Victor Fabre Carlus trace son chemin en équipe de France

La première expérience à poney de Victor Fabre Carlus, à l’âge de cinq ans, n’a pas été des plus concluantes. “Ça ne me plaisait pas trop”, résume le jeune homme, né le 14 septembre 2005. À dix ans, le Tarnais a suivi sa sœur aînée et découvert l’endurance, terminant sa première course de 20km. À treize ans, il a conquis un premier titre de champion de France par équipes, sous les couleurs de l’Occitanie, sur 60km lors des championnats des As. Rebelote l’année suivante sur 80km. Autorisé à concourir au niveau international en 2019, à la faveur de l’âge, il a terminé sa première CEI 1* avec Selik (PsA, Sadepers x Qatar) à Fontainebleau, puis s’est classé deuxième de sa première CEI 2* à Costaros avec le même cheval. Freinée par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, l’ascension sportive de Victor avec Bamos de Kerdraon (PsA, Bédouin de Piboul x Tango d’Ayres) a été marquée par une première CEI 1* gagnante à Sames, dans les Pyrénées-Atlantiques, en septembre 2021, puis par une troisième place dans la CEI 2* de Fontainebleau cinq semaines plus tard. 

“Après ces courses, des envies d’équipe de France Jeunes ont commencé à mûrir dans ma tête”, se rappelle Victor. L’échéance la plus proche était alors les championnats d’Europe de Vic, en Espagne. Hélas, lors la CEI 2* Castelsagrat, désignée comme sélective par la Fédération française d'équitation, en mai 2022, Bamos de Kerdraon a reçu un coup de pied qui l’a fait boiter, d’où l’abandon du couple dès la deuxième boucle. “Forcément, ce fut une désillusion, mais mon cheval n’y était pour rien. En fait, ce fut même un mal pour un bien: comme Bamos n’avait rien de grave, nous nous sommes engagés un mois plus tard à Compiègne et avons gagné l’épreuve de 120km!”, se réjouit le cavalier des écuries des Ayssades, sises à Thédirac, dans le Lot.

Ce bon résultat a ouvert au couple les portes du stage de préparation des Européens Jeunes. “Je me suis retrouvé septième, donc deuxième remplaçant. L’accident de cheval de Léa Vandekerckhove, survenu avant le championnat, m’a fait rentrer en équipe en tant que remplaçant, ce qui m’a permis d’observer les choses de l’intérieur. Je crois aussi que l’encadrement fédéral a pu voir comment se comportait Bamos.” Le hongre était prêt à courir à Vic, et “cela ne servait à rien de jeter à la poubelle le travail accompli. C’est pourquoi nous nous sommes engagés aux championnats de France de Fontainebleau quinze jours plus tard, où nous avons fini quatrièmes” et médaillés d’or par équipe. “À partir de là, nous avons décidé d’acheter le cheval, qui m’était confié jusqu’alors, et ma mère (Florence, ndlr) est devenue la propriétaire”, explique Victor. 

“Je ne sais pas exactement quelle place je peux me permettre de viser en individuel”

L’année 2023 fut celle des championnats du monde Jeunes de Castelsagrat, dans le Tarn-et-Garonne. “Cette course me donnait envie et je voulais vraiment y participer.” Cinquième du test de sélection, organisé au printemps à… Castelsagrat, le couple a intégré le stage de préparation. “Tout s’est très bien passé et je me suis retrouvé parmi les cinq sélectionnés.” Le jour J, le 2 septembre 2023, le couple a répondu présent, se classant dixième en individuel et contribuant pleinement au titre de vice-champion du monde de l’équipe de France.

Cette année, une cinquième place à la CEI 2* de Compiègne, en juin, a offert à Victor Fabre Carlus et Bamos de Kerdraon leur billet pour les championnats d’Europe Jeunes, qui se tiennent demain à Arborea, en Sardaigne. Un nouvel objectif atteint pour l’étudiant de dix-neuf ans, inscrit en deuxième année de DUT gestion des entreprises et des administrations à l’IUT de Toulouse. Quant à Bamos de Kerdraon, il continue à s’entraîner là où il l’a toujours fait: à l’élevage des Ayssades, chez Mélissa et Alexandre Gonçalves. “Bamos n’est pas à vendre. Mon objectif est de participer aux championnats avec l’équipe de France.”

Demain, Victor suivra les consignes de l’entraîneur et sélectionneur national, Jean-Michel Grimal, qui vise une nouvelle médaille par équipes, voire un titre: “Je vais essayer de réussir la meilleure course possible, mais il nous faudra bien composer avec tout ce qui peut arriver.” Quant à ses ambitions personnelles, Victor est clair: “Je ne sais pas exactement quelle place je peux me permettre de viser en individuel: la meilleure place en fait.” Arrivés en Sardaigne samedi après un long voyage de vingt-quatre au total, une pause de huit heures à Barcelone et une mer calme, les chevaux ont bien récupéré. Il faudra néanmoins tenir compte des fortes chaleurs de la journée combinées aux averses nocturnes: “L’humidité émanant du sol n’est pas confortable pour les chevaux, mais cela pourrait être pire. Le terrain est très plat. Il y a des parties qui sont un peu dur au pied, mais c’est un assez bon terrain dans l’ensemble”, analyse Victor après avoir reconnu à vélo les trois boucles de l’épreuve, dont l’une des boucles sera à parcourir deux fois.

Dans la course au titre européen, Victor Fabre Carlus, Ema Chazel, Carla Mosti, Léa Clerissi, Lou Biannic et Jean Jagu, normalement remplaçant, lutteront sans surprise avec l’Espagne, principale concurrente de la France, et l’Italie, mais des outsiders pourraient aussi jouer les trouble-fête: “Les Portugais ont un bon niveau. Il faudra se méfier d’eux”, prévient le Tarnais. Alea jacta est.