“Nicolas Delmotte est l’un des meilleurs cavaliers français”, Geneviève Mégret

Puisqu’aucun de ses chevaux n’a pris le départ du Saut Hermès cette année, Geneviève Mégret a vécu une édition du concours parisien moins forte en émotions que d’habitude. Rencontrée sous la verrière du Grand Palais, celle qui cumule les casquettes de propriétaire, éleveuse et étalonnière a répondu à nos questions, en revenant notamment sur sa nouvelle collaboration avec Nicolas Delmotte, à qui elle a récemment choisi de confier Ilena de Mariposa, la fille de la championne olympique par équipes Flora de Mariposa. Elle nous a également donné des nouvelles de cette dernière, et de l’explosive Ratina d’la Rousserie. Aussi discrète et mesurée que profondément passionnée par les chevaux, Geneviève Mégret s’est confiée à GRANDPRIX-Replay.com.



Ces dernières années, Geneviève Mégret a accumulé de très nombreux beaux souvenirs comme propriétaire.

Ces dernières années, Geneviève Mégret a accumulé de très nombreux beaux souvenirs comme propriétaire.

© Scoopdyga

GRANDPRIX-Replay.com : En ce début d’année, vous avez amorcé un changement important, marqué par un début de collaboration avec Nicolas Delmotte. Comment cette transition se déroule-t-elle ? 
Geneviève Mégret : Les premiers rapports sont vraiment constructifs et agréables. Ilena de Mariposa, en qui nous croyons beaucoup, a rejoint Vagabond de la Pomme, Urano de Cartigny et Corrado du Moulin chez Nicolas Delmotte. Il l’avait essayée en même temps que les trois étalons, et j’avais aimé les voir évoluer ensemble, donc nous lui avons aussi confiée. Pour l’heure, tout doit se mettre en place mais le premier sentiment est vraiment bon, aussi bien du côté de Nicolas que du notre. Je suis allé voir les chevaux chez lui, et ils vont se rendre à Cagnes-sur-Mer pendant deux semaines. Nous en saurons un peu plus sur la suite du programme après ce concours.
 
GPR. : Pourquoi avoir fait le choix de confier quelques-uns de vos cracks à Nicolas Delmotte ? 
G.M. : Nicolas dispose d’une sacrée expérience, ce n’est pas un débutant et il a fait ses preuves à haut niveau. Il est l’un des meilleurs cavaliers français et correspond bien à notre façon d’aborder le sport, c’est un homme de cheval qui met tout en œuvre pour leur bien-être.
 
GPR. : Vous êtes très attachée à vos chevaux, n’est-il pas trop compliqué pour vous d’être plus éloignée d’eux qu’avant ?  
G.M. : Je suis très occupée en ce moment avec mes différentes activités, et je voyais surtout mes chevaux en concours ces derniers temps. Douai (là où est installé Nicolas Delmotte, dans les Hauts-de-France, ndlr) n’est pas si loin du haras de Clarbec, c’est à trois heures de route environ. Je peux aller les voir si je le veux, donc cet éloignement n’est pas si compliqué à gérer.
 
GPR. : Après sept ans de collaboration avec Pénélope Leprevost, que retenez-vous de cette expérience ?
G.M. :
 Je retiens tous les bons moments de partage et les performances que nous avons vécu. Il n’y a pas un souvenir en particulier qui se démarque, je dirais plutôt qu’il y en a beaucoup et avec chaque cheval. Il y a notamment eu la finale de la Coupe du monde de Las Vegas et le Grand Prix du Saut Hermès l’an passé avec Vagabond, les Jeux olympiques de Rio de Janeiro et le Grand Prix Coupe du monde de Lyon avec Flora, Bordeaux avec Nice Stephanie où elle a remporté le Grand Prix, La Baule avec Dame Blanche (van Arenberg, ndlr), la 3ème place de Nayana dans le Grand Prix de Calgary, le double sans-faute de Ratina (d’la Rousserie, ndlr) dans la Coupe des Nations d’Aix-la-Chapelle et sa victoire dans le Grand Prix de Cannes… J’en oublie certainement, mais il y a de bons souvenirs avec tous les chevaux.


“Félicie et Sultane se sont vraiment trouvées”

Geneviève Mégret aux côtés de deux de ses protégés, Félicie Bertrand et Sultane des Ibis.

Geneviève Mégret aux côtés de deux de ses protégés, Félicie Bertrand et Sultane des Ibis.

© Sportfot

GPR. : Vous avez expliqué vouloir prendre le temps de faire les meilleurs choix avant de confier vos chevaux. Avez-vous pris une décision quant à la suite de la carrière de Nice Stephanie ? 
G.M. : Nice Stephanie était blessée, et avait réintégré mes écuries. Elle a recommencé à sauter avec Félicie Bertrand qui l’aime beaucoup et avec qui elle va bientôt reprendre la compétition. Nous avons repris il y a quelques mois une collaboration avec Félicie, qui avait travaillé quatre ans à Clarbec et avait d’ailleurs à l’époque débuté Nayana en concours. Elle monte entre autres Sultane des Ibis, avec qui elle réalise d’excellents résultats. Elle monte également deux très prometteuses juments de neuf ans, Creta LS et Vahiné de Favi. Tout se passe très bien, et j’ai grand espoir en cette collaboration. Ces juments sont chez moi à Clarbec, et Félicie vient les monter car elle habite tout près. Nous avons vraiment envie d’avancer ensemble.
 
GPR. : Vous l’avez dit, Félicie Bertrand et Sultane des Ibis n’ont pas tardé à réaliser d’excellents résultats, elles se sont notamment classées deuxièmes du Grand Prix CSI 3* de Vilamoura le 4 mars. Pouvez-vous nous parler de ce couple ? 
G.M. : Toutes les deux se sont vraiment trouvées et cela me fait plaisir, ça en est même émouvant. Beaucoup de gens m’appellent en me disant que ce qu’elles réalisent est formidable, et j’ai vraiment beaucoup d’espoir en elles. Toutes deux ont très rapidement formé un couple, elles s’amusent, et la jument a sauté de manière extraordinaire lors du CSI 3* de Vilamoura. Nous essaierons d’aller le plus loin possible, tout en respectant Sultane. En tout cas en sortie de piste, la jument est contente et Félicie a le sourire jusqu’aux oreilles (rires) !

GPR. : Comment se passe l’évolution de Chacco Rouge, le fils de Chacco Blue monté par François-Xavier Boudant ? 
G.M. : Après avoir été éloigné un peu des terrains de concours, il a pleinement repris la compétition l’an passé avec de belles performances. J’ai beaucoup d’espoir en ce cheval qui a eu de beaux résultats l’an dernier sur des Grands Prix à 1,50m. Je pense vraiment qu’il est très bon, et qu’il pourra s’illustrer à haut niveau. De plus, il semble être un reproducteur formidable. Il a encore peu de produits, mais tous démontrent une grande qualité.


“Flora et Ratina sont en thalassothérapie”

Écartée des terrains de compétition depuis juillet dernier, Flora de Mariposa poursuit sa convalescence en thalassothérapie.

Écartée des terrains de compétition depuis juillet dernier, Flora de Mariposa poursuit sa convalescence en thalassothérapie.

© Scoopdyga

GPR. : Absentes des terrains de compétition depuis plusieurs mois, comment se portent vos deux championnes Flora de Mariposa et Ratina d’la Rousserie ? 
G.M. : Elles sont blessées depuis assez longtemps maintenant, et sont toutes les deux en thalassothérapie. Ratina va revenir au haras de Clarbec lundi (interview réalisée le 17 mars, ndlr) car elle a terminé ses deux mois de thalassothérapie et de natation. Elle va reprendre le travail et nous verrons comment elle évolue. Concernant Flora, elle est encore en thalassothérapie et sa convalescence devrait être un peu plus longue. Je pense qu’une fois remise, elle intégrera aussi le haras de Clarbec dans un premier temps, puis nous aviserons.
 
GPR. : On vous a vu quelquefois sur les paddocks de concours aux côtés de Camille Conde Ferreira. Comment travaillez-vous avec cette jeune cavalière ? 
Camille est une jeune cavalière talentueuse et motivée qui adore ses chevaux. Je pense qu'elle est promise à un très bel avenir sportif. Nous échangeons beaucoup à propos de ses chevaux. Je lui donne quelques conseils et l'accompagne aussi souvent que possible.
Je lui ai par ailleurs confié quelques chevaux.
 
 
GPR. : Nayana et Dame Blanche van Arenberg profitent de leur retraite depuis quelques temps, comment vont-elles ? 
G.M. : Nayana et Dame Blanche sont chez moi, à l’élevage. L’an passé, une pouliche par Tornesch et Dame Blanche est née par transfert d’embryon. Cette année, nous attendons d’elle un poulain d’Urano de Cartigny. Pour l’instant, nous avons un peu de mal à faire des transferts d’embryon avec Nayana mais elle se porte très bien. J’espère que nous réussirons à avoir des poulains d’elle, car elle est ma jument de cœur. C’est avec elle que la grande aventure a débuté.
 
GPR. : Outre vos casquettes de propriétaire et d’éleveuse, vous êtes également étalonnière. Comment sélectionnez-vous les étalons que vous intégrez au catalogue ? 
G.M. : Je suis étalonnière depuis moins longtemps, mais c’est vraiment une activité que j’aime beaucoup. J’apprécie particulièrement la relation avec les éleveurs. J’ai la chance d’avoir en ma possession quelques excellents étalons. Pour ce qui est de ceux que nous sélectionnons afin qu’ils intègrent notre catalogue, ma fille Élise, qui est une grande passionnée d’élevage, m’aide beaucoup. Elle essaie de détecter les futurs cracks, c’est une partie du métier assez passionnante. Cette année, nous avons ajouté à la liste des performers le Vice-Champion d’Europe Don VHP Z et sélectionné quelques étalons d’avenir, dont les sept ans Broadway de Mormoulin, Casago, Cashpaid J&F et Luigi d’Eclipse. Imaginer de quoi sera fait l’avenir de ces jeunes étalons, c’est vraiment la partie plaisante de ce métier.