“Nos jeunes adhèrent complétement au travail mis en place par l’équipe fédérale”, Olivier Bost
Aux championnats d’Europe Jeunes de saut d’obstacles, en juillet à Kronenberg, la France a obtenu un bilan historique, avec un titre collectif chez les Juniors, une médaille d’argent par équipes pour les Jeunes Cavaliers et deux médailles de bronze individuelles pour Ewen China et Jules Orsolini en Juniors et Jeunes Cavaliers. Pour les Enfants, ce fut moins glorieux, tout comme pour la délégation française envoyée aux championnats d’Europe Poneys à Opglabbeek. Olivier Bost revient sur les résultats de ses cavaliers. Le sélectionneur des équipes de France Jeunes évoque également la suite de la saison et son souhait de construire un réservoir de jeunes cavaliers expérimentés, capable de remporter davantage de médailles.
Que retenez-vous des Européens Jeunes de Kronenberg, où vos Juniors ont décroché l’or par équipes et vos Jeunes Cavaliers l’argent par équipes, et où Ewen China et Jules Orsolini ont offert à la France deux médailles de bronze sur Bacchus d’Écames (SF, Rock’n Roll Semilly x L’Arc de Triomphe) et Charlotte 198 (Holst, Casall x Carry 22)?
Nous sommes tous très contents. C’est excellent pour nos cavaliers, qui ont enregistré des souvenirs qu’ils vont garder toute leur vie. Le travail effectué par les jeunes et la connexion qu’ils ont créée avec leurs chevaux ont contribué à ces super résultats. La dernière médaille par équipes en Juniors remontait aux championnats d’Europe de 2009 (à Hoofddorp, aux Pays-Bas, où Clémentine Bost, Margaux Rocuet, Thibault Pigeon et Hugo Breul avaient décroché le bronze, ndlr). Pour les Jeunes Cavaliers, la dernière victoire datait d’il y a douze ans (à Ebreichsdorf, en Autriche Margaux Bost, Alexandre Fontanelle, Maelle Martin et Jasmin du Perron, s’était paré d’or, ndlr).
C’est la première médaille d’or depuis des lustres pour l’équipe de France Juniors…
Oui, cela faisait un moment que nous courions après un podium, donc cette médaille était presque inespérée. Lorsque que j’ai annoncé leur sélection à Nohlan Vallat (champion d’Europe Poneys par équipes en 2021 et en argent en 2022, ndlr) et Jack Conlon Gâteau (vice-champion d’Europe Poneys par équipes en 2022, ndlr), les deux m’ont dit: “Nous ne ramènerons pas une médaille, nous ramènerons l’or”. Dès le début, tous les cinq (avec Toscane Carloni Richard, Ewen China, et Capucine Prudhomme, ndlr) ont adopté cet objectif et ont contribué à cette réussite. Pour eux, la médaille ne pouvait pas être en bronze ou en argent, elle était d’office en or. Et ils ont tenu parole!
Comment aviez-vous imaginé votre sélection?
Nous dessinons cette équipe depuis un an et demi. Ewen, qui devait être sélectionné l’an dernier au CSIO Jeunes de Compiègne (organisé par GRANDPRIX Events, ndlr), avait dû renoncer, son cheval ayant rencontré des soucis de santé. Quant à Capucine, elle avait des examens scolaires. Pour Kronenberg, j’ai décidé de conserver le même schéma avec Toscane, Nohlan et Jack, plus Ewen et Capucine, qui étaient disponibles cette fois. Leurs résultats dans les CSIO et étapes du Grand National, ainsi que leur capacité d’adaptation au travail sur le plat m’ont permis d’affiner ma sélection.
“Il n’y a pas de réussite sans travail, ni de réussite tout seul”, Olivier Bost
Que vous inspire la saison de la part d’Ewen China et Bacchus d’Ecames, vainqueurs de la Coupe des nations du CSIOJ de Zuidwolde en mai, puis crédités d’un double sans-faute dans l’épreuve par équipes des championnats d’Europe?
