Julien Épaillard renverse la table à Bordeaux!

À la surprise générale, Julien Épaillard a remporté le Grand Coupe du monde de Bordeaux, ce soir au Parc des Expositions. Juché sur un Quatrin de la Roque*LM absolument impeccable, le Normand s’est payé le luxe de devancer un parterre de stars et de cavaliers en devenir lors d’un inimaginable barrage à dix-neuf. Le Néerlandais Leopold Van Asten et l’Allemand Guido Klatte ont terminé deuxième et troisième sur VDL Groep Zidane et Qinghai.



Julien Épaillard, fou de bonheur lors du tour d'honneur.

Julien Épaillard, fou de bonheur lors du tour d'honneur.

© Scoopdyga

Bien malin et éclairé celui qui aurait misé sur Julien Épaillard et Quatrin de la Roque*LM ce soir à Bordeaux. Non pas que ces deux-là n’avaient pas le potentiel pour gagner un beau Grand Prix, puisqu’ils avaient déjà remporté celui du CSI 3* de Paderborn et terminé sixième de celui du CSI 5* de La Corogne en 2015. Mais de là à triompher devant un éventail de stars aussi impressionnant que celui que l’on a vu à l’œuvre ce soir en Gironde, il y avait un pas… que le Normand n’a pas hésité un instant à sauter, livrant deux parcours de parfaite facture. Son excellent barrage a eu le mérite de mettre sous pression certains concurrents et d’en refroidir d’autres. Il a donc amplement mérité ce magnifique succès, l’un des plus beaux, sinon tout simplement le plus grand de sa carrière. Quelle sensation, quel pied! Même s’il ne se rendra pas à Göteborg pour tenter de décrocher une place en finale de la Coupe du monde, ce pilote de génie que l’on aimerait voir plus souvent en haut de l’affiche n’est pas prêt d’oublier ce 4 février 2017!
Un peu plus de deux heures avant l’incroyable dénouement de ce classique, couché sur le calendrier de la Coupe du monde depuis la naissance du circuit en 1978, les mines des cavaliers et entraîneurs semblaient dubitatives au cours de la reconnaissance du parcours. Pourtant, en dehors de la délicate palanque numéro 5 et du vertical sur bidet numéro 10, le menu semblait on ne peut plus habituel pour un plateau de ce niveau. Quant au temps imparti de 77’’, il n’a été dépassé que deux fois, ne causant pas le moindre souci à tous les autres engagés. Après le passage des trois premiers concurrents, dont deux étaient déjà sans faute, il eût peut-être été judicieux de l’abaisser de trois secondes, ce qu’Uliano Vezzani n’a pas souhaité faire… Passons donc sur ce tour initial pour se pencher sur un barrage à dix-neuf peu banal.
 


Les outsiders ont joué le jeu…

Leopold van Asten a signé un superbe Grand Prix avec VDL Groep Zidane.

Leopold van Asten a signé un superbe Grand Prix avec VDL Groep Zidane.

