Arnaud Boiteau: “La participation de clones me semble peu en accord avec l'essence de notre sport”

L’écuyer du Cadre Noir de Saumur Arnaud Boiteau a réagi quant aux première et sixième places de Chilli Morning IV et Chilli Morning II, deux clones du légendaire Chilli Morning (DSP, Phantomic XX x Kolibri), au Mondial du Lion d’Angers le week-end dernier.  

“Les première et sixième places de deux Chili Morning dans les sept ans au mondial du Lion, le week-end dernier, laissent à beaucoup un goût amer. Moi le premier, frappé par leur ressemblance totale sur le plan physique, locomoteur, gestuel, technique”, introduit Arnaud Boiteau. “L'impact environnemental sur leurs premières années de vie est visiblement très faible et ne les a quasiment pas différenciés en termes de qualités sportives comme ça aurait pu être le cas. Non pas que leurs deux cavalières aient démérité, loin de là, mais la réussite et tout simplement la participation de chevaux clonés aux compétitions me semble peu en accord avec l'essence même de notre sport. Le sentiment que ‘le jeu’ est un peu faussé”

Sur ses réseaux sociaux, le cavalier de concours complet a également exprimé son désaccord vis-à-vis du clonage et de ses l’avantage qu’il donne pour les performances sportives des chevaux nés via cette technique d’élevage. 

“Par le biais de la compétition, l’équitation sportive valorise la performance d’un couple cavalier-cheval dépendant pour beaucoup de la capacité du premier à composer avec la singularité physique et mentale du second. Vouloir uniformiser l’athlète-cheval va à l’encontre de cette difficile mais passionnante entreprise qui consiste à faire avec ce que la nature nous a donné”, a-t-il ajouté. “Une certaine éthique nous oblige à respecter ce principe au risque d'une escalade contre les lois naturelles qui de toute façon nous dirigeront toujours. D’un point de vue systémique, l’élevage tient pour partie son équilibre de l’incertitude génétique faisant qu’un poulain bien né ne sera pas forcément un champion et inversement. Le projet ultime qui viserait à ne produire que des cracks induirait une sélection des éleveurs, propriétaires et cavaliers par l’argent, avec ceux qui pourraient se les offrir et ceux qui ne le pourraient pas, et une banalisation de la ‘top qualité’ faisant que les chevaux d’exception n’en seraient finalement plus car noyés dans une masse artificiellement gonflée. Et c’est sans parler du rêve de l’éleveur, son moteur au quotidien, qu’on briserait ainsi en atténuant la dimension aléatoire du croisement longuement réfléchi pour obtenir le ‘cheval de rêve’ si la chance s’en mêle et le veut bien. La recherche scientifique est en perpétuelle évolution et ses avancées sont bien évidemment salutaires pour vivre mieux. Le clonage équin, initié chez nous en 2005, présente de l’intérêt sur le plan de l’amélioration génétique du cheptel équin à condition d’être parfaitement encadré et cantonné aux reproducteurs dont c'est la seule vocation. Mais permettre à des chevaux qui en sont issus de participer à des compétitions me semble être une ligne que l’on n’aurait pas dû franchir”. 

Sous la selle de la Britannique Gemma Stevens, Chilli Morning IV a réalisé de bons débuts sur le circuit international en participant à des compétitions en Grande-Bretagne et en remportant notamment le CCI 2*-S d’Ardingly, en septembre 2023. Pour ses premiers pas en France, Chilli Morning IV a une nouvelle fois fait étalage de ses aptitudes en décrochant l’or. Tout comme son frère, Chilli Morning II, se montre aussi performant en 2*. Sous la selle de l’Allemande Julia Krajewski, championne olympique individuelle à Tokyo en 2021, il a déjà trois victoires à son actif, et depuis, une sixième place dans les sept ans aux championnats du monde jeunes chevaux.