« LES RECENTS PROGRES N?ONT PAS ETE VISIBLES », DENIS MESPLES



Troisième cavalier à s’élancer sur l’impressionnante carrière de Greenwich Park, premier représentant tricolore, Denis Mesples, en selle sur son Orégon de la Vigne, quitte le carré de dressage avec un score de 61,50, largement en deçà de derniers résultats du couple.


 
GRANDPRIX-REPLAY.COM : Quel sentiment prédomine après ce test de dressage ? DENIS MESPLES : Forcément la déception. Le cheval a fait d’énormes progrès, depuis son rôle de remplaçant, l’an dernier, aux championnats d’Europe. Il a évolué dans la locomotion, dans le dressage. Mais aujourd’hui, dans les points, son niveau est clairement inférieur à ce qu’il a montré ces derniers temps.

 
GPR. : Comment l’expliquez-vous ? D.M. : Le cheval a été un peu nerveux aujourd’hui, alors qu’il se comportait plutôt depuis son arrivée. Je l’ai tourné trois fois ce matin, mais à son entrée dans l’arène, très serrée, il s’est senti coincé par le public, ce qui l’a « mis à l’envers ». Une fois sur la carrière, il s’est un peu relaxé dans le trot. Dans le travail au galop, trois changements de pieds ne passent pas alors qu’il les maîtrise habituellement assez bien.

 
GPR. : Orégon a donc cédé à un environnement auquel il n’est pas encore habitué ? D.M. : Le cheval a dix ans, il ne fait du haut niveau que depuis trois ans, l’environnement est particulier et c’est une découverte pour lui : il a vraiment été surpris par tant de public. Dès l’entrée, il part au galop puisque j’ai de suite voulu aller chercher des points : j’y suis sans doute allé trop fort. Le mouvement normal aurait dû être arrêt-trot (le pas est sanctionné). J’ai donc essayé d’aller chercher des points par une bonne entrée, mais ça n’a pas marché. Sur le travail au trot, c’est correct. Mais les juges, après la première note, ont du mal à se laisser aller. Les notes des juges anglais et suédois sont logiques, je trouve en revanche celles de la juge australienne un peu sévères : le travail au trot est loin d’être mauvais. Pour le galop, alors qu’il est habituellement très souple, le cheval était un peu trop contracté, prend du retard, et ça se passe moyennement. Si le cheval est tendu, alors que le mouvement demande une réelle sérénité, c’est plus difficile.

 
GPR. : Vous êtes désormais tout entier tourné vers le cross de lundi ? D.M. : Je vais avant cela essayer d’aider mes camarades, leur donner mon avis sur la piste. Par exemple, alors que régulièrement la ligne du milieu est dessinée, ce n’est pas le cas ici. Comme il y a beaucoup de mouvements sur cette ligne, je vais en avertir les autres cavaliers français. Ce n’est pas d’une importance majeure, nous avons beaucoup répété jusqu’aujourd’hui, mais psychologiquement, ça peut déstabiliser. Cette après-midi, je me mettrai dans le cross.

 
GPR. : Avec pour objectif évident de rattraper le retard du dressage ? D.M. : L’extérieur, c’est vraiment le point fort d’Orégon : il va falloir qu’il le prouve. Au début, car nous sommes sur le cross, comme dans le dressage, sur un format très serré, le cheval risque d’être un peu énervé. Sur les six premières minutes, nous nous trouvons dans un format qui se rapproche du format CIC, avec beaucoup d’obstacles sur une distance assez courte, avec des montées, des descentes, des virages. En haut de la côte, après six minutes, on se trouve davantage dans une configuration CCI, avec des distances plus longues. Il s’agira donc de garder du carburant dans le réservoir, pour rattraper un peu : il y aura plus d’espace entre les barres, les chevaux pourront respirer plus facilement, alors qu’au début, le risque est vraiment celui de l’asphyxie. Autre difficulté : les distances entre deux obstacles, qui se trouvent régulièrement entre deux foulées. Le chef de piste a beaucoup joué avec cet aspect. J’aborderai donc le cross de façon assez instinctive, en fonction du comportement du cheval. Le test de ce matin a montré une fois encore que tout pouvait rapidement changer.

A Greenwich Park, Londres, Daniel Koroloff