Le regard des champions étrangers sur la Grande Semaine de Fontainebleau
Temps fort de l’élevage français de chevaux de sport, la Grande Semaine de Fontainebleau a aussi attiré de grands noms du saut d’obstacles international, le week-end dernier en Seine-et-Marne. Aux côtés des cavaliers, éleveurs, propriétaires et autres passionnés de sport, se sont glissés certains pilotes étrangers habitués à concourir en CSI 5*. Les Belges Niels Bruynseels, Ludo et Olivier Philippaerts sont venus examiner les perles de l’élevage hexagonal, tout comme le Suisse Martin Fuchs ou encore le Colombien René López. Qu’ont-ils pensé du cru 2020 de cette édition 2020?
Malgré leurs masques et casquettes, ils ne sont pas passés inaperçus. Profitant d’un calendrier international remanié en raison de la fichue pandémie de Covid-19, les Philippaerts se sont déplacés jusqu’à Fontainebleau, où la Grande Semaine de l’élevage s’est tenue du 30 septembre au 4 octobre. “J’avais déjà beaucoup entendu parler de ce concours. Je connais très bien le site de Fontainebleau, mais je n’étais encore jamais venu à la Grande Semaine”, confie le Belge Ludo Philippaerts, deux fois quatrième des Jeux olympiques, en 2000 à Sydney, puis en 2004 à Athènes. L’ancien cavalier de Darco est venu en compagnie de son fils, Olivier. “Nous cherchons toujours à investir dans de jeunes chevaux. C’est pourquoi nous voulions venir ici, afin de voir la qualité en France”, poursuit le jeune Diable Rouge. La famille n’est d’ailleurs pas repartie de France les mains vides puisque Ludo Philippaerts a jeté son dévolu sur deux jeunes montures, qui doivent encore satisfaire les visites vétérinaires d’usage.
Niels Bruynseels, récent vainqueur d’un Grand Prix CSI 5* à Grimaud avec sa géