L’Allemagne prend la voie royale vers un quinzième titre olympique, le Danemark a failli réussir sa queue de poisson
Vice-champions du monde, les Danois représentés par Cathrine Laudrup Dufour, Daniel Bachmann Andersen et Nanna Skodborg-Merrald auraient bien pu réussir leur coup dans les jardins du château de Versailles. Au terme d’un scénario empli de tension, l’Allemagne a tout de même encore remporté l’or olympique grâce à Jessica von Bredow-Werndl, Isabell Werth et Frederic Wandres. Les Bleus remplissent leur objectif en terminant sixièmes.
Il a fallu rester suspendu aux résultats jusqu’à la dernière seconde pour connaître l’issue de la finale par équipes de dressage des Jeux olympiques de Versailles ! Au terme d’une compétition sous très haute tension, l’équipe allemande a fini par s’imposer d’une très courte tête de 0,121 point, conservant ainsi l’or décroché à Tokyo en 2021 et atteignant le sommet de l’Olympe une quinzième fois. Avec Bluetooth, Frederic Wandres est arrivé dans le rectangle combattif et manifestement peu impressionné par l’enjeu malgré le fait qu’il s’agisse de ses tous premiers JO. Lui et son bai brun, médaillés d’argent par équipes aux Européens l’an passé, ont cette fois récolté une note inférieure à celles auxquelles ils sont habitués dans ce test, quittant la piste en 75,942%.
Alors que leur première compétition commune date de février, Isabell Werth et Wendy de Fontaine ont associé leurs compétences pour gravir quatre à quatre les marches jusqu’au sommet. La talentueuse jument noire de dix ans par Sezuan 2, née Queenpark’s Wendy, s’est montrée imperturbable et a déroulé, se montrant impériale dans plusieurs mouvements, dont le piaffer, ainsi que dans la dernière ligne, qui leur a valu plusieurs dix. Avec 79,894%, toutes deux ont réussi la troisième meilleure performance de l’épreuve, et confirment qu’elles seront bien redoutables demain dans la finale individuelle.
En recevant cette treizième récompense des dieux de l’Olympe (la huitième en or), Isabell Werth est aujourd’hui encore un peu plus entrée dans l’histoire ; elle devient la première athlète au monde à avoir remporté une médaille lors de sept éditions des Jeux olympiques. Ses sacres olympiques s’étendent par ailleurs sur la plus longue période jamais observée tout sport confondu, de 1992 à 2024, soit trente-deux ans. Elle devient aussi la deuxième femme la plus médaillée de tous les temps aux Jeux olympiques, derrière la gymnaste russe Larisa Latynina, qui compte dix-huit podiums.
Sans se départir de son humour, Isabell Werth a balayé la question d’une journaliste en conférence de presse, qui lui demandait – comme trop souvent – si elle avait prévu de prendre sa retraite après Paris 2024, ce qu’elle avait déclaré il y a quelques années, ou bien de rempiler jusqu’à Los Angeles 2028. “J’ai changé d’avis”, a balayé la compétitrice de cinquante-cinq ans avec un sourire.
Parmi le trio vainqueur, les championnes olympiques de Tokyo 2021 avaient la pression en croisant Cathrine Laudrup-Dufour et Mount St John Freestyle, tout juste créditées de 81,216% et plaçant le Danemark en tête. L’objectif était clair pour la trentenaire et sa grande dame brune : dépasser les 79,833%. Un score largement dans leurs cordes, mais qui n’a pas été si simple à atteindre cette fois. Pour preuve, toutes deux avaient par exemple décroché 83% dans leur dernier Spécial couru au 5* de Munich en mai, mais n’ont cette fois bouclé “qu’”avec 79,954% en raison d’un piaffer difficile à entamer, ou encore d’un pas rassemblé sanctionné. Seul 0,121 point a finalement départagé l’Allemagne du Danemark, c’est dire si la compétition était serrée jusqu’à la dernière seconde ! “Plus personne ne peut dire que le dressage est chiant !”, s’est amusée Isabell Werth.
Cathrine Laudrup-Dufour, la plus grande menace pour Jessica von Bredow-Werndl ?
Champions du monde en 2022, le trio danois ne s’est à aucun moment montré frustré de louper le plus beau des métaux pour un écart aussi infime. Avec un âge moyen de trente-deux ans, Cathrine Laudrup-Dufour, Daniel Bachmann Andersen et Nanna Skodborg Merrald ont sautillé sur le podium bras dessus, bras dessous, et ont étendu leur drapeau devant eux lors de la conférence de presse. Une fraîcheur notamment insufflée par la première citée, qui a tout simplement été la meilleure de l’épreuve avec sa géniale Mount St John Freestyle. Toutes deux ont signé une reprise plaisante en 81,216%, entachée d’un pieds joints au début de la diagonale des changements de pieds aux temps. Elles se placent parmi les favorites pour le titre individuel. Associées depuis quelques mois seulement, la vice-championne du monde et l’ancienne partenaire de Charlotte Dujardin devront convaincre lors de la Libre, sur leur musique ponctuée d’airs de Céline Dion et Stromae. Après deux épreuves, le titre semble en tout cas à leur portée, mais leur inexpérience en tant que couple ne leur fera-t-il pas défaut face aux indissociables Jessica et Dalera ? Avec les immenses Vayron et Zepter, Daniel Bachmann Andersen et Nanna Skodborg Merrald ont récolté les bonnes moyennes de 75,973% et 78,48%.
Déjà paré d’or en concours complet lundi et en saut d’obstacles hier, l’Union Jack ne pouvait tout de même pas avoir l’insolence d’être une fois de plus hissé au sommet. Après avoir traversé de sacrées turbulences depuis la révélation d’une vidéo de Charlotte Dujardin fouettant un cheval, ce qui l’a poussée à se retirer de la compétition et entraîné sa suspension, la Grande-Bretagne s’est montrée combattive malgré l’absence de l’une de ses deux leaders. Lancés par celle qui aurait dû être remplaçante, Becky Moody, le collectif est parti sur de bonnes basses puisque celle-ci a battu son record personnel. Sur Jagerbomb, un grand bai brun qu’elle a fait naître, la quadragénaire a montré de belles choses, qui lui ont valu la jolie moyenne de 76,489% pour son tout premier championnat. Habitué des grands rendez-vous, Carl Hester a récolté 76,52% sur Fame. Quant à eux, les champions du monde Charlotte Fry et Glamourdale ont participé à offrir le bronze aux sujets du roi Charles III grâce à une reprise moins timide que lors du Grand Prix. L’étalon noir a davantage pu exprimer sa qualité dans les allongements au trot et au galop, et fait montre de son immense amplitude dans les changements de pied. Avec des piaffers manquant toujours d’élévation et d’énergie, leur score final a été porté à 79,483%.
“Nous aurions pu mieux faire”, Pauline Basquin
Depuis les Jeux de Hong-Kong en 2008, la France n’avait plus participé au Grand Prix Spécial. Aujourd’hui, le trio choisi par Jean Morel a obtenu 215,289%, chaque couple ayant dépassé les 70%. Corentin Pottier et Gotilas du Feuillard ont réalisé une bonne entame malgré une faute dans la diagonale de changements de pied au temps. Les sept juges, dont le Mosellan Raphaël Saleh, ont décerné au couple basé à Pamfou la moyenne de 71,748%.
Alexandre Ayache et Holmevangs Jolene n’ont pas commis d’erreur technique majeure et quitté le rectangle avec 70,821%. Ces premiers résultats ont permis à la France de se placer au quatrième rang provisoire avant la dernière rotation, comptant notamment sur la contre-performance de la Suédoise Therese Nilshagen sur Dante Weltino. Derniers Tricolores, Pauline Basquin et Sertorius de Rima Z*IFCE ont débuté sur les chapeaux de roues en dépassant les 78%. Après une défense dans le deuxième piaffer et une faute dans les changements de pied au temps sur la ligne du milieu, le score a fondu pour s’arrêter à 72,72. “Je vais oublier ce coup de tête et me concentrer pour demain. L'objectif était d'être dans les six premiers, le bilan est positif même si nous aurions pu mieux faire. C'est le sport”, a réagi la Bretonne d’origine, non sans une pointe de déception.
Les Bleus terminent derrière la Belgique et les Pays-Bas, les Bataves manquant le podium pour un peu moins de neuf points, soit un écart assez considérable. Avec une équipe composée de chevaux aux allures spectaculaires mais pas toujours au point techniquement, les Oranje totalisent 221,048%. Ils comptent dans leur rangs Dinja van Liere, en bronze lors du Spécial et de la Libre aux Mondiaux de 2022 sur l’explosif Hermes, qui aura sa carte à jouer dans la Kür.
Demain, le dénouement des épreuves de dressage se tiendra dès 10h. Dix-huit couples sélectionnés à l’issue du Grand Prix s’affronteront et la bataille pour les médailles s’annonce très ouverte. Pauline Basquin s’élancera sans objectif de médaille, mais avec pour but de boucler ces JO en beauté.
La réaction de Corentin Pottier
La réaction d'Alexandre Ayache
La réaction de Pauline Basquin
La réaction de Jessica von Bredow-Werndl
La réaction de Cathrine Dufour