Les soins équins et humains ont de l’avenir
Auparavant considéré comme un luxe quelque peu superflu, l’égard porté aux soins poussés vis-à-vis des chevaux est désormais plus ancré dans le quotidien des équitants. En parallèle, ces derniers, qui avaient tendance à minimiser l’importance de leur état de forme, rivalisent d’idées pour améliorer leur condition.
Si les animalistes ont raison sur un point, c’est bien celui-ci: tout apport matériel sur un cheval peut engendrer un impact sur ce dernier, voire une gêne. Alors, à l’heure où le bien-être animal est devenu une véritable priorité pour une large majorité d’équitants, entreprises et équipementiers du secteur rivalisent d’innovations pour améliorer la condition de vie “au travail” des équidés. Filets, selles et fers sont régulièrement retravaillés par les équipementiers pour satisfaire au mieux les besoins des chevaux. “Le bien-être du cheval et celui de son cavalier sont au centre de nos préoccupations. Pour que leur relation soit optimale, le confort des deux est primordial”, amorce Andrea Rasia, directeur général de la marque Prestige Italia. “L’idée est qu’une selle puisse être hautement personnalisable tout en respectant la morphologie de chacun. Nous avons ainsi souhaité concevoir une selle adaptative et flexible qui ne limite pas les mouvements du cheval, tout en garantissant stabilité et confort pour le cavalier. Après plusieurs études, prototypes et tests, nous avons pu présenter fin 2023 la technologie AS-X. Toute la conception de la selle est adaptée pour garantir une flexibilité maximale”, poursuit Andrea Rasia, initiateur de ce projet. Ce système d’arçon, cœur vital de la selle, combine deux avancées techniques majeures de la marque: l’Adaptive System, qui offre un mouvement latéral et axial à l’arçon et laisse au cheval une liberté maximale de mouvement, et la X-Technology qui, à travers les membranes injectées dans la partie arrière de l’arçon, assure un maximum de confort et de stabilité au cavalier.
À l’instar des selles, la ferrure a, elle aussi, mis un pied dans l’innovation et le bien-être. S’il ne fait pas l’unanimité, l’essor du pied nu – dont la visibilité progresse à très haut niveau – a chamboulé les mentalités de la filière. “La remise en question de la pose systématique de la ferrure métallique est une bonne chose. Il faut toujours porter un regard critique et ne pas assourdir la question du bien-être sous prétexte que la douleur n’est pas toujours lisible”, commente Sébastien Saunier, cofondateur avec son épouse Stéphanie des semelles SAFE HP, en polyuréthane, à brocher ou coller en remplacement du fer en métal. “Notre marque fête ses cinq ans et nous notons un net essor de nos chiffres de ventes ces derniers mois. Selon moi, revenir au fonctionnement du pied nu est idéal, à condition toutefois que le cheval n’en souffre pas. Les fers en plastique ne sont pas une idée nouvelle, mais notre composition l’est ! Notre “fer” est une semelle sans insert métallique et 100 % en polyuréthane, permettant le mouvement naturel du sabot, à savoir son expansion / contraction et sa distorsion”, poursuit l’associé de SAFE HP, dont les produits ont tout juste remporté le prix de l’innovation lors des Journées sciences et innovations équines (JSIE) de Saumur, fin mai. “Jusqu’ici, les propriétaires étaient surtout à l’initiative de l’achat des semelles. Désormais, les maréchaux-ferrants et vétérinaires s’y intéressent davantage. Nous espérons voir nos semelles portées lors des Jeux olympiques de Paris, vers lesquels tous les yeux seront braqués.”
L’eau, le froid, la compression, les ondes…
Soin hydrothérapeutique par excellence, la balnéothérapie équine immerge totalement ou partiellement les membres du cheval dans de l’eau froide et salée selon l’effet recherché. “La balnéothérapie est reconnue par tous, mais malheureusement peu accessible à un grand nombre d’équitants”, constate l’équipe d’Equestrian Valley, fondatrice de Mobile Horse Care… premier spa équin itinérant! “Notre spa mobile se déplace dans les écuries et sur les concours depuis un an. En compétition, cela peut être bénéfique d’effectuer des soins de spa adaptés, après un long trajet en camion, par exemple, ou avant et après une épreuve. Le spa agit sur les tendinites, l’arthrose, l’arthrite, les lésions cutanées, les problèmes naviculaires, les fourbures, etc. Nos clients sont des professionnels de la filière et des amateurs cherchant des solutions non invasives pour leurs chevaux.”
