La finale individuelle des JO promet une tension à son apogée, même si quelques cadors manqueront à l’appel

Un sacré tri a été opéré cet après-midi dans les jardins du château de Versailles, où plus de la moitié des engagés dans la compétition individuelle de jumping des Jeux olympiques ont été remerciés. Pour cause, seuls trente des soixante-quatorze partants ont pu se qualifier pour la finale individuelle, qui se tiendra demain matin. Parmi eux, deux Français, les trois britanniques en or par équipes, mais aussi tous les derniers champions olympiques individuels encore en activité. L’acte final promet un match acharné !



Olivier Perreau et Dorai d’Aiguilly*GL Events ont conclu leur championnat aujourd’hui à Versailles.

Olivier Perreau et Dorai d’Aiguilly*GL Events ont conclu leur championnat aujourd’hui à Versailles.

© HippoFoto

La tension a été forte cet après-midi dans les jardins du château de Versailles pour la compétition individuelle des Jeux olympiques de Paris 2024. Pour cause, l’objectif du jour était de figurer parmi les trente meilleurs de ce barème A, afin de pouvoir s’élancer dans l’épreuve à barrage, demain, lors de laquelle les compteurs seront remis à zéro, et qui offrira les médailles aux trois meilleurs. En bref, soixante pourcents des partants ont aujourd’hui terminé leurs JO et perdu toute chance de rencontrer les dieux de l’Olympe. 

En début d’épreuve, on a un temps craint que le parcours ne soit trop simple. Il faut dire que la tâche était délicate pour les chefs d’orchestre de ce rendez-vous, puisque des duos au niveau hétéroclite se sont succédé, mais aussi que certains affrontaient leur toute première épreuve du championnat. 

Le chef de piste Grégory Bodo, qui officie aux côtés de l’Espagnol Santiago Varela, avait annoncé que le scénario idéal serait qu’une vingtaine de duos bouclent sans faute, et qu’une dizaine parvienne à se qualifier avec des points de temps ou une barre à terre. Contrat plus que rempli, puisqu’exactement vingt partants ont été intouchables, un a écopé d’un point de temps dépassé, et les neuf autres ont laissé tomber une barre. Pour cet ultime lot, le chronomètre a été déterminant car onze paires ayant emporté une barre n’ont pas été qualifiées pour demain en raison d’un chronomètre pas assez rapide. C’est notamment le cas du Français Olivier Perreau, trop lent d’un peu plus de deux secondes. Sur sa formidable Dorai d’Aiguilly*GL Events, le Roannais a été à la hauteur de l’enjeu jusqu’au dernier, un oxer large d’1,70m et représentant le Petit Prince, l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry. La deuxième barre est malheureusement tombée pour le duo, mettant un point final aux premiers JO des principaux acteurs de la médaille de bronze décrochée par la France, vendredi. 

Quelques cadors ont manqué le coche, alors même que les experts les voyaient accéder à une place d’honneur, voire un podium. Cela est notamment le cas du multimédaillé et ancien numéro un mondial Rolf-Göran Bengtsson, piégé sur la sortie de triple avec le sublime Zuccero HV. Ayant participé à la médaille d’or de la Suède aux Européens l’an passé, tous deux seront privés de finale individuelle, comme Peder Fredricson et Catch Me Not S. Médaillé dans cinq des six derniers grands championnats auxquels il a participé, le pilier scandinave va rentrer bredouille, ce dont il avait perdu l’habitude. Ayant choisi son expérimenté Catch Me Not S, sur le podium de deux finales de Coupe du monde et en bronze aux Européens de Riesenbeck, il s’est fait piéger dans le triple et le vertical suivant, représentant la porcelaine de Limoges. Partie parmi les favoris, la Suède n’a plus qu’une chance de médaille, et pas n’importe laquelle, puisque les champions du monde Henrik von Eckermann et King Edward tenteront d’aller chercher la breloque olympique individuelle qui leur a échappé de peu à Tokyo. 

À dix-huit ans, Quel Homme de Hus boucle sa carrière en grands championnats sans nouvelle médaille.

À dix-huit ans, Quel Homme de Hus boucle sa carrière en grands championnats sans nouvelle médaille.

© HippoFoto



Les JO s’arrêtent pour Cian O’Connor, McLain Ward, Jérôme Guéry, Richard Vogel et d’autres

Parmi ceux qui ont loupé la qualification d’un rien, citons le médaillé de bronze des JO de Londres 2012, Cian O’Connor, engagé avec l’excellent Maurice. En argent vendredi avec le Stars and Stripes, McLain Ward manquera aussi à l’appel demain. Son surpuissant Ilex, qu’il ne monte que depuis le début de l’année, s’est également laissé piéger par le dernier oxer. Jérôme Guéry, qui plaçait tant d’espoirs en ce dernier grand rendez-vous avec Quel Homme de Hus, a vu son rêve s’écrouler en même temps que la barre du milieu de triple. L’étalon de dix-huit ans, de retour au sommet après une lourde opération pour soigner une grave blessure tendineuse, n’ajoutera pas de médaille à son palmarès, celui-ci étant déjà garni du bronze olympique par équipes et de l’argent individuel aux Mondiaux de 2022. 

Sérieux prétendants à un podium olympique, Richard Vogel et United Touch S, lauréats du Grand Prix du CHI de Genève en décembre au terme d’un barrage historique, et récents troisièmes du mythique Grand Prix d’Aix-la-Chapelle, ont connu une journée difficile. Richard Vogel a eu du mal à caser la gigantesque foulée de son étalon dans le triple, dont la sortie est tombée. Courant après le chronomètre, le duo a aussi été battu sur les deux derniers efforts, plongeant par la même dans les abysses du classement. Malgré une faute chacun, ses coéquipiers allemands Christian Kukuk et Philipp Weishaupt ont réussi à faire partie des trente avec les exceptionnels Checker 47 et Zineday. Ce dernier couple a eu chaud, puisqu’il a été le dernier qualifié. 

Capables de créer la surprise, la Grecque Ioli Mytilineou, le Suisse Édouard Schmitz ou encore le Mexicain Eugenio Garcia Perez ne seront pas non plus au rendez-vous demain, respectivement sur L’Artiste de Toxandria, Gamin van’t Naastveldhof et Contago. 

Souverains depuis le début des épreuves jeudi, Daniel Coyle et Legacy pourraient-ils décrocher leur première grande médaille ?

Souverains depuis le début des épreuves jeudi, Daniel Coyle et Legacy pourraient-ils décrocher leur première grande médaille ?

© Scoopdyga



Caracole de la Roque, Legacy et Imagine resteront-ils impeccables ?

Initialement remplaçants, Kim Emmen et Imagine se montrent intouchables depuis jeudi.

Initialement remplaçants, Kim Emmen et Imagine se montrent intouchables depuis jeudi.

© HippoFoto

N’ayant pas réussi à qualifier la Suisse pour la finale par équipes, Steve Guerdat et Martin Fuchs ont rebondi avec classe en signant des sans-fautes sur Dynamix de Belhème et Leone Jei. Étrangement sur la retenue jeudi, la championne d’Europe a retrouvé toute son aisance avec le champion olympique de Londres 2012. La concurrence est prévenue; malgré trois jours de doute, l’un des duos favoris pour une médaille est bel est bien de retour dans la course. 

Malheureux quatrième avec les Pays-Bas pour un retard infime sur la France, Harrie Smolders a aujourd’hui fait partie des meilleurs, terminant quatrième avec Uricas vd Kattevennen. Devant lui, deux Irlandais se sont aussi vengés de leur septième rang collectif. Sur l’agile Legacy et le surpuissant James Kann Cruz, Daniel Coyle et Shane Sweetnam partiront demain en toute fin d’épreuve, les meilleurs du jour s’élançant en derniers de la finale. 

LE meilleur du jour, qui aura donc la lourde tâche de fermer la marche demain, n’est autre qu’un certain Julien Épaillard, dont le tour a plutôt ressemblé à une promenade de santé. Avec une Dubaï du Cèdre des grands jours, le Normand a serré les courbes sans s’affoler, et terminé avec le chronomètre le plus rapide. Semblant encore en pleine forme, la fille de Baloubet du Rouet ne devrait pas manquer d’énergie pour le dénouement. Après le bronze individuel aux Européens l’an passé et une deuxième place en finale de la Coupe du monde, pourront-ils grimper sur un troisième podium consécutif? “Demain, j’aurai toutes les informations en m’élançant en dernier, ce qui est un avantage. Cela sera aussi le cas s’il y a un barrage et que je suis qualifié. Il faut que nous nous attendions à une finale olympique de haut vol, mais ma jument fait partie des meilleurs chevaux au monde. Cela va se jouer à peu de choses. Nous allons nous battre et essayer d’être à nouveau sur le podium, mais il y a quelques obstacles à franchir avant cela !”, a réagi le numéro cinq mondial. Le Lorrain Simon Delestre aura lui aussi ses chances. Avec I Amelusina R 51, l’ancien numéro un mondial a péché sur le délicat vertical n°9 et dû attendre la fin de l’épreuve pour être certain de poursuivre l’aventure. 

Deux Français seront donc en finale, soit autant que d’Américains, grâce à Laura Kraut et Karl Cook. Ce dernier a une nouvelle fois été impérial avec la génialissime Caracole de la Roque, qui n’a pas écopé de la moindre pénalité en trois tours, depuis le début du championnat. L’ancienne partenaire de Julien Épaillard, médaillée d’argent par équipes vendredi avec le Californien, pourrait bien être l’une des favorites demain. Capable d’enchainer les prestations parfaites, elle est également l’une – si ce n’est LA – des plus rapides au monde. Comme elle, Imagine et Legacy, partenaires de la Néerlandaise Kim Emmen et de l’Irlandais Daniel Coyle, ont été impeccables depuis jeudi. Si le format olympique ne récompense pas la régularité, cette aisance remarquable à Versailles est tout de même un indicateur pertinent à la veille de l’ultime grand rendez-vous. 

Malgré une faute aujourd’hui, Grégory Wathelet sera de la bataille demain !

Malgré une faute aujourd’hui, Grégory Wathelet sera de la bataille demain !

© Scoopdyga



Quelques individuels saisissent leur chance !

Étant entrés dans la danse seulement aujourd’hui, quelques individuels ont saisi l’unique chance qui leur a été donnée de briller. Citons notamment l’Italien Emanuele Camilli, sur l’excellent Odense Odeveld, la Norvégienne Victoria Gulliksen avec Mistral van de Vogelzang, ou encore le Belge Grégory Wathelet et son lauréat de l’étape de la Coupe du monde lyonnaise, Bond Jamesbond de Hay. Gilles Thomas, le compatriote de ce dernier, sera aussi de la partie avec l’imperturbable Ermitage Kalone.  

Recalé à la visite vétérinaire des épreuves par équipes mais accepté pour l’individuel, Contendros 2 permettra à Andres Azcarraga d’être le seul mexicain au départ demain. La nation la plus représentée sera la Grande-Bretagne, toujours assoiffée de médailles bien qu’elle ait décroché la plus belle vendredi lors de la finale par équipes. Si pour Harry Charles et Scott Brash, la qualification a été une formalité sur Romeo 88 et Hello Jefferson, Ben Maher s’est fait une sacrée frayeur. Déroulant jusqu’à la dernière ligne un parcours digne du hunter, le champion olympique individuel de 2021 a traversé le mur numéro douze avec Dallas Vegas Batilly. La baie, notamment formée par Nicolas Delmotte, a, selon le Britannique, été perturbée par une ombre devant l’obstacle penché aux graphismes particuliers. Quoi qu’il en soit, les trois drôles d’hommes menés par Di Lampard seront à surveiller de très près le 6 août. Par ailleurs, tous les champions olympiques depuis 2004 encore en activité seront de la partie demain, puisqu’en plus de Steve Guerdat et Ben Maher, Rodrigo Pessoa a également décroché son ticket, au mérite d’un très bon sans-faute sur le bouillonnant Major Tom, né Nielsdaka van de Rhamdia Hoeve. 

Enfin, saluons la décision du jury d’éliminer pour monte dangereuse la Thaïlandaise Janakabhorn Karunayadhaj sur Kinmar Agalux, médaillée d’argent au championnat de France sous la selle de Simon Delestre en avril. Après un refus au milieu du double, le couple a enchaîné les fautes lourdes, jusqu’à ce que la cloche ne sonne avant la dernière ligne. À l’heure où l’équitation est scrutée et son avenir olympique remis en question, cette prudence n'est pas superflue. 

Après une courte nuit de sommeil, les trente candidats au titre devront s’aligner dès 10h demain pour connaître le dénouement des épreuves équestres des Jeux olympiques de Paris 2024. Pour rappel, les scores seront remis à zéro et l’épreuve se courra comme un Grand Prix, en une manche avec barrage. 

Les résultats

La réaction de Julien Épaillard
La réaction d'Olivier Perreau
La réaction de Simon Delestre
La réaction d'Henrik von Eckermann
La réaction de Karl Cook
La réaction de Rodrigo Pessoa
La réaction de Steve Guerdat
La réaction d'Édouard Schmitz
La réaction de Ben Maher
La réaction de Peder Fredricson
La réaction de Grégory Wathelet
La réaction de Henk Nooren



Retrouvez JULIEN EPAILLARD en vidéos sur
Retrouvez DUBAI DU CEDRE en vidéos sur