“Il n’y avait pas de raison de remplacer Viking par Brazyl”, Henk Nooren

La décision du jury de ne pas autoriser à concourir Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie, le partenaire de Kevin Staut, est naturellement un coup dur pour l’équipe de France… 

Sophie Dubourg: C’est évidemment un coup dur parce que nous avions choisi ces quatre couples pour ces championnats. Nous avions bien discuté avec les cavaliers, nous nous étions préparés pour la séance de découverte de la piste, prévue ce soir, etc. C’était confortable, nous avions quatre couples... Il n’en reste que trois, et il n’y aura pas de drop score (du fait du format olympique en vigueur depuis les Jeux de Tokyo, les équipes ne sont plus constituées de quatre mais de trois couples, dont tous les scores comptent pour celui des équipes, ndlr). Nous sommes dans le vif du sujet! Pour autant, même si nous n’avons plus de réserviste, nous avons une équipe forte et nous restons confiants. 

Comme l'a mentionné Kevin Staut, “il y a peut-être eu un doute sur la santé de Viking hier soir” après qu’il se serait mis un coup au niveau d’un pied sur la piste de galop. François-Xavier Boudant et Brazyl du Mézel se tenaient prêts, à votre demande, pour les remplacer au cas où, stationnant dans une écurie en Île-de-France. Entre hier soir et ce matin - le délai pour remplacer un couple était fixé à 5h30 -, le remplacement de Kevin Staut par François-Xavier Boudant a-t-il été envisagé? 

Henk Nooren: Je dois corriger ce qui a été dit (renvoyant au fait qu’un doute sur la santé de Viking d'la Rousserie serait né dès hier soir, ndlr): les chevaux sont arrivés sur le site hier matin tôt. Puis Philippe (Heiles, vétérinaire de l'équipe de France, ndlr) a fait trotter les chevaux entre 10h et 11h, et il n’y avait rien à signaler. Avant de quitter les écuries hier soir, aux alentours de 18h ou 19h, nous avons à nouveau fait trotter les chevaux et il n’y avait aucune alarme. 

Sophie Dubourg: Au sujet du règlement, nous avons justement eu des échanges avec les différents chefs d’équipe hier soir, car c’est la première fois que nous avons une visite vétérinaire programmée si tôt le matin - les épreuves équestres étant condensées sur onze jours pour les trois disciplines. D’ailleurs, nous avions alerté dès juin, avec la Fédération allemande notamment, au sujet des horaires des inspections vétérinaires… Si la visite est programmée à 7h30, on peut effectivement remplacer un couple par un autre jusqu’à deux heures avant, soit 5h30. La majorité des autres nations avaient aussi stationné des couples de réserve aux alentours de Versailles, justement pour parer à cette éventualité. Nos questions étaient plutôt d’ordre logistique: si nous devons effectuer un remplacement, à qui devons-nous le signifier? Nos référents au niveau des comités nationaux olympiques (CNO) seraient-ils disponibles aussi tôt pour nous répondre alors qu’ils sont au village olympique?, etc. Tout le monde s’est un peu échauffé hier soir, et il a été décidé que les écuries ouvriraient à 4h30, et qu’il fallait prévenir nos CNO qu’ils allaient devoir se rendre disponibles entre 4h30 et 5h30, ce que nous avons fait. Ce ne sont pas des conditions idéales… Et, comme l’a dit Henk (Nooren, ndlr) et Philippe (Heiles, ndlr), il n’y a pas eu de sujet avant 5h30 ce matin, donc nous n’avons pas eu à utiliser cette possibilité.

Ne regrettez-vous pas de ne pas avoir sélectionné François-Xavier Boudant et Brazyl du Mézel? 

Henk Nooren: Non. Nous avons établi notre sélection et suivi notre plan de préparation, qui s’arrêtait au CSI 4* de La Corogne (du 11 au 14 juillet, ndlr). Nous avons suivi tous les chevaux quasiment jour par jour et n’avons eu aucune alarme, donc il n’y avait pas de raison de remplacer Viking par Brazyl. 

On sait que vous comptez énormément sur l’expérience de Kevin Staut pour ces JO à domicile. En sachant que Viking pouvait avoir une santé fragile, ayant été arrêté à plusieurs reprises en raison de blessures, la possibilité d’emmener son deuxième cheval listé À cheval pour Paris, Beau de Laubry, a-t-elle été envisagée? Le Britannique Ben Maher, par exemple, semble avoir choisi cette option en amenant Point Break et Dallas Vegas Batilly. 

Henk Nooren: La dernière blessure de Viking remonte à en avril 2023. Il a repris le travail en septembre et, depuis janvier, il a sauté six parcours par mois – donc deux à trois concours. Et il a d’ailleurs toujours passé la visite vétérinaire sans problème. Jusqu’ici, y compris au CSI 4* de La Corogne il y a deux semaines, il était dans un parfait état. 

Aux Jeux de Rio de Janeiro, en 2016, l’équipe de France avait également tremblé en raisons de problèmes vétérinaires entre le forfait de Hermès Ryan des Hayettes et les coliques de Flora de Mariposa, et elle avait finalement été médaillée d’or… Quel est votre degré de confiance vis-à-vis de l’épreuve par équipes? 

Henk Nooren: Oui. Ces derniers mois se sont très bien passés, et nous avons vécu un très bon stage, où nous étions tous sur la même longueur d’ondes. Malgré ce qui s’est passé avec Kevin, notre état d’esprit n’a pas changé. 

Sophie Dubourg: Oui, et nos trois couples sont solides et prêts! C’est moins inquiétant que le scénario que nous avions vécu à Rio de Janeiro, car nous avions des cavaliers moins expérimentés. La situation était différente parce que nous concourions à quatre avec un drop score… Là, tout le monde est prêt, et tout le monde est prêt pour une configuration avec trois couples dont tous les scores compteront.