Nicolas Touzaint : “Je n’avais jamais connu une telle pression”

Voici la réaction de Nicolas Touzaint, auteur d’un cross à 3,2 points aux Jeux olympiques de Paris, dans les jardins du château de Versailles, avec Diabolo Menthe : 

“Ce que j’ai vécu n’est pas facile à décrire. Faire du cross dans les jardins du château de Versailles, nous ne le vivrons qu’une seule fois. J’ai pourtant eu la chance de concourir dans pas mal de championnats, mais aujourd’hui, c’était puissance 10, je n’ai jamais rien vécu de tel. J’ai eu l’impression que le public criait du début jusqu’à la fin. Je regrette même de ne pas avoir pu en profiter un peu plus et partager avec le public, je ne voulais pas me déconcentrer. J’ai encore un peu de mal à réaliser. Pour moi, la pression est montée progressivement tout au long de la journée. Nous avons notamment vu l’Allemand tomber (Christoph Wahler, ndlr), mes deux coéquipiers réussir de bons cross… En partant, je savais que nous jouions gros, particulièrement avec le format à trois cavaliers (dans lequel chaque score compte, ndlr). J'avais été placé troisième pour cette raison mais tout cela brasse. Nous avons fini par réussir, mais ce n’est pas une position facile. En fin de cross, je n’ai rien lâché et Diabolo non plus. J’ai le sentiment d’avoir tout donné mais lui aussi. La difficulté est d’aller vite sans prendre trop de risques. Je pense que j’aurais pu aller un peu plus vite par endroits mais en prenant quelques risques. Il a fini un peu fatigué, mais comme d’autres chevaux. Je n’ai toutefois eu aucun doute ou inquiétude sur sa franchise, je l’ai senti pleinement connecté. Une fois que j’ai sauté le premier gué, il m’a enlevé la pression et m’a rassuré. 

L’ambiance était particulière pour mon cheval, aucun des nôtres n’avait encore vécu quelque chose de comparable. En début de parcours, Diabolo a parfois tendance à être un peu pressé et à ne pas m’écouter. Cette fois, dès le n°1, il était très attentif, ce qui m’a simplifié la vie. J’ai pris confiance au fil du parcours, je le sentais bien à l’écoute. Hier, il m’a ajouté un peu de stress car il est monté en pression sans que je sache le gérer, mais aujourd’hui, il m’a mis en confiance car je l’ai senti vraiment présent. J’ai senti un peu de fatigue dans le dernier gué, où il a fait un saut un peu difficile sur la haie. J’ai donc tout de suite eu le réflexe de partir sur l’option longue, ce qui m’a peut-être fait perdre deux ou trois secondes. Jouer la sécurité pour l’équipe était l’ordre de Thierry (Touzaint, sélectionneur national, ndlr). J’ai essayé de ne rien lâcher. Le terrain était excellent, bien qu’un peu plus collant que prévu, ce qui explique les chronomètres. Nous étions troisièmes hier, deuxièmes ce soir et nos concurrents ne sont pas loin, que ce soit derrière ou devant. L’écart avec les Britanniques (de 4,7 points pour l’heure, le passage d’un obstacle par Rosalind Canter étant toujours en discussion, ndlr) nous inspire de la motivation. Rien ne sera joué avant demain et nous n’allons rien lâcher. 

Ces Jeux olympiques, nous en parlons depuis des mois. La compétition dure trois jours et vivement demain soir que nous rentrions à la maison et que nous parlions d’autre chose ! (Rires) Je ne m’y attendais pas mais je n’ai jamais connu une telle pression. Tout le monde me répète qu’il s’agit de mes septièmes JO, mais ceux-ci ne sont pas les mêmes que les autres. Je l’avais imaginé, mais aujourd’hui j’en prends confiance. Rien n’est fini mais nous en avons déjà fait un bout. Je suis ravi d’être là, mais mon seul regret est de ne pas tellement profiter du moment ou du public tant nous avons de la pression. Ça brasse !

Nous concourrons en individuel toute l’année, les uns contre les autres, et la force de Thierry Touzaint est de parvenir à créer un collectif une fois par an pour le championnat. Chaque cavalier met toute son énergie pour l’équipe et décrocher une médaille collective, ce qui est la priorité. Nous avons très envie d’en ramener une. Si un résultat individuel se présente, nous saisissons notre chance, mais l’objectif n°1 est l’équipe.

Ce soir, nous aurions pu imaginer aller faire la fête au village olympique, mais nous allons plutôt aller nous coucher tôt et nous lever tôt demain afin de rester dans la compétition jusqu’au bout. Comme je le dis souvent, je ne suis pas venu pour visiter le château de Versailles. J’ai regardé la cérémonie d’ouverture à la télévision en restant dans mon lit. Nous sommes tous venus pour obtenir un bon résultat, mais rien n’est joué, bien que les choses aillent dans le bon sens. Par expérience, nous savons que nous ne sommes pas au bout. Le fait de recevoir autant de messages de la part d’amis, de proches, qui sont ici à Versailles, rajoute bien sûr de la pression. J’en reçois même de gens qui ne sont pas du tout dans le milieu équestre. Je suis soutenu par énormément de personnes, y compris venus de mon village, des parents d’amis de mes enfants… Les JO à Paris, tout le monde les suit. C’est une motivation extraordinaire mais cela ajoute de la pression. Encore une fois, vivement demain soir ! (Rires).” 

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