Les ventes aux enchères, une tendance qui pèse son poids!

Elles s’appellent Fences, Nash, Equinia, Normandie Queens Auction by Cheval Normandie, Ekestrian, Balsan Enchères, Zangersheide Auction, Schockemöhle Online Auction, Grand Prix Sales, SLF Horse Auction, Horse Auction Belgium, Optimus Auction, ou encore Equbreeding.auction… Encore récentes à l’échelle de la filiale, les ventes aux enchères européennes de chevaux de sport, organisées en physique et en ligne, affichent une excellente santé et se sont multipliées ces dernières années. Quelles sont leurs spécificités et leurs atouts? Tour d’horizon de cinq maisons de ventes françaises, pour mieux comprendre ce secteur particulier.



“Le marché des ventes aux enchères se porte très bien. Les chiffres recueillis par le Conseil des maisons de ventes (autorité de régulation du marché des ventes aux enchères publiques volontaires en France, ndlr) sont excellents depuis ces quatre dernières années. L’enchère publique est bien actée comme un moyen moderne et transparent de vendre”, analyse Philippe Balsan, conseiller et coordinateur de Balsan Enchères, dont la filiale équestre, Balsan Enchères Horses, est connue du public depuis 2020. “Nous sommes une maison de ventes dans de nombreux secteurs (véhicules, arts, vins, etc.); aujourd’hui, la vente de chevaux représente un tiers de notre activité. Nous apportons le cadre technique d’une vente: la présence d’un commissaire-priseur – Marie-Line Balsan –, la prise en charge de la retransmission audiovisuelle, des moyens de paiement et du service après-vente, la location du lieu de vente et du traiteur, etc. Le client, de son côté, gère la sélection des chevaux, les visites vétérinaires, l’iconographie. Nos vendeurs sont multiples et souhaitent proposer un large spectre d’équidés, du cheval de sport au cheval de loisir, en passant par le cheval d’endurance, le cheval Arabe de spectacle, etc.”

Par son chiffre d’affaires annuel, Balsan Enchères Horses se place en seconde position du commerce de chevaux de sport derrière l’iconique Agence Fences. “Nos clients sont nationaux et internationaux, et nous avons donc un très large fichier de contacts. C’est notre expertise technique ainsi que notre implantation dans le secteur des ventes aux enchères que nos clients viennent chercher. Nous n’avons pas vocation à être spécialistes en équidés; nous secondons plutôt les agences de ventes aux enchères équestres”, évalue Philippe Balsan.



Comprendre la sécurité et l’accompagnement offerts par une enchère publique

“Il est plus compliqué de faire une vente aux enchères en France qu’en Belgique, par exemple. La France offre aux acheteurs un grand niveau de sécurité par rapport aux autres pays européens. Cela étant dit, cela ne veut pas dire que toutes les ventes aux enchères sont sur le même pied d’égalité. Il est important de bien comprendre les garanties avancées par l’agence de ventes en question”, informe Claire-Aline Quantin, fondatrice et présidente de la maison de ventes aux enchères Ekestrian, pionnière en France en 2016 pour les ventes aux enchères en ligne et spécialisée dans le courtage de chevaux haut de gamme depuis 2011. “Mauvaise toise avancée, visite vétérinaire de complaisance, abandon du client en cas de problème… Les mauvaises surprises peuvent vite arriver pour quelques clients mal informés. Pour parer au moindre écart, nous nous appuyons sur la protection des acheteurs au sein des ventes Ekestrian. Par exemple, chaque cheval proposé parmi nos collections a réalisé auparavant une contre-visite vétérinaire (effectuée par un ancien vétérinaire de l’équipe de France de saut d’obstacles, ndlr). Nos mandats de vente (contrat avec lequel le propriétaire donne à la maison de ventes le pouvoir de vendre son objet, en l’occurrence l’équidé, ndlr) font quatorze pages, contre les deux habituelles. Nous sommes actifs pour les passeports, les changements de stud-books, etc. Bref, les services pré et après-vente nous sont particulièrement chers.”

La maison Ekestrian est spécialisée en vente de jeunes produits destinés au saut d’obstacles – poulinières vides et pleines, embryons, yearlings et poulains jusqu’à trois ans. “Nous verrons par la suite si nous élargissons nos horizons de ventes. Pour l’instant, nous avons déjà fort à faire avec nos deux mille cinq cents contacts d’écuries ou d’éleveurs avec lesquels nous travaillons régulièrement pour vendre leurs produits. Notre recherche est à l’échelle européenne. Nous comptons sur des experts sélectionneurs de renom, notamment Olivier Jouanneteau et Xavier Leredde, qui ont tous les deux été membres de l’équipe de France de jumping durant de nombreuses années, et qui s’occupent respectivement d’analyser les souches maternelles et paternelles”, achève Claire-Aline Quantin. 60% à 80% des ventes Ekestrian partent à l’international; l’un des pourcentages les plus élevés du marché.



Les futurs performeurs à l’honneur

Les chevaux de trois ans sont, dans l’imaginaire collectif et sur le terrain, les principaux chevaux disponibles au sein de ventes collectives. Pré-débourrés ou débourrés, ces jeunes sont prêts à débuter leur carrière sportive. Si certaines agences sont ouvertes à tous les stud-books, d’autres vont préférer mettre en avant les élevages français, à l’instar de l’agence normande Nash. Terre du Selle Français, la Normandie a enregistré 30 % des naissances de la race en 2023. “Les ventes aux enchères de l’agence Nash (pour Normandy Auction Sport Horses, ndlr) sont associées aux chevaux de trois ans depuis leur création, en 1989”, amorce Sébastien Branly, directeur général de l’agence depuis quatre ans. “La vocation première de nos ventes est de valoriser les éleveurs de la Manche et les aider à diffuser leur production.” Si les premières éditions des ventes Élites proposaient trente à cinquante chevaux durant les trois soirées de ventes physiques, en octobre, au Pôle hippique de Saint-Lô, les éditions plus récentes avancent désormais cent trente à cent quarante chevaux. Aux côtés des trois ans, majoritaires, les ventes Nash présentent également quelques poulains, embryons et poulinières. “Le marché se porte bien. La digitalisation des ventes Nash en 2020 n’a, bien sûr, pas stoppé les ventes physiques, auxquelles le public demeure fidèle. Les chevaux de trois ans représentent un pari intéressant pour le sport et l’élevage, car encore accessibles sur le plan financier. Certains produits vendus sous le marteau de l’agence Nash ont ensuite brillé au plus haut niveau, à l’image de Hermès Ryan des Hayettes ou encore Vancouver de Lanlore (qui avait constitué le top price de l’édition 2012, ndlr).” Dès juin, l’équipe des associés Nash parcourt entre neuf et onze écuries et haras afin de sélectionner pour ses ventes Élites des chevaux majoritairement Selle Français et issus d’élevages normands. En parallèle, l’agence de ventes aux enchères organise également des enchères en ligne proposant à l’achat des chevaux d’une même écurie ou d’un groupement d’élevage. “40% des chevaux des ventes Élites partent à l’international. Tous les acheteurs sont accompagnés sur le terrain, avant et après la vente. La relation de confiance et l’écoute sont primordiales”, appuie Sébastien Branly.



