Alice Gaillard, groom emblématique, nous a quittés

Alice Gaillard est décédée lundi dans sa quatre-vingt-septième année. “C’est avec une immense tristesse que je vous annonce qu’une nouvelle étoile brille dans le ciel”, a exprimé aujourd’hui sur les réseaux sociaux Clémence Cendrier, petite-fille de celle qui fut une groom emblématique dans l’histoire du complet français. 

La Bourguignonne avait œuvré en tant que soigneuse auprès de certains des tout meilleurs cavaliers français de concours complet, à commencer par Marie-Christine Duroy de Laurière, double médaillée d’argent par équipes aux championnats du monde. “Elle était si amoureuse des chevaux que tout ce qu’ils faisaient trouvait grâce à ses yeux. En cas de bêtise, elle considérait toujours que c’était sa faute”, se souvient l’ancienne cavalière de Yarland’s Summer Song et Quart de Placineau. “Elle pouvait aussi dire: ‘Je vais aller lui faire faire une promenade’ et emmener un cheval manger de l’herbe… et ce jusqu’à dix fois par jour! C’était Alice, elle n’avait pas de limite. Alors qu’elle ne parlait pas un mot d’anglais, à Burghley (mythique concours britannique, ndlr) par exemple, elle était la première groom à récupérer les tickets pour le foin ou autre, ce qui me faisait rire. Elle était très débrouillarde.” 

Le nom d’Alice Gaillard est aussi associé à ceux de Bruno Bouvier, cavalier tragiquement disparu dans un accident à Barroca-d’Alva, en 2013 au Portugal, mais aussi de Jean Teulère. En effet, elle fut également la groom d’Espoir de la Mare lors de son sacre mondial en 2002 à Jerez de la Frontera. Bénévole à l’Étrier de Bourgogne, à Dijon, elle y avait transmis son savoir à de nombreux cavaliers de tous niveaux, dont un certain Maxime Livio, actuel vingt-neuvième au classement mondial des cavaliers. “Lorsque je montais à Dijon, je la côtoyais tous les jours”, se remémore le professionnel installé près de Saumur. “Elle était toujours là, à surveiller ce que nous faisions avec les chevaux et à nous apprendre des choses. Elle avait sa propre manière de le faire, mais elle fut pour moi un premier modèle de ce que devait être un homme ou une femme de cheval: elle nous faisait remettre les bandes quinze fois, elle m’a appris à pionter les crinières, à m’occuper d’un cheval et à l’aimer. Sa parole était d’autant plus forte qu’elle a tout de même travaillé pour les meilleurs cavaliers français! J’ai toujours apprécié son caractère bien trempé car je sentais qu’elle était extrêmement bienveillante. Même lorsqu’elle se moquait gentiment de nous ou qu’elle nous secouait pour nous faire prendre conscience de ce que nous ne faisions pas bien avec les chevaux, cela me semblait super. Par la suite, j’ai eu quelquefois la chance de l’avoir à mes côtés en tant que groom, ce dont j’étais très honoré. Elle m’a notamment accompagné lors de mes premiers championnats d’Europe (à Pratoni del Vivaro, en 2004, où le Tricolore avait conquis l’argent par équipes et fini dixième en Juniors avec Jaipur, ndlr). Ces dernières années, nous nous étions éloignés géographiquement, mais je suivais régulièrement sa santé et sa vie grâce à mes parents, qui avaient des nouvelles d’elle via Henri et Catherine Bernard, de l’Étrier de Bourgogne. Je regrette un peu de ne pas être allé lui faire un petit coucou, mais la vie est ainsi faite.” 

“Ton amour, ta bienveillance et ton caractère de feu resteront à jamais dans nos mémoires”, s’est émue la petite-fille d’Alice Gaillard, qui avait également obtenu le prix de la Fédération équestre internationale pour la meilleure groom internationale en 2011.