Sœur de la balnéothérapie, la cryothérapie, autrement dit la thérapie par le froid, avance également bien des atouts: accompagnement des efforts physiques, récupération active post-opératoire, diminution des douleurs, accélération de la cicatrisation… “Les effets de l’eau glacée sont connus depuis l’Antiquité. La manière de l’apporter a néanmoins changé”, souligne Jean-Christophe Alnot, fondateur et président d’Equi’Nov, société française spécialiste en attelles de cryothérapie à compression présente sur le marché équin depuis un an. “Auparavant, on utilisait des guêtres glacées, qui avaient le désavantage d’être inconfortables et de parfois brûler la peau. Pour notre part, nous avons mis au point un système de gel refroidissant, encore souple jusqu’à -18°C, ce qui lui permet d’épouser toute la zone à traiter.” La compression graduelle et intermittente facilite le drainage de la zone lésée, accentue la pénétration homogène du froid dans les tissus en profondeur et favorise la cicatrisation tissulaire et la résorption des œdèmes. “D’ailleurs, en sus, nous avons souhaité utiliser un tissu magnétique pour nos attelles (combinaison de minéraux générant un champ magnétique agissant sur le pH de la molécule d’eau, ndlr) afin d’en accentuer les bienfaits. Cette combinaison de trois actions – froid, compression et magnétisme – est unique sur le marché.” Prisées par les cavaliers professionnels, les grooms et les vétérinaires, les attelles de cryothérapie commencent aussi doucement à faire leur entrée dans le monde des particuliers.
“Aujourd’hui, environ 60% des compétiteurs utilisent des équipements de soins courants (couverture massante, guêtres de froid, etc.) et peut-être 80% des cavaliers de niveau 5* font appel à des machines plus spécifiques. Les soins procurés sont plus récurrents et plus pointus; il y a une vraie motivation à apporter un soutien non invasif et de prévention”, analyse Élodie Chenet, physiothérapeute équin agréée par la Fédération équestre internationale (FEI) et cofondatrice de la société WBV spécialisée en técarthérapie, autrement dit de l’électrothérapie utilisant des radiofréquences. “Nous avons, par exemple, un produit arrivé sur le marché depuis deux ans, le Hi-Tens (de la marque Winback) permettant une association de hautes et basses fréquences: les premières accélèrent la cicatrisation des lésions de type tendinites, lorsque les secondes ont un effet décontractant, antalgique (diminution de la douleur, ndlr) et analgésique (suppression de la sensibilité à la douleur, ndlr). Nos clients sont avant tout des vétérinaires, avec lesquels nous collaborons sur l’élaboration de nos machines, des grooms, des physiothérapeutes, etc. Il y a également une part de clients amateurs faisant appel aux thérapeutes équipés de cette technologie. L’équitation entame un réel tournant vers ce genre de soins, alors qu’ils sont courants depuis longtemps dans d’autres sports comme le tennis, le football ou le rugby.”
Sans oublier le bien-être du cavalier!
“Notre pendant humain d’EquiNov, Orthonov, est présent sur le marché depuis sept ans”, précise Jean-Christophe Alnot. “Dans d’autres sports, la récupération par le froid est en effet systématique. Avec l’équitation, nous nous en rapprochons doucement pour les chevaux, mais nous en sommes encore loin pour les cavaliers. Pourtant, la récupération du cheval, comme du cavalier, est fondamentale pour les performances, mais aussi pour éviter les blessures.” Des études portant sur le comportement du cavalier vis-à-vis des soins seraient sans doute très appréciées! En effet, si les thérapies et attentions portées aux chevaux sont généralement issues du secteur humain, peu de cavaliers pensent à y faire appel pour eux-mêmes… sauf pour en tester les effets juste avant de les proposer à leur cheval. “Nous avons, en complément de notre soin spa équin, le soin Hofmag, un champ magnétique à ondes pulsées qui agit sur le système lymphatique et sanguin. Pour les quelques cavaliers sceptiques, il est d’usage de leur faire essayer pour qu’ils voient, par exemple, l’effet sur leur douleur sciatique. Nous proposons parfois des séances en duo d’ailleurs, où le cheval et le cavalier sont traités en même temps!”, témoigne l’équipe d’Equestrian Valley. “Les cavaliers athlètes ont une hygiène de vie relativement bonne et se soignent à partir du moment où une douleur les gêne dans leur pratique, mais ils n’agissent pas en prévention”, considère Élodie Chenet. “Néanmoins, depuis deux ans, je note que les cavaliers prennent davantage leur physique en considération.” Un effet notable de l’approche des Jeux olympiques?
