le Français savoure le moment: il vient d’offrir l’argent à ses coéquipiers et à son drapeau. Magnifique! 

Évidemment, comment ne pas penser au caractère symbolique de cette performance… Même si l’on s’agace des questions parfois un peu maladroites voire insistantes de certains journalistes généralistes, qui ne semblent pas avoir tout-à-fait pris la mesure et l’impact du tragique accident qui a coûté la vie à Thaïs Meheust en 2019, ni à la nécessité de laisser Stéphane Landois se concentrer sur sa propre performance sportive au lieu de le ramener constamment à cette trajectoire si particulière, il faut reconnaître que cette médaille d’argent par équipes est le plus beau des cadeaux que le cavalier et sa monture auraient pu offrir à la mémoire de Thaïs.

Karim Laghouag et Triton Fontaine.

Karim Laghouag et Triton Fontaine.

© Scoopdyga



La Grande-Bretagne conserve son dû

Tom McEwen et JL Dublin.

Tom McEwen et JL Dublin.

© Scoopdyga

Ils voulaient conserver le titre suprême qu’ils avaient acquis à Tokyo il y a trois ans et ils avaient bien raison; pas de quartier aux Jeux olympiques! Semblant marcher sur l’eau depuis le début de la compétition, malgré un petit couac sur le cross hier lors du passage de Rosalind Canter et Lordships Graffalo, les Britanniques n’ont pas eu trop de mal à décrocher la médaille d’or aujourd’hui. Malgré 8,80 points ajoutés à leur compteur (4 pour Rosalind Canter et Lordships Graffalo, zéro pour Tom McEwen et JL Dublin, et 4,80 pour Laura Collett et London 52), ils avaient assez d’avance pour l’emporter à la fin (91,30 points contre 103,60 pour les Bleus). Ce score extrêmement bas est d’ailleurs un record olympique. Quelle supériorité! “Nous le savions; tout s’est déroulé comme nous l’imaginions”, confirme Thierry Touzaint, le patron des Bleus, à la fin de l’épreuve.



Le Japon crée la surprise!

Kazuma Tomoto et Vinci de la Vigne.

Kazuma Tomoto et Vinci de la Vigne.

© Scoopdyga

En revanche, c’est la médaille de bronze qui a donné lieu à une petite surprise! Profitant de la dégringolade de l’Allemagne, qui a perdu toute chance d’accéder au podium hier après une chute de Christoph Wahler sur le cross, et de la lourde contre-performance des Australiens et des Néo-Zélandais, d’ordinaire très compétitifs dans cette discipline, le Japon est en effet monté sur la troisième marche du podium avec un total de 115,80 points. Et à vrai dire, il ne l’a vraiment pas volé, puisque ses trois représentants ont livré de splendides prestations, à commencer par Yoshiaki Oiwa et MGH Grafton Street, qui ont scellé leur destin à la fin en survolant le parcours. Avant eux, Toshiyuki Tanaka, sur Jefferson - entrés en lice aujourd’hui après que Cetatinka, la monture de Ryuzo Kitajima, a été refusée à la visite vétérinaire -, avaient déjà bien commencé la journée en signant un parcours pénalisé de 1,60 point. Kazuma Tomoto et Vinci de la Vigne, ancien partenaire d’Astier Nicolas, ont enfoncé le clou en bouclant un merveilleux sans-faute. 

S’il n’occupe aujourd’hui plus cette fonction, étant devenu membre du comité d’organisation des épreuves équestres à Versailles, Laurent Bousquet peut aussi être grandement félicité en tant qu’ancien entraîneur de l’équipe du Japon, auprès de laquelle il œuvrait avec dévouement depuis 2015. Il se dirait en coulisses que le coach sarthois avait été remercié après que le pays du Soleil levant n’avait pas réussi à se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris… Ayant récupéré la place initialement obtenue par la Chine, le Japon est enfin récompensé de ses efforts pour devenir une grande nation du concours complet. Espérons que Laurent Bousquet reçoive au moins quelques textos de remerciement, car il restera l’un des grands artisans de l'éveil japonais.

Derrière le Japon, notons la présence de la Suisse et de la Belgique, qui ont accroché les quatre et cinquième places; des places honorables pour nos voisins frontaliers.

Les résultats

La réaction de Nicolas Touzaint

La réaction de Stéphane Landois

La réaction de Karim Laghouag