Aucune compétition en France avant le mois d’août?

Comme il s’y était engagé, le ministère des Sports commence à décliner le plan de déconfinement présenté mardi à l’Assemblée nationale par le Premier ministre, Édouard Philippe. Le 11 mai, les poney-clubs, centres équestres et écuries de propriétaires devraient pouvoir rouvrir leurs portes et reprendre leurs activités, dans des conditions qui s’affinent peu à peu mais qui doivent encore être éclaircies et mieux définies. Pour ce qui est des concours, si l’on se fie au communiqué publié ce matin, aucune compétition sportive ne pourra avoir lieu avant le mois d’août, y compris à huis clos, ce qui repousserait de deux mois les scenarii de reprise les plus optimistes. Reste à savoir si cela concerne aussi le Cycle classique de la Société hippique française, dont l’interlocuteur habituel est plutôt le ministère de l’Agriculture...



Dans la continuité des annonces du Premier ministre mardi 28 avril à l’Assemblée nationale, et au regard des recommandations du Haut conseil de la santé publique (HCSP), Roxana Maracineanu, ministre des Sports, rappelle ce matin qu’il sera possible de pratiquer une activité sportive individuelle en plein air à partir du 11 mai, en respectant les règles de distanciation physique, dans les espaces ouverts autorisés et en fonction de la situation sanitaire de chaque territoire (zone rouge ou verte), ce qui devrait permettre aux poney-clubs, centres équestres et écuries de propriétaires de rouvrir partiellement leurs portes.

“La ministre étudie, depuis plusieurs semaines et en lien étroit avec son écosystème, des trajectoires de reprise de l’activité pour les différents secteurs du sport avec la santé des pratiquants et des athlètes pour seule boussole. Elle poursuit ses consultations avec le mouvement sportif et les collectivités territoriales, les acteurs économiques, les services et les établissements ainsi que les représentants des agents du ministère pour définir l’opérationnalité et le calendrier de cette reprise de l’activité sportive. Ce travail de co-construction s’inscrit dans le cadre énoncé par le Premier ministre”, indique Roxana Maracineanu

La ministre rappelle la nécessité pour les Français de pratiquer une activité sportive tant du point de vue du bien-être que de la santé de chacun. “La pratique d’une activité physique et sportive est un enjeu de santé publique d’autant plus dans la crise que nous traversons. Néanmoins, sur les recommandations du HCSP, une distanciation physique spécifique entre les pratiquants est une condition indispensable à la pratique de l’activité physique. Ces activités pourront se faire sans limitation de durée de pratique, sans attestation, dans une limite de distance du domicile inférieure à 100 km, en limitant les rassemblements à dix personnes au maximum, en extérieur et sans bénéficier des vestiaires qui peuvent être mis à disposition pour les activités de plein air.”



Quelles règles de distanciation dans les structures équestres?

Des critères spécifiques de distanciation entre les personnes devront être respectés: une distance minimale de dix mètres entre deux personnes pour les activité du vélo et du jogging, ce qui s’annonce très difficile dans les villes, et une distance physique “suffisante” pour les activités en plein air telles que le tennis, le yoga, le fitness, citées en exemple dans le communiqué du ministère. “Des spécifications complémentaires en fonction des activités seront fournies prochainement par le ministère des sports”, assure le communiqué. On imagine que celles-ci devront concerner l’équitation, qui n’entre pas vraiment dans les cases des exemples cités…

Par ailleurs, les activités sportives qui ne permettent pas cette distanciation, tels que les sports collectifs et de combat, ne pourront pas reprendre dans l’immédiat. “Le ministère des sports proposera une liste exhaustive des disciplines et sports concernés par cette interdiction provisoire dans un guide pratique en cours d’élaboration.” Sans doute cela concerne-t-il le horse-ball et le polo. “Un nouveau point d’étape sera fait d’ici au 2 juin pour évaluer les modalités de reprise des pratiques sportives en salles et des disciplines qui nécessitent un contact.”

Les règles définies pour l’ensemble des Français valent pour les sportifs de haut niveau et professionnels qui pourront reprendre une activité à haute intensité à partir du 11 mai mais exclusivement dans une logique individuelle dans le respect strict des règles de distanciation. “Après une période de deux mois de confinement, cette phase de ré-athlétisation devra s’inscrire dans une démarche progressive pour éviter les blessures et toute contamination, et selon un protocole médical et sanitaire précis élaboré par le ministère des Sports avec les fédérations et ligues sportives sous l’autorité du ministère de la Santé.” Cela devrait particulièrement concerner le voltigeurs équestres, du moins ceux qui concourent individuellement, qui n’ont toutefois jamais cessé de s’entretenir physiquement pendant le confinement.

“Le sport professionnel ne fait pas exception à l’interdiction de pratiquer des sports collectifs ou à contacts. Compte tenu des préconisations du HCSP, et en accord avec le Président de la République et Premier ministre, la ministre n’a pas jugé cette exception compatible avec la doctrine sanitaire fixée. C’est pourquoi, le Premier ministre a annoncé que la saison 2019-2020 de sport collectifs professionnels ne pourra pas avoir lieu. À ce stade, le ministère des Sports précise qu’aucune compétition sportive ne pourra avoir lieu avant le mois d’août, y compris à huis clos”, tranche le communiqué. Reste à savoir si cette phrase quelque peu laconique concerne également les courses hippiques et les concours Jeunes Chevaux, ce qui sonnerait peut-être le terme de la saison 2020 pour la Société hippique française… à moins que cette interdiction ne concerne que les compétitions des Fédérations affiliées au Comité national olympique et sportif français, dont la Fédération française d’équitation, ce que signifierait que la reprise du Cycle classique resterait suspendu à une décision du ministère de l’Agriculture. “Par ailleurs, comme l’a annoncé le Premier ministre, les manifestations sportives rassemblant plus 5000 personnes sur un même lieu ne pourront se tenir avant le mois de septembre.”

“Un travail étroit est déjà engagé avec les gestionnaires d’espaces de pratiques sportives, à titre principal les collectivités territoriales, afin de mettre en œuvre ce plan de reprise progressif du sport pour garantir son opérationnalité dans la réalité et la diversité de nos territoires. Un travail croisé avec le mouvement sportif est également lancé pour adapter la pratique aux contraintes sanitaires de chaque discipline et de chaque territoire. De la même manière que le ministère des Sports accompagne quotidiennement l’ensemble des acteurs du sport dans cette crise, des mesures nouvelles de soutien seront étudiées pour permettre au sport professionnel de surmonter cette période difficile.” Dans quelle mesure l’équitation de haut niveau, ses athlètes, propriétaires de chevaux et surtout organisateurs d’événements seront-ils concernés? Impossible à dire à ce stade…

En parallèle, le ministère étudie les conditions de réouverture progressive et de façon coordonnée avec le ministère de l’Éducation nationale, de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP) et tous ses établissements pour y accueillir les sportifs. “Naturellement, la réouverture des centres de ressources, d’expertise et de performance sportive (CREPS) doit préalablement faire l’objet d’une discussion avec l’ensemble des régions concernées, en fonction aussi des règles sanitaires qui s’appliquent localement, et les agents du ministère qui œuvrent au quotidien au service du sport français. À ce titre, la ministre des Sports rappelle qu’elle sera très vigilante à la sécurité des personnels qui travaillent au service des usagers dans les établissements”, conclut le communiqué.

On l’aura compris, pour ce qui concerne le monde équestre, il reste encore de nombreuses zones d’ombre à éclaircir d’ici le 11 mai, voire le 2 juin.