L’Allemagne montre les crocs et la France a eu chaud dans la première épreuve de jumping à Versailles

Ce midi, le stade équestre de Versailles a accueilli la première épreuve de saut d’obstacles des Jeux olympiques, qualificative pour la grande finale par équipes de demain. Le défi était simple pour les vingt collectifs au départ: finir parmi les dix meilleures. Si l’Allemagne a rempli son contrat sans aucune difficulté, montrant une véritable supériorité sur ses concurrents, c’est moins le cas de la France, qualifiée de justesse, ou encore de la Suède, championne olympique en titre, qui a vécu un fâcheux retournement de situation. Quant à la Suisse, au Brésil et à l’Autriche, pourtant ancrées dans une bonne dynamique, elles ont échoué et ne seront pas de la partie demain.



Julien Épaillard et Dubaï du Cèdre.

Julien Épaillard et Dubaï du Cèdre.

© Scoopdyga

Si l’on dit que la France a eu chaud, ce midi, à Versailles, ce n’est pas seulement à cause des trente degrés ambiants et du soleil qui frappait les tribunes archi combles de spectateurs survoltés. L’équipe de France de saut d’obstacles est surtout passée à quelques doigts de finir au-delà des dix meilleures nations de l’épreuve d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, et donc de ne pas être qualifiée pour la grande finale qui aura lieu demain, à partir de 14h. 

Après le retrait forcé de Kevin Staut, son partenaire Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie n’ayant pas été accepté à la visite vétérinaire hier, les Bleus avaient tout à accomplir pour réenclencher une dynamique positive. Et le public était là pour les y aider et les encourager, muni de drapeaux tricolores en surnombre! Hélas, dès le début de l’épreuve, Simon Delestre, associé à I Amelusina R 51, a ajouté huit points au compteur des Bleus après avoir concédé deux fautes sur l’oxer 12 et le vertical surmonté d’une palanque en milieu de triple. Des fautes regrettables, que le cavalier justifie par une éventuelle précipitation vis-à-vis du chronomètre (sa réaction est à lire ici), d'autant plus que le couple avait survolé la majeure partie du parcours, en particulier la rivière - un obstacle qui lui avait parfois posé des problèmes par le passé, notamment à la dernière finale des Coupes des nations Longines de Barcelone. 

À sa suite, lors de la deuxième rotation, Olivier Perreau et Dorai d’Aiguilly*GL Events ont commencé à rectifier le tir, mais n’ont pu empêcher une faute sur l’oxer de sortie du double 5. Dommage, car le couple a déroulé un beau parcours malgré tout, et franchi sans difficulté les principaux juges de paix de ce parcours construit par Grégory Bodo et Santiago Varela, qui étaient l’enchaînement rivière-oxer, dont le contrat de foulées n’était pas des plus faciles, et le triple 13 (oxer-vertical-vertical). D’ailleurs, au-delà de la hauteur des barres et des distances, les trois Français ont identifié les couleurs des obstacles très claires, pastels même, comme faisant partie des majeures difficultés de cette construction. 

Avec douze points au compteur, la France n’avait quasiment pas droit à l’erreur – huit points tout au plus, même si la formule à trois cavaliers et l’absence de drop score rendent clairement les calculs nettement plus hypothétiques. Heureusement, elle a pu compter sur Julien Épaillard, digne leader de ce trio masculin, pour sortir le score parfait! Accompagné de Dubaï du Cèdre, qui sautait du feu de dieu, le Normand a franchi la ligne d’arrivée avec un sans-faute, sous les applaudissements d’un public soulagé de savoir qu’il retrouvera ses Bleus demain. Ces derniers ont finalement terminé septièmes, devant la Suède, Israël et le Mexique.



La Suède l’a échappée belle…

Alors que l’on commençait à se croire dans une machine à remonter le temps, avec une Suède qui alignait les sans-faute comme aux Jeux de Tokyo en 2021, le scénario a complètement basculé et cette dernière a frôlé la catastrophe… Après deux sublimes parcours des doubles champions du monde Henrik von Eckermann et King Edward, puis du vétéran Rolf-Göran Bengtsson sur le sublime Zuccero HV, la nation championne olympique en titre a vu son compteur grimper de dix-sept points. Parti lors de la dernière rotation, le multimédaillé Peder Fredricson a entamé un splendide début de parcours (comme souvent), mais a essuyé… une dérobade sur le mur 11! Une situation assez inédite pour le Scandinave, surtout qu’il était associé à Catch Me Not S, son complice de dix-huit ans, médaillé de bronze en individuel aux championnats d’Europe de Riesenbeck en 2021 et troisième des deux finales de la Coupe du monde Longines qu’il a disputées, à Göteborg en 2019 et à Riyad en avril dernier. “Je ne sais pas vraiment ce qu’il s’est passé, j’ai peut-être tourné un peu trop serré, ce qui a surpris mon cheval, qui ne savait pas tellement s’il était supposé le sauter”, a expliqué le champion en sortie de piste. Heureusement, son compteur, alourdi d’une faute dans le triple et surtout de pénalités dues au dépassement de temps, s’est arrêté à dix-sept points. Ouf! Les champions olympiques en titre seront bien de la partie demain en ayant fini huitièmes.

