Adieu Mireille Belot-François, l’une des premières écuyères du Cadre noir

Mireille Belot-François fut Maître-Écuyère du Cadre noir (depuis le changement d’appellation de cette fonction, en 2000). Lundi soir, l’illustre institution a fait part du décès de celle qui fut l’une des deux premières femmes à intégrer ses rangs. Avant d’y entrer, Jean-Pierre Tuloup, juge international et ancien écuyer, mais aussi instructeur à la Société d’équitation de Paris (SEP), se souvient: Elle a donné des cours à des personnes très connues dans les années 1970 à la SEP, puis elle a travaillé à Orsay, où elle a passé son instructorat et poursuivi sa carrière à l’Étrier de Paris avec Michel Cochenet, écuyer professeur.” Nadine Cochenet, juge nationale Élite ayant vécu cet enseignement, évoque le respect que suscitait l’écuyère: “Lorsque j’étais adolescente, je montais avec Paul de Longchamp à la SEP. Mireille y travaillait comme monitrice. Pour nous, jeunes filles de quinze ans, elle représentait l’aînée, qui pouvait nous servir de modèle. Par la suite, lorsque mon époux (Michel Cochenet, ndlr) a pris la direction de l’Étrier de Paris, Mireille était employée pour donner les cours de dressage du stage dit de Deuxième cycle.”


© Alain Laurioux/IFCE

Puis est venu, en 1984, l’heure d’entrer au Cadre noir, quelques mois seulement après Florence Labram, première femme ayant revêtu la tunique noire. Mireille Belot-François y était restée jusqu’au bout de sa carrière, dédiant trente-sept ans de sa vie aux chevaux et à “la monte dite à la française” comme elle aimait qualifier sa pratique, et comme elle l’expliquait dans l’un des ouvrages collectifs auquel elle avait pris part, La Mémoire orale des écuyers du Cadre noir”. “L’équitation de tradition française, c’est la recherche harmonieuse d’effets de force, le respect du cheval, en un mot ‘la monte dite à la française’”, détaillait-elle.

Peu passionnée par la compétition, technicienne discrète, Mireille Belot-François était notamment réputée pour pouvoir présenter des lignes de changements de pied au temps exemplaires. Elle était aussi reconnue dans son quotidien, comme le rappelle son ancien collègue, Jean-Frank Girard. “Mireille Belot-François était une écuyère qui représentait parfaitement ce que l’on attend du Cadre noir. Non seulement elle était techniquement irréprochable, mais elle avait ce supplément d’âme qui fait que sa silhouette, son élégance et sa discrétion venues de sa formation de danseuse classique provoquaient, en plus, de la beauté technique, une grande émotion. C’était une grande écuyère, capable d’enseigner plus que l’équitation; elle nous faisait comprendre la philosophie de cet art qu’elle pratiquait de façon exemplaire, ce qui lui avait valu d'être décorée de la Légion d’honneur”. C’était en 2000. Jean-Pierre Tuloup surenchérit: “Grâce à son élégance reconnue et à sa sensibilité avec les chevaux, elle a représenté et diffusé idéalement l’équitation de tradition française”, prouvant que l’équitation de très haut niveau ne passe pas nécessairement par la médiatisation individuelle et peut tout à fait s’inscrire au sein d’un collectif. L’équitation a donc perdu l’une de ses artistes, fondatrice d’une véritable éthique.

Les obsèques de Mireille Belot-François auront lieu en début de semaine prochaine, le jour restant à définir. GRANDPRIX présente ses sincères condoléances à sa famille, à ses proches et à ses anciens collègues.