Ewen (son portrait est à retrouver ici) est un cavalier très talentueux, qui a les capacités de faire carrière dans la filière équestre. C’est un garçon qui s’est toujours inspiré du schéma d’équitation et de travail des meilleurs cavaliers français, et un peu plus encore de ceux des Suédois. Il essaye de les copier. Son résultat à Kronenberg confirme son excellente année. Plus généralement, je suis très fier de mes Juniors. Ce sont cinq cavaliers talentueux, qui sentent le cheval et le sport. Décrocher de belles médailles à Poneys et/ou en Juniors ouvre à une certaine reconnaissance dans notre milieu. À Kronenberg, nous avons certes bénéficié d’une part de chance, mais il n’y a pas de réussite sans travail, ni de réussite tout seul. Jérôme Ringot (entraineur des Juniors depuis deux ans, ndlr) a réussi à créer une dynamique de travail à laquelle les Juniors ont très vite adhéré. Le groupe France a vraiment été solide cette année. Toute l’équipe a été au rendez-vous et chacun a appliqué avec attention les conseils que nous avons donnés. À nous maintenant de continuer à les aider à rivaliser avec les équipes étrangères.
Pour l’équipe de Frances Jeunes Cavaliers, la victoire n’est pas passée loin. Que leur a-t-il manqué selon vous?
Cette équipe a été formée au cours de l’année. Avec Édouard (Coupérie, sélectionneur de l’équipe Seniors de réserve et des U25, ndlr), nous avons pris le parti de lancer beaucoup de jeunes en CSIO 3*. Voir de jeunes talents, comme Jeanne Sadran, Nina Mallevaey (lire ici son entretien) et Inès Joly, gagner de très belles épreuves (y compris des Grands Prix CSI 5*, ndlr), et nos Juniors glaner l’or leur a certainement donné envie de se surpasser. Malheureusement, nous avons loupé de peu la médaille d’or, mais nous ne sommes pas déçus. Les chevaux n’avaient pas eu beaucoup d’occasions de sauter sur herbe cette année, donc certains ont été perturbés. Vol’Ovent de la Serre (SF, Diamant de Semilly x Paladin des Ifs), le cheval d’Alice Lainé, a très bien sauté les deux premiers jours, mais nous a embêtés avec la rivière jusqu’à en avoir peur. Elle n’a donc pas pu participer à la Coupe. C’est un détail parmi tant d’autres qui nous a coûté l’or.
Le week-end à été plus compliqué pour l’équipe de France Enfants, dixième de ces championnats…
Nous avons manqué de réussite. Les quatre points en sortie de triple d’Arkana Messipierre, la jument de Zoé Vageon Ledy, la faute sur le 1 d’Alita des Isles, la jument de Louis Perreau, et la faute sur le dernier de Gralain AA, le cheval de Louna Bensaad, nous ont malheureusement coûté cher... À vrai dire, il nous a manqué deux sans-fautes pour challenger les équipes performantes de la Coupe des nations. Nous sommes un peu déçus, mais je suis très satisfait de la manière dont mes cavaliers ont géré leur week-end, qui n’ont pas démérité non plus.
“Notre dynamique fédérale autour des jeunes monte en puissance”, Olivier Bost
Plus généralement, comment analysez-vous le niveau des cavaliers cette année? Y a-t-il eu un déclic?
J’ai toujours été très fier des cavaliers français. Quand je vois aujourd’hui que des jeunes talents comme Inès Joly et Jeanne Sadran gagnent des Grands Prix CSI 5*à (la première à Monte-Carlo, et la seconde à Paris, ndlr), et que Léona Mermillod-Baron (retrouvez son portrait ici) gagne en CSI 3* à Megève, je trouve ça fantastique! Nous avons la chance de former de très bons cavaliers et de disposer de bons chevaux et de bons entraîneurs. Désormais, notre objectif est d’avoir deux ou trois années d’avance pour que les cavaliers gagnent plus de médailles en championnats jeunes.
Désormais, pour l’entraînement, les Jeunes cavaliers sont encadrés par Édouard Coupérie, et les Juniors par Jérôme Ringot. Tous sont également encadrés par Tristan Deguillaume, vétérinaire fédéral, et Maryline Millet Lesage, conseillère technique nationale pour les Jeunes. Que retirez-vous de cette organisation?
Édouard est avec nous depuis cinq ans et Jérôme depuis deux ans. Nous avons vraiment renforcé le travail et les connaissances sur le plat, mais aussi la connexion entre chaque cavalier et chaque cheval. Cette année, nos jeunes ont complétement adhéré à tout le travail mis en place par l’équipe fédérale, et nous souhaitons continuer sur cette dynamique.
Les stages hivernaux peuvent-ils à eux seuls expliquer ces bons résultats?
Ces stages sont très bénéfiques donc nous voulons évidemment les perpétuer et les renforcer. Notre dynamique fédérale autour des jeunes monte en puissance. Tous les ans, nous organisons des debriefings pour essayer de progresser aux championnats d’Europe. Notre mot d’ordre est: travailler et analyser les erreurs commises pour progresser.
Certains cavaliers sont habitués de la veste bleue, mais pas tous. Quel regard portez-vous sur les jeunes qui ont représenté la France pour la première fois?
J’ai pour habitude de privilégier les jeunes qui ont déjà fait des médailles, car ils nourrissent une dynamique positive. Pour autant, il est aussi important d’intégrer de nouveaux cavaliers performants et réguliers.
Alors que la transition est difficile, certains jeunes Français parviennent à vite s’imposer sur les podiums de CSI 5*, à l’image de Jeanne Sadran, Inès Joly ou encore Nina Mallevaey. Quel regard portez-vous sur ces progressions?Cela peut-il nourrir des espoirs pour les plus jeunes?
Voir d’autres jeunes, passés par ces circuits-là, réussir à haut niveau contribue évidemment à leur réussite. Ils représentent la génération des cavaliers de demain. Quand nous organisons les stages l’hiver, je leurs dis toujours que ce sont les meilleurs cavaliers français et qu’ils doivent continuer à travailler pour le rester. J’ai eu l’opportunité d’avoir Jeanne, Inès et Nina dans mes équipes en Jeunes Cavaliers. Comme Camille Condé-Ferreira (championne d’Europe Juniors en individuel en 2015, ndlr) ce sont toutes trois des cavalières talentueuses et bosseuses. Je ne suis pas surpris par leurs performances. De plus, elles sont les premières à m’envoyer des messages quand les Enfants, Juniors et Jeunes Cavaliers français réalisent de bons résultats. D’ailleurs, Nina est passée nous voir à Kronenberg. De mon côté, je les félicite quand elles réussissent.
“Nous apprenons à perdre et à gagner ensemble”, Olivier Bost?
Fin juillet à Opglabbeek, en Belgique, l’équipe de France Poneys n’a terminé que huitième et avant-dernière des championnats d’Europe Poneys de jumping. Une performance bien en-deçà des espoirs. Comment expliquez-vous cela?
Nous avons vécu une saison de transition avec des couples peu expérimentés. Brune (Faivre) et Qopper der Lenn étaient les seuls à déjà avoir participé à des championnats d’Europe. Tout est allé un peu vite, et le manque d’expérience s’est fait sentir. La saison des Coupes des nations a donné lieu à des résultats un peu en dents de scie, pas très convaincants. Nous avons manqué d’un couple leader comme auparavavant. Le seul sans-faute du week-end a été l’œuvre de Killian Rouchvarger et Figo de Florys le premier jour. Les poneys (Qopper Der Lenn, monté par Brune Faivre, D’Zeus des Chesnaies, monté par Myla Moulin Teste, Étuncelan du Chapelan, monté par Eliza Richard, Figo de Florys, monté par Killian Rouchvarger, et Atila de Talforest monté par Jeanne Chambon, ndlr) ont bien sauté, mais les parcours étaient fort compliqués. Pour décrocher une médaille, il nous aurait fallu au moins deux voire trois couples meneurs. Nous avons appris, je l’espère, à perdre, pour mieux gagner ensemble.
Les axes de travail appliqués aux Jeunes Cavaliers et Juniors et pourraient-ils bénéficier aux plus jeunes cavaliers?
Les cavaliers Poneys ont suivi les mêmes stages que les autres. Avec Bertrand Poisson (formateur technique des cavaliers Poneys, ndlr), nous avons mis en place des séances sur le plat et des séances de cohésion afin de les faire tous progresser. Concernant les Poneys, nous commençons déjà à travailler avec Brune (Faivre) et Myla (Moulin Teste), qui montent deux nouveaux partenaires. Nous avons aussi quelques couples en devenir avec de jeunes poneys, que nous convoqueront en stage à la Toussaint.