Les jeunes performeurs en demande croissante

“L’apparition des ventes aux enchères de performeurs (généralement âgés de quatre à neuf ans, ndlr) répond à une demande du public. C’est désormais intégré dans le marché français. Les clients qui achètent des chevaux de trois ans recherchent également des chevaux plus âgés”, introduit Benjamin Ghelfi, président de l’Agence Fences, dont les renommées ventes Fences Élite se déroulent sur plusieurs jours à Bois-le-Roi, depuis 1989, en parallèle de la Grande Semaine de l’élevage de Fontainebleau. “Nous souhaitions élargir notre activité. Nous avons été l’une des premières agences à proposer cette catégorie d’âge aux enchères, en 2021. Les trois ans représentent 50% à 60% de notre chiffre d’affaires. Le pourcentage restant correspond à la vente de poulains, embryons et chevaux d’âge.” L’Agence Fences fonctionne avec neuf associés sillonnant l’Europe pour trouver les meilleurs chevaux… et les clients aptes à les acheter. “Notre seul critère est la qualité. Nous cherchons toute l’année des chevaux qui ont déjà fait leurs preuves en compétition et que nous avons vus en piste. Par édition, nous vendons en moyenne 80% de notre collection d’une quinzaine de performeurs, ce qui est un très bon chiffre”, poursuit Benjamin Ghelfi. L’agence organise deux ventes de performeurs au cours de l’année: l’une à Fontainebleau, en avril, et l’autre à Deauville, en août. “Nous envisageons peut-être une troisième vente enfin d’année. Parmi les chevaux passés sous le marteau des ventes de performers Fences, nous pouvons par exemple citer QH Sole Mio Santo Antonio (ex-KS Carat, monté par le Brésilien Yuri Mansur, puis par le Français Alix Ragot, avec lequel il a notamment terminé troisième du dernier championnat de France Pro Élite, ndlr) ou encore Cloe Newcastle, une toute bonne sept ans qui concourt actuellement avec Nicolas Delmotte.”



La force du réseau et l’analyse des statistiques

L’équipe derrière les ventes Extra Horses, composée d’éleveurs, de cavaliers internationaux et de marchands de chevaux.

L’équipe derrière les ventes Extra Horses, composée d’éleveurs, de cavaliers internationaux et de marchands de chevaux.

© Extra Horses

“Les chevaux performeurs, de quatre à huit ans, sont notre cœur de métier. Une petite part de notre sélection est constituée de poulains, de trois ans et d’embryons, mais cela reste exceptionnel. Les jeunes chevaux proposés au sein de nos ventes aux enchères Extra Horses sont repérés par nos experts sur les concours, dans les élevages, etc. Notre force est un réseau de professionnels reconnus et internationaux”, souligne Nicolas Tayol, cavalier français et marchand. À l’initiative de la collaboration de quinze cavaliers et marchands de chevaux évoluant dans le secteur du haut niveau, Nicolas Tayol avance via les ventes Extra Horses des chevaux destinés à sauter au minimum 1,45 m. Les acheteurs sont à 60% des professionnels; le public amateur, quant à lui, sort le plus souvent en CSI 1* à 2*. “La richesse de notre sélection repose sur le fait que chaque partenaire d’Extra Horses connaît par cœur sa région ou son pays. Par exemple, nous pouvons compter sur Virginie Coupérie-Eiffel à Bordeaux, Charlotte et Mark McAuley en France et en Suisse, Ludger Beerbaum et Philipp Weishaupt en Allemagne, Giulia Martinengo Marquet et Stefano Cesaretto en Italie, Sanne Thijssen aux Pays-Bas, etc. Par ailleurs, nous avons récemment compulsé les résultats en compétition de nos chevaux vendus au cours des précédentes ventes Extra Horses (débutées en 2021, ndlr): en 2021, 84% des chevaux de la collection avaient déjà gagné ou été classés en épreuves internationales, dont trois chevaux aux niveaux 4* et 5* ; en 2022, ce sont 80% des chevaux de la collection qui ont réitéré ces classements (jusqu’à 1,45 m pour les huit et neuf ans en 2024); en 2023, idem pour 81% des chevaux de la collection, dont des classements en épreuves Grands Prix Jeunes Chevaux pour les sept ans ou en CSI 2* jusqu’à 1,40 m et 1,45 m pour les huit ans. En résumé, plus de trente chevaux passés par le label Extra Horses ont déjà atteint le niveau 1,45 m à 1,60 m. Ce bilan sportif demande du temps, mais c’est un vrai plaisir de pouvoir avancer une telle étude à nos clients”, sourit en conclusion le fondateur du label de ventes aux enchères Extra Horses.