Alexandre Ayache : “Le dressage est le mouton noir des sports équestres”
Voici la réaction du Français Alexandre Ayache après sa reprise jugée à 70,821% dans le Grand Prix Spécial des Jeux olympiques de Paris, qu’il a déroulée aux rênes de Jolene et qui permet à la France de finir sixième:
“Jolene a fait comme d’habitude, et répète ses reprises! Nous n’avons pas commis de faute technique, donc je suis content. Aujourd’hui, l’idée était de montrer aux juges que tout se faisait facilement – je ne sais pas si cela s’est effectivement vu. Dans le dernier piaffer, je pense que je n’ai pas assez poussé ma jument, donc elle s’est un peu trop relâchée et nous avons perdu un point bêtement. Notre passage était mieux que lors du Grand Prix, davantage dans l’axe de derrière, ce qu’on nous reproche parfois. Tout est mieux que nous sommes bien détendus!
Ce n’est pas que l’ambiance sur la piste avec le public nous perturbe, c’est surtout que nous n’avons pas l’habitude! En dressage, nous sommes habitués à une atmosphère très feutrée, sans bruit, et si quelqu’un a le malheur de grincer des dents, il se fait huer (rires). Là, quand on entre en piste, c’est le feu! Du coup, on peut très vite se déconcentrer. Je l’ai dit à vos confrères d’Eurosport, mais le fait que ces médias généralistes soient là est une très bonne chose et ils devraient être encore plus présents, parce que nous avons besoin d’eux! En termes de représentation médiatique, le dressage est le mouton noir des sports équestres... Nous avons du mal à trouver des sponsors, etc., et si l’on veut titiller les meilleurs mondiaux, il va falloir que nous bénéficions d’un tout petit peu plus d’aide. Et cela passe par le fait de passer plus à la télévision! Si même Snoop Dogg veut nous voir (le rappeur américain a fait une apparition ce matin sur le site olympique, et en tenue de cheval, ndlr), c’est la preuve que tout va bien (rires). D’ailleurs, je regrette de ne pas dérouler ma Reprise Libre en Musique ici, car je pense qu’il aurait mis le feu! En tout cas, nous sommes contents de ces Jeux et nous espérons tous que le dressage continuera d’être tiré vers le haut.
À ce sujet, j’espère que le staff fédéral (composé notamment de Jean Morel, nommé sélectionneur de l’équipe de France en 2022, ndlr) va être maintenu (après les élections fédérales cet automne, sous-entend-il, ndlr). Cela nous permettrait de préparer plus sereinement les futures échéances, et moins dans l’urgence que ce que nous avons vécu pour ces Jeux olympiques – le staff fédéral ayant quasiment été entièrement renouvelé il y a un an et demi. Désormais, nous nous connaissons tous très bien, le staff connaît tous les cavaliers et chevaux, les actuels comme ceux qui arrivent. Si nous avons la chance que ce staff soit maintenu, je pense que nous avons une chance de faire encore mieux à Los Angeles, en 2028! Nous allons avoir le temps de construire, donc nous espérons que les choses seront faites intelligemment, et qu’il n’y aura pas des choix politiques ou je ne sais quoi. Le pire serait qu’untel ou untel saute parce qu’il ne plaît pas à lui ou à lui.
Vous voulez la vérité? La situation au sein de l’équipe est très compliquée. Moi, je m’entends très bien avec tout le monde, sauf avec une personne (le Tricolore fait référence à Corentin Pottier, ndlr). En ce qui me concerne, ma sélection a été très, très, très compliquée… Ceux qui ne voulaient pas de moi ici, je les embrasse sur la bouche, de gré ou de force. Et les autres, je les bénis! Les gens en sauront plus très bientôt. J’ai promis que je ne dirai rien tant que les Jeux ne sont pas finis pour ne pas mettre la pagaille et laisser nos cavaliers de saut d’obstacles se concentrer, car ils peuvent encore aller chercher une médaille. En tout cas, j’irai jusqu’au bout…”