Pour s’illustrer aux JO, il fallait du sang français!

Au total, vingt-sept chevaux inscrits au Stud-book Selle Français, issus de six régions de l’Hexagone – avec un fort contingent originaire de Normandie –, ont reçu leur sésame pour participer à cette incroyable trente-troisième édition des Jeux olympiques. Un record pour l’élevage tricolore, qui a permis de mettre en lumière le fabuleux travail de sélection et de valorisation des éleveurs et des cavaliers, le tout au pied du château du Roi-Soleil. D’où viennent ces athlètes? De quels grands sires descendent-ils?



En concours complet, le pur-sang indispensable

Inutile de le rappeler: pour produire un bon cheval de concours complet, il faut du sang. Celui qui apporte influx, endu­rance, mental et amplitude, des atouts in­dispensables lorsqu’il s’agit de galoper à 570 m/min sur un cross olympique! Parmi les Selle Français observés dans les jardins du château de Versailles, huit portent en eux le sang de Rantzau (Ps, Foxlight x Cavalière d’Arpino). Ce Pur-sang fondateur, né en 1946, officia durant vingt ans au Haras na­tional de Saint-Lô, laissant une empreinte durable dans l’élevage contemporain à tra­vers deux de ses fils étalons: Starter (SF, d’une mère par Jus de Pomme, Ds) et Cor de la Bryère (SF, d’une mère par Lurioso, Ds), le chef de race exporté en Allemagne. Il est également le père de mère de Livarot (SF, Brilloso), le grand-père maternel de l’excellent Banzaï du Loir (SF, Nouma d’Au­zay), né chez Pierre Gouye, dans la Sarthe, et champion du monde en titre avec la Bri­tannique Yasmin Ingham. Cor de la Bryère, lui, s’invite dans la souche maternelle du désormais vice-champion olympique Dia­bolo Menthe (SF, Scareface de Mars x Cae­sar van de Helle). 

Rantzau imprègne aussi bien les lignées paternelles que maternelles, tout comme un autre Pur-sang, d’origine anglaise, et devenu chef de race: Furioso (Ps, Precipitation x Son-In-Law). Vinci de la Vigne (SF, Esterel des Bois x Duc du Hutrel), né chez Lucien Villotte, dans le Calvados, rassemble ces deux étalons et a clairement montré toute l’étendue de son talent en terminant cin­quième en individuel et médaillé de bronze par équipes sous la selle du Japonais Ka­zuma Tomoto. Ce croisement constitue la base d’un autre excellent cheval, Triton Fon­taine (SF, Gentleman IV x Nightko), né chez Sophie Pélissier Coutureau, dans le Calva­dos également, fabuleux de longévité à haut niveau. Associé à Karim Laghouag, le bai de dix-sept ans a terminé quinzième en indivi­duel à Versailles et a surtout participé à la très belle obtention de la médaille d’argent de l’équipe de France! L’autre grand sire re­marquable et omniprésent se nomme Ibra­him (Ds, The Last Orange x Porte Bonheur, Ds), visible par exemple à quatre reprises dans le pedigree de Rubis de Prère (SF, Fedor de Sèves x Quandy du Mayne), qui a concouru sous la selle de l’Italien Pietro Sandei. Grâce à ses fils étalons, et en parti­culier Almé (SF, d’une mère par Ultimate, Ps), celui qui ne laissa qu’un peu plus de trois cents descendants « infuse » littérale­ment les lignées d’aujourd’hui. On retrouve cette génétique chez Carat de Bremoy (SF, Quick Star x Diamant de Semilly), né chez Hubert Jehanne, dans le Calvados, qui a permis au Portugais Manuel Grave de vivre ses premiers Jeux olympiques, tout comme dans la lignée maternelle d’Aisprit de la Loge (SF, Quppydam des Horts x Dollar du Mûrier), réserviste des Bleus avec Gireg Le Coz.



Quatre médaillés pour le SF en saut d’obstacles!

La fabuleuse Dallas Vegas Batilly (SF, Cap Kennedy x L’Arc de Triomphe), amenée au plus haut niveau par le Nordiste Nicolas Delmotte, a ramené une nouvelle médaille d’or au Stud-book Selle Français grâce au sacre de l’équipe de Grande-Bretagne de saut d’obstacles, auquel Ben Maher a acti­vement participé. Lorsque l’on se penche sur le pedigree de la baie de onze ans, on découvre un cocktail incroyable des plus grands sires du Stud-book: Cor de la Bryère côté paternel, If de Merzé (SF, Verdi, Ps x Makalu, Ps) / Grand Veneur (SF, Amour du Bois x Le Mioche, Ps) / Almé côté maternel, le tout sur la souche de la célèbre Elyria (SF, Nykio x Trésor, Ps) dont descendent notam­ment Trésor Mail (SF, Jaguar Mail x Iowa), Frascator Mail (SF, Jalisco B x Dark Tiger) et, surtout, Alligator Fontaine (SF, Gayssire Fleury Noren x Dark Tiger, Ps) et I Love You (SF, Almé x Nykio). Ces quatre derniers ont tous été de grands gagnants internationaux. Censée être réserviste avec Karl Cook au sein de l’escouade américaine, l’extraordi­naire Caracole de la Roque (SF, Zandor x Kannan) a obtenu une très belle médaille d’argent par équipes en signant, elle aussi, un double sans-faute. La jument unit le sang Anglo-Arabe par son père à l’influence de Furioso, Almé et Nankin (SF, Fra Dia­volo, Ps x Plein d’Espoirs), omniprésents dans sa souche maternelle. 

Force et sang constituent les deux piliers indispensables pour donner naissance à des performeurs de cette trempe, et les éleveurs, Jean-Claude Viollet en particulier, l’ont bien compris. Nous retrouvons ainsi ce mélange chez l’étalon Vancouver de Lanlore (SF, Toulon x Le Tot de Semilly) avec Mexico (SF, Furioso, Ps x Talisman, Ds) / Ibra­him / Grand Veneur / Ultimate (Ps, Umid- war x Beaudelaire), associés à une souche basse Anglo-Arabe, une influence chère au cœur de la naisseuse du bai foncé, Anne Dafflon. Dorai d’Aiguilly*GL events (SF, Kannan x Toulon), auteure du seul et ma­gnifique sans-faute des Bleus dans la finale par équipes permettant à Olivier Perreau d’être décisif pour arracher la médaille de bronze collective, donne la part belle au sang du chef de race Furioso, marié avec celui de Cor de la Bryère. Ce dernier occupe une place prépondérante dans le pedigree de la vice-championne olympique de Steve Guerdat, Dynamix de Bélhème (SF, Snaike de Blondel x Windows van het Costersveld), née chez Laure et Frédéric Aimez, là encore mélangé à Ibrahim, présent à trois reprises. 

Parmi les lignées maternelles célèbres et présentes depuis des générations dans le plus grand rendez-vous sportif du monde fi­gure celle de la matrone Magali (Ds, Fra Diavolo, Ps x Vas Y Donc, Ds), représentée par l’incroyable Dubaï du Cèdre (SF, Balou­bet du Rouet x Diamant de Semilly), née chez Perrine Cateline et Sylvain Pitois, en Ille-et-Vilaine, et montée de main de maître par le Normand Julien Épaillard. Magali, Demi-sang née en 1956 chez Jules Houllegatte, dans la Manche, est une fille du Pur-sang Fra Diavolo (Ps, Black Devil x Blandford). Elle affiche une descendance prolifique avec, parmi tant d’autres, Dollars Boy (SF, Quidam de Revel x Elf III), Dandy de Thurin (SF, Hospodar x Nankin), Brah­mann St Simeon (SF, Le Condéen x Tigre Rouge), etc. Sa fille Danaé (SF, Starter), sœur utérine de l’étalon Fend L’Air (SF, Amour du Bois), est celle qui a le plus pro­pagé sa précieuse génétique à travers no­tamment sa fille Betty de Kreisker (SF, Muguet du Manoir), d’où proviennent Freud de Kreisker (SCSL, Taalex x Diamant de Semilly), Quito de Kerglenn (SF, Dia­mant de Semilly x Quito de Baussy) et Fakir de Kreisker (SF, Quito de Baussy x Muguet du Manoir), entre autres. 

Le patient travail de sélection des éle­veurs de chevaux Selle Français a offert une fois encore aux cavaliers du monde entier des émotions uniques, que seuls les Jeux olympiques peuvent procurer. Une consé­cration de plus pour le Stud-book, numéro deux au classement mondial de saut d’obs­tacles édité par la Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport (WBFSH)!