Quand le vêtement protège la peau
Pantalons, leggings, tops à manches courtes ou longues, présence de grips, matières extensibles et résistantes: les cavaliers ont accès aujourd’hui à un large catalogue de vêtements adaptés à l’équitation, pour tous les styles et tous les goûts. Et, surtout, qui leur garantissent un confort optimal! Et pour toutes les morphologies? “C’est un constat acté dans la mode citadine, mais pas équestre: les pantalons standards peinent à habiller convenablement toutes les morphologies”, analyse Raphaël Koné, directeur de la marque Kingsland – première de la filière à avoir proposé un legging d’équitation, par ailleurs – pour la France, la Belgique et le Luxembourg. “Il était grand temps de se pencher sur la question! Kingsland prévoit en août la sortie de sa gamme de pantalons pour femmes HAX, pour les morphologies en H (taille et hanches sur une même ligne), en A (taille et hanche en ligne arrondie) et en X (grande différence de mesures entre la taille et les hanches). Un ajustement salutaire permettant, pour chaque morphologie, d’éviter les pantalons qui baillent, frottent, etc.”
Un pantalon qui sied parfaitement… et s’il avançait un point technique, également? “Les pantalons adaptés aux différentes morphologies ne sont pas la seule transformation que nous souhaitions apporter dans l’univers équestre”, reprend Raphaël Koné. “En mai, nous avons mis en place les premiers textiles anti-insectes (également disponibles pour le cheval sous forme de bonnet et tapis, ndlr), utiles au quotidien comme en compétition.” Si les pantalons protègent à minima la peau du cavalier, il est vrai que les pernicieux insectes ne sont pas rares à trouver un chemin parmi les fibres pour réussir à piquer ou mordre leurs victimes… “Nous nous sommes tournés vers un partenaire spécialiste, la marque Tanatex, qui avance un traitement insectifuge textile éloignant les mouches, les moustiques et les tiques.” La répulsion des insectes est assurée par la molécule perméthrine – qui résiste à une centaine de lavages – non nocive pour le cheval, l’homme et le chien, mais déconseillée si le textile traité est en contact avec des chats ou éventuellement des lapins. “Notre société prévoit d’autres nouveautés pour le cavalier dans un avenir proche. Il est agréable de pouvoir poursuivre sur l’idée – et le fait – qu’un cavalier est bien un sportif et qu’il doit également prendre soin de lui. Un cavalier qui ne s’inquiète plus de devoir se défendre contre les insectes pourra se consacrer entièrement à sa monture, par ailleurs”, glisse en un sourire le responsable des pays francophones de la marque Kingsland.
Faire appel aux sens pour apaiser l’anxiété et la douleur
Exercices de visualisation, relaxation, respiration, étirements, sports parallèles… Un cavalier sujet au stress puise généralement dans ses outils physiques et mentaux pour avancer. “J’ai découvert le lien hyper puissant au sein du couple cheval/cavalier et j’ai été étonnée que le bien-être de l’humain ne soit pas considéré au même titre que celui de l’équidé. Si le cavalier est au meilleur de sa forme émotionnelle et physique, alors je suppose que le cheval le ressentira avec un effet positif réciproque”, analyse Virginie, cofondatrice et directrice générale de la marque française de soins haut de gamme Telma, qui avance un produit offrant une synergie complexe de sept principes actifs dans un format roll-on facile à utiliser en respiration et en application sur la peau. “La formule protégée (géranium bourbon, lavande fine et ylang-ylang complète pour les huiles essentielles, et arnica, nigelle, noyau d’abricot et onagre pour les huiles végétales), aux propriétés relaxantes et anti-inflammatoires, est la seule solution certifiée SPORT Protect (label antidopage, ndlr) pour apaiser à la fois le stress, le décalage horaire et la douleur. Non dopante, ni photo sensibilisante, elle ne dérange pas les chevaux qui, d’ailleurs, adorent son odeur. Notre circuit de distribution est désormais majoritairement professionnel (hippodromes, écuries, concours, etc.). Une enseigne équestre spécialisée a été la première à créer, grâce à Telma et à notre produit 01, une catégorie bien-être réservée aux cavaliers. Si le produit s’adresse à tous – car il est sans hormones végétales ni de synthèse, et agit donc en sécurité sur l’anxiété et la douleur –, nous sommes fiers de proposer un produit innovant qui s’applique également aux douleurs physiques et émotionnelles des règles, dès l’âge de dix ans, dans un sport pratiqué jusqu’à 80% par des femmes au quotidien, et environ 50% en compétitions internationales.”