Marion Vignaud, la multimédaillée française d’attelage solo évoque les spécificités de sa discipline

Avec une année 2024 merveilleusement riche en événements sportifs et particulièrement marquée par les Jeux olympiques, la France a connu de très grands moments d’équitation de haut niveau, et fait chanter le coq à plusieurs reprises en 2024.  Avec de nombreuses médailles remportées dans différentes disciplines, les cavaliers, meneurs et voltigeurs français ont gravi un grand nombre de podiums, en témoigne la très belle performance de l’équipe de France d’attelage solo aux Mondiaux du Haras du Pin, du 18 au 22 septembre 2024. Les Bleus ont fait honneur à leur discipline avec un titre de champions du monde par équipes, et une médaille d’argent individuelle, remportée par Marion Vignaud. Zoom sur cette victoire avec la meneuse internationale aux huit médailles mondiales, qui encourage sa discipline à innover. 



Lorsque l’on demande à Marion Vignaud ce que son titre par équipes et l’argent individuel décrochés aux Mondiaux d’attelage solo du Haras du Pin l’été dernier, elle répond immédiatement : “Rien du tout !”, d’un air amusé. Pour la Chablisienne passionnée, cette victoire normande lui laisse un léger goût de déception : “C’est le troisième championnat lors duquel je suis première juste avant le dernier test, et finalement, la victoire m’échappe à cause de la maniabilité !” Malgré une épreuve de marathon difficile, composée de huit obstacles disposés dans le parc du Haut-Bois, Marion Vignaud se déclare reconnaissante envers la vaillance de son cheval : “First Quality a vraiment été super, il a une belle puissance, mais là, c’était vraiment technique avec, en prime, une petite pluie pour bien agrémenter les dénivelés du Haras du Pin !

Au-delà des spécificités du terrain, la Tricolore, cinq fois médaillée mondiale par équipes et trois en individuel, considère sa discipline particulière, notamment compte-tenu de l’importance du groom. “À la différence de l’équitation, un sport que l’on pratique seul avec son cheval, l’attelage est une discipline de partage, dans laquelle l’équipier tient un rôle très important (celui-ci est à l’arrière de l’attelage tout au long de la performance, ndlr).” Entraînée par un écuyer du Cadre de Saumur depuis 2019, Marion Vignaud déclare que la réaction générale est toujours vive, lorsqu’elle dit faire de l’attelage avec des KWPN. “Dans l’imaginaire collectif, ce sont presque des chevaux de trait !”, raconte-t-elle avant de poursuivre “En plus, la Coupe du monde (dont les épreuves de maniabilité combinée se courent en indoor, ndlr) comporte des épreuves qui ne reflètent pas ce que nous faisons vraiment, ce qui rend l’attelage d’autant plus difficile à bien situer dans l’univers équestre.” 



“Le monde de l’attelage est attaché à la tradition et a du mal à faire la transition!”

À l’image de nos sociétés contemporaines qui peinent parfois à se tourner vers l’avenir lorsque les traditions sont très ancrées, la discipline de l’attelage revêt des enjeux modernes, qui laissent la place à la remise en question. À commencer par la parité entre les hommes et les femmes, que Marion Vignaud trouve globalement respectée, exceptée pour l’attelage à quatre chevaux. “C’est un peu différent dans la mesure où c’est beaucoup plus physique de tenir quatre rênes à la fois, la manipulation de la voiture est plus lourde… Pour toutes ces raisons, je pense qu’il y a plus d’hommes en attelage à quatre chevaux”. Quand on sait qu’en 2022, Mareike Harm était la première femme à participer à une finale de Coupe du monde en attelage à quatre chevaux, il en ressort néanmoins que cette catégorie de la discipline – la plus médiatisée, bien qu’elle ne le soit que peu – a encore du chemin à faire. 

Le poids de la tradition se manifeste également par le biais des apparats de dressage ou des chapeaux de cérémonie, alors que des innovations mériteraient d’être examinées, comme le suggère la championne française. “Quand de nos jours, nous avons besoin d’une voiture de dressage à l’ancienne et d’une plus moderne pour la partie de cross, nous pourrions commencer par l’utilisation d’une seule et même voiture hybride pour toutes les épreuves, ce qui nous simplifierait considérablement les logistiques de déplacement!” Et Marion Vignaud de conclure : “Le monde de l’attelage est attaché à la tradition et a du mal à faire la transition!