Peder Fredricson et Catch Me Not S.

Peder Fredricson et Catch Me Not S.

© Scoopdyga



L’Allemagne mène la danse, les États-Unis la talonne

Karl Cook et Caracole de la Roque.

Karl Cook et Caracole de la Roque.

© Benjamin Clark/FEI

À l’inverse, l’Allemagne est restée fidèle à son statut de favorite! Lancée par un superbe sans-faute de Christian Kukuk et Checker 47, la Mannschaft fut un peu plus boostée par celui de Philipp Weishaupt et l’incroyable Zineday, qui semble avoir retrouvé toute la brillance qu’il avait montrée aux championnats d’Europe de Milan l’été dernier, où il avait été médaillé d’argent en individuel. Enfin, Richard Vogel et l’extraterrestre United Touch S, le cheval de jumping à la plus grande amplitude du monde, ont enfoncé le clou et sorti un beau sans-faute. L’Allemagne a donc terminé sa journée avec un score totalement vierge et à la première place du classement. Si les scores seront remis à zéro pour la finale, cela lui permettra de s’élancer en dernière position demain et de disposer de toutes les informations importantes sur le parcours. 

Deuxièmes avec six points, les États-Unis talonnent de très près l’Allemagne. De la même manière que cette dernière, leurs trois couples ont affiché une forme flamboyante, à commencer par Laura Kraut et Baloutinue, qui ont ouvert les scores avec un zéro. Karl Cook (dont la réaction est à lire ici) et Caracole de la Roque les ont brillamment imités (et ils en ont été fort bien félicités par les spectateurs, heureux de revoir l’ancienne monture de Julien Épaillard dans un si bel état). Puis, McLain Ward et Ilex ont quitté la piste avec six points. La Grande-Bretagne, elle, a comptabilisé deux fautes, seuls Ben Maher (sa réaction est disponible ici) et Dallas Vegas Batilly étant parvenus à signer un score vierge.



Pour la Suisse, le Brésil et l’Autriche, c’est le drame…

En plus de l’Allemagne, des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et de la Suède, la Belgique, les Pays-Bas, l’Irlande, Israël et le Mexique ont réussi à se qualifier pour la grande finale de demain. C’est-à-dire ni la Suisse, ni le Brésil, ni l’Autriche, qui ont toutes été recalées. La Suisse a accumulé trop de fautes; et cela a hélas commencé dès le parcours de Steve Guerdat et Dynamix de Bélhème… Aussi géniaux l’un que l’autre, les champions d’Europe en titre ne se sont pas hélas pas montrés sous leur meilleur jour. La baie est apparue sur le frein et derrière la jambe, “ce qui ne lui ressemble pas”, a confirmé Steve Guerdat à la presse. “Dès le numéro un, j’ai senti que Dynamix n’était pas vraiment comme d’habitude.” Après les huit points de leurs ouvreurs, Pius Schwizer et Vancouver de Lanlore en ont ajouté douze. Enfin, Martin Fuchs pouvait espérer maintenir son équipe parmi les dix premières, mais il n’a pu empêcher une faute sur la sortie du triple, malgré une très belle prestation. 

Du côté de l’Autriche, il en a été de même: les trois duos ont simplement accumulé trop de pénalités. Treizièmes avec vingt-huit points, les médaillés de bronze par équipes des derniers Européens espéraient forcément faire mieux et réitérer l’exploit. Il faut dire que les seize points de Katharina Rhomberg et Colestus Cambridge ont pesé lourd dans la balance… 

Du côté du Brésil, le scénario fut tout autre, et guère plus facile à digérer… Le trio mené par Philippe Guerdat et Pedro Paulo Lacerda avait formidablement commencé grâce au sans-faute de Pedro Veniss et Nimrod de Muze. Juste après lui, le champion des Jeux panaméricains Stephan de Freitas Barcha avait bouclé un passage pénalisé d’une faute avec Primavera. Mais entre-temps, l’élimination de Pedro Veniss se tramait du côté du paddock… En effet, en sortant de piste, l’ouvreur des Brésiliens a été stoppé par les stewards de la Fédération équestre internationale (FEI), de petites traces de sang ayant été décelées sur les flancs de son alezan. Le règlement est le règlement: élimination du cavalier. La formule à trois, tant et tant critiquée par la très grande majorité des cavaliers de haut niveau, a eu raison de l’aventure olympique du Brésil; avec une élimination, l’équipe n’est pas éliminée mais se retrouvera quoi qu’il arrive dernière du classement. De fait, Rodrigo Pessoa, censé fermer la marche, a décidé de ne pas s’élancer avec Major Tom, pour préserver ce dernier en vue de la compétition individuelle qui commencera lundi.

Les résultats complets

La réaction de Steve Guerdat 

La réaction de Simon Delestre

La réaction de Ben Maher

La réaction d'Olivier Perreau

La réaction de Peder Fredricson

La réaction de Karl Cook

La réaction de Julien Épaillard

La réaction de Henk Nooren

Pedro Veniss et Nimrod de Muze.

Pedro Veniss et Nimrod de Muze.

© Scoopdyga