© Scoopdyga

Même si depuis le début de la saison hivernale, la Coupe du monde a habitué ses fans aux barrages fleuves, peu se sont déroulés de cette manière. Ouvreurs de cette finale, Alberto Zorzi et Fair Light van’t Heike sont apparus moins en harmonie qu’au premier tour, renversant les deux éléments du double en 11. Quinzième, l’Italien n’a marqué que deux points Coupe de monde et devra passer par Göteborg pour espérer décrocher sa qualification pour la finale d’Omaha. Auteur du premier double sans-faute, qui plus est dans un excellent temps avec VDL Groep Zidane, le Néerlandais Leopold van Asten en a inscrit dix-sept grâce à sa deuxième place. Lui aussi devra toutefois se rendre en Suède.
Mis en confiance par son probant tour initial, Aldrick Chéronnet, régional de l’étape, a fait presque aussi bien avec un double sans-faute de Tanaël des Bonnes. Ne parvenant pas à tourner court entre la sortie du double et le vertical 8, il s’est contenté d’une très bonne sixième place. Timothée Anciaume aurait sans doute pu faire mieux. Hélas, Kiamon s’est arrêté tout net le nez dans le premier obstacle de ce barrage. Par la suite, les fautes se sont enchaînées et le Normand a terminé dix-neuvième et bon dernier de cette "seconde manche". En quête d’un passeport pour Omaha, l’Allemand Markus Brinkmann a joué placé avec Pikeur Dylon. Une stratégie gagnante puisque sa cinquième place lui permet de continuer à espérer avec 31 points. Troisième des quatre Tricolores en lice, Julien Gonin a joué crânement sa chance avec le tout bon Soleil du Cornu CH. Rapide, le Rhônalpin aurait pu terminer troisième, mais sa faute sur l’oxer 9, avant-dernière difficulté de ce barrage, l’a relégué au dixième rang.
Également en quête d’un précieux sésame pour le Nebraska, le jeune Allemand Guido Klatte a rempli sa mission avec un double sans-faute plein de maîtrise qui lui a offert la troisième place avec Qinghai. Avec un total de 47 points, le voilà mathématiquement assuré de disputer sa première finale. Chapeau! Lauréats de l’étape de Zurich, dimanche dernier en Suisse, Eduardo Alvarez Aznar comptait bien en faire autant avec l’excellent Rokfeller de Pléville Bois Margot. Après un très prometteur début de tour, il a buté le délicat vertical 8 pour terminer huitième. Il lui faudra encore grappiller quelques points en Suède pour pouvoir représenter l’Espagne en finale.
Neuvième à revenir en piste, Julien Épaillard a flairé le bon coup. Après une saison 2016 moyenne, le cavalier de la Laiterie de Montaigu, désormais coaché par Bertrand de Bellabre, ancien sélectionneur national de la relève tricolore, semble bien décidé à vivre une grande année 2017. Il n’a pas laissé sa passer sa chance, déroulant un barrage plein de hargne et de vista, celles que le public aime tant. De virages taillés au cordeau en galopades convaincues, Quatrin de la Roque, ancien champion de France avec Michel Hécart, avait fière allure. Les tribunes du Parc des expositions ne s’y sont pas trompées, entrant littéralement en fusion au franchissement de la ligne d’arrivée.
 


… et les favoris ont craqué !

Guido Klatte, vingt et un ans, n'en finit plus de surprendre dans cette folle saison indoor!

Guido Klatte, vingt et un ans, n'en finit plus de surprendre dans cette folle saison indoor!

© Scoopdyga

 
On pensait alors ce barrage parti pour atteindre des sommets... et on a finalement… compté les fautes. Il y en a eu deux pour Scott Brash et Ursula XII, dix-septièmes. L’Écossais a tout de même un demi-pied à Omaha. Trois fautes pour Christian Ahlmann et le légendaire Taloubet Z, un peu éteints dans ce barrage, et finalement dix-huitièmes. Pour le génial Allemand, il faudra gagner ou terminer deuxième à Göteborg, un exploit dans ses cordes. Et deux fautes pour le Suisse Steve Guerdat, quatorzième avec Big Red. L’Irlandais Denis Lynch a sauvé l’honneur des stars en signant le seul double sans-faute de cette deuxième moitié de barrage avec le sculptural All Star 5. Moins rapide, il a terminé quatrième et encore davantage assis sa place de troisième meilleur cavalier de ce circuit indoor.
Julien Épaillard a dû longtemps frissonner, mais de manière incroyable, les derniers favoris ont craqué sous la pression. L’Allemand Daniel Deusser n’a pas tout tenté, mais tout de même renversé le vertical 10 et l’oxer 11b avec le revenant Cornet d’Amour. Seizième, le numéro un mondial n’a donc marqué qu’un point. Toujours pas qualifié pour Omaha, il devra lui aussi passer par la Suède. Le vertical 8 est tombé au passage de son compatriote Ludger Beerbaum et Chiara 222. Septièmes, le Kaiser n’avait déjà plus rien à craindre quant à la finale. Ce n’est pas le cas de Edwina Tops-Alexander, qui comptait bien marquer des points et pourquoi pas vaincre le signe indien qui prive toujours ces dames de succès dans cette épreuve historique. Il n’en a rien été avec deux fautes de la pétillante Lintea Tequila sur la sortie du double et le dernier oxer. À moins d’une victoire à Göteborg, l’Australienne, treizième ce soir, regardera la finale dans son canapé.
Une faute pour Lorenzo de Luca sur le vertical 10 avec un Armitages Boy revenu à son tout meilleur niveau. Deuxième de la ligue, l’Italien évoluait sans pression, et n’a pas à rougir de sa douzième place. Idem pour Grégory Wathelet, battu sur l’oxer 15 avec le génial Forlap, qu’il remontait ici dans son premier Grand Prix. Leur neuvième place promet pour la suite! Enfin, malgré une faute, lui aussi sur le maudit vertical 10, l’Autrichien Max Kühner, onzième sur Chardonnay 79, a marqué les derniers points qui lui manquaient. Bref, un Grand Prix de fou!
 
Les résultats
Le classement de la ligue d’Europe de l’Ouest de la Coupe du monde