“Le jour le plus bouleversant de mon existence”, Christian Kukuk
Christian Kukuk est le nouveau champion olympique individuel de saut d’obstacles ! Associé à Checker 47, l’Allemand de trente-quatre ans entre au panthéon du sport après une épreuve folle dans les jardins du château de Versailles. Voici sa réaction après son sacre :
“Je ne réalise pas vraiment que j’ai remporté la médaille d’or individuelle, et je pense que je vais avoir besoin d’un peu de temps pour y parvenir. Je vis le jour le plus bouleversant de mon existence et de ma carrière ! Il n’y a rien de plus beau que de décrocher l’or olympique et je fais désormais partie de ce cercle très fermé. Cela me suivra toute ma vie et je vais devoir en prendre conscience dans les prochaines heures. Je suis incroyablement fier de mon cheval, de mon équipe. Tous les gens qui comptent pour moi étaient présents et ont pu vivre cela à mes côtés, ce qui est vraiment unique ! Je réalise la chance que j’ai.
Nous n’étions que trois à avoir réalisé un sans-faute lors du parcours initial, donc je savais que j’aurais une médaille lorsque je suis entré en piste pour le barrage. Je n’étais absolument pas nerveux, mais totalement concentré, car je sais de quoi mon cheval et moi sommes capables. J’ai réussi la finale au chronomètre que je souhaitais ; sans aller à toute vitesse, j’ai été suffisamment rapide pour mettre la pression à mes concurrents. Ils ont dû prendre tous les risques pour me battre, et cela les a conduits (Steve Guerdat et Maikel van der Vleuten, ndlr) à commettre une faute chacun. Checker et moi avons donc signé l’unique double sans-faute du jour, et je suis vraiment heureux pour lui, car il mérite tellement cette médaille. Je le monte depuis quatre ans et je trouve qu’il fait partie des chevaux les plus extraordinaires de la scène internationale ces dernières années.
Checker est assez amusant, car il a une grande confiance en lui, mais peut en un instant devenir peureux et timide. Cela n’arrive pas en piste, où il se transforme en lion, mais pour des détails qui semblent parfois insignifiants. Il donne tout pour moi, c’est ce qui le rend unique. Parfois, j’ai l’impression qu’il pense aux mêmes choses que moi. Pendant quelques années, il a été dans les écuries d’Otto (Becker, le chef d’équipe allemand, ndlr). Je me souviens être allé l’essayer avec Ludger (Beerbaum, son mentor, lui-même champion olympique individuel en 1992 à Barcelone, ndlr) et lui avoir dit que je voulais vraiment monter ce cheval. Dès la première fois que je l’ai monté, j’ai eu un sentiment spécial, l’impression qu’il pourrait aller très loin. Il nous a fallu du temps, et même si nous obtenions de bons résultats, notre couple a pris une nouvelle dimension lors de l’année écoulée. Nous nous connaissons désormais vraiment bien et avions déjà remporté deux Grands Prix dans les six derniers mois, ce qui est incroyable.
“J’ai pleuré car j’ai été submergé par ce sacre”
J’ai regardé le barrage de Steve Guerdat tout seul, et peu après qu’il a fait tomber une barre, je me suis rendu compte que quelque chose de vraiment spectaculaire s’était produit. Ma sœur a été l’une des premières à me rejoindre. J’ai pleuré car j’ai été submergé par ce sacre. Je suis quelqu’un de plutôt émotif, mais je sais bien canaliser ma nervosité ou ma tension. Je me concentre alors sur moi-même, sur ce que j’ai à faire, et reste calme.
Je ne peux encore pas dire si ce titre va changer ma vie (rires), mais je me réjouirai si c’est le cas ! En venant ici, je savais de quoi mon cheval et moi étions capables, mais je ne me suis pas dit en me levant ce matin que j’allais devenir champion olympique.
Honnêtement, j’ai eu un très bon sentiment toute la semaine. J’ai été déçu par l’épreuve par l’équipes, dans laquelle nous avons terminé cinquièmes, sans parvenir à atteindre une médaille tant espérée. Je trouvais que nous aurions mérité d’en décrocher une. Par la suite, j’ai eu de bonnes sensations, et je me suis surtout dit que j’avais une nouvelle chance de médaille aujourd’hui. Je savais que mon cheval et moi étions en excellente forme, donc je suis bien sûr ravi d’avoir décroché l’or.
Santiago Varela et Grégory Bodo (les chefs de piste, ndlr) ont réalisé un travail remarquable toute la semaine, en proposant des parcours énormes et difficiles. Aujourd’hui, nous avons affronté quinze obstacles jusqu’à 1,65m, il n’y a rien de plus difficile, mais c’est là toute la sève des Jeux olympiques. Chacun des parcours a été juste pour les chevaux, ce qui prévaut sur tout. Avec trois parcours sans faute et autant de barragistes, nous n’aurions pu connaître un meilleur scénario, c’est ce que tout le monde espère. Cela montre à quel point le parcours était incroyable. Nous pouvons nous estimer très heureux d’avoir pu les compter comme chefs de piste.
Lorsque j’ai quitté le paddock, Ludger m’a poussé en me disant que j’étais le favori et que je tenais l’or entre mes mais. Je lui dois en partie ce titre, car il a énormément fait pour moi. Il me soutient constamment et nous nous connaissons désormais très bien. Son appui et son expérience sont très précieux, notamment car il a lui-même décroché l’or olympique. Cela m’a été d’une grande aide aujourd’hui, mais aussi au cours de ces deux dernières semaines.
En vérité, je n’étais pas nerveux en entrant en piste, car j’étais déjà assuré de monter sur le podium. Peu de gens ont remporté cette médaille d’or, je suis désormais l’un d’eux. Il va me falloir du temps pour réaliser, mais je ne dois pas oublier de profiter de ce moment, c’est en tout cas ce que j’essaye de faire”.