Oleksandr Onyshchenko retrouve sa liberté!
Après avoir craint pendant plusieurs mois d’être extradé vers l’Ukraine, son pays natal, où il était promis à un sort aussi incertain que périlleux, Oleksandr Onyshchenko est finalement sorti de la prison allemande où il était détenu depuis fin novembre 2019. Son extradition ayant été refusée par la justice allemande, il est de nouveau (presque) libre de ses mouvements et devrait donc pouvoir reprendre sa vie d’homme d’affaires, noceur et cavalier.
On l’a souvent lu et entendu, mais l’actualité nous en fournit une nouvelle preuve frappante: Oleksandr Onyshchenko a tout d’un protagoniste de roman noir. Il y a un peu moins d’un mois, non sans emphase, son avocat allemand, Peter Gauweiler, estimait que la vie de l’ancien président de la Fédération équestre ukrainienne, alors en détention provisoire à Oldenbourg, en Basse-Saxe, était gravement menacée. Il arguait alors que le businessman, politicien et cavalier souffrirait d’une maladie cardiaque qui ne pourrait être traitée de manière adéquate en Ukraine, où il était question qu’il fût extradé puisqu’il était l’objet d’un mandat d’arrêt international… L’ancien député fédéral de la CSU, parti bavarois associé à la CDU d’Angela Merkel, redoutait surtout qu’Onyshchenko puisse être victime d’un meurtre prémédité et commandité à un haut niveau de l’État. L’oligarque comptant de nombreux et puissants ennemis dans son pays d’origine, dont certains qu’il n’avait pas hésité à brocarder dans un livre ou lors d’interviewes, cette thèse ne semblait pas totalement saugrenue…
Avant-hier, l’avocat et plus encore son client ont dû pousser un grand ouf de soulagement lorsque le tribunal régional supérieur d’Oldenbourg a rejeté la demande d’extradition du sulfureux homme d’affaires. “Il n’est actuellement pas possible de déterminer si les poursuites pénales en Ukraine sont fondées sur des motifs politiques (ligne de défense adoptée par Oleksandr Onyshchenko, ndlr). Cependant, l’extradition n’a pas été autorisée car il y avait des éléments concrets prouvant que des normes internationales minimales contraignantes ne seraient pas respectées. C’est ainsi que le tribunal a justifié sa décision”, écrit la Deutsche Presse-Agentur, équivalent allemand de l’Agence France Presse, dans un article repris notamment par le quotidien régional Neue Osnabrücker Zeitung, qui suit l’affaire de très près depuis le début. “Il faut comprendre que les conditions de détention dans le centre de détention provisoire de Kiev, où l’Ukrainien aurait été placé après son extradition, ne satisferaient pas aux exigences de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH).”
Rappelons-le, Oleksandr Onyshchenko reste accusé de corruption dans son pays d’origine. L’ex-député avait été arrêté le 28 novembre 2019 dans le poste de police d’Achim, entre Brême et Verden, où il était pourtant entré librement pour témoigner dans une affaire de vente de chevaux. Le Dr Gauweiler a souligné avoir convaincu le tribunal régional supérieur qu’il y avait des éléments concrets selon lesquels des peines ou traitements inhumains ou dégradants auraient pu être infligés à son client en cas d’extradition, y compris des actes s’apparentant à de la torture.
Cette perspective semble désormais derrière Oleksandr Onyshchenko, qui devrait donc pouvoir reprendre sa vie d’homme d’affaires, noceur et cavalier, à la seule condition d’éviter certains pays où il pourrait à nouveau être arrêté pour les mêmes raisons. Ses derniers parcours internationaux remontent au premier week-end de novembre 2019 à Oliva, en Espagne, pays qu’il affectionne tout particulièrement. Comme tout un chacun, il doit désormais attendre la réouverture des frontières et l’assouplissement des règles de confinement pour renouer avec la compétition. D’ici là, il pourra s’entraîner dans son haras allemand, où il dispose encore de quelques chevaux de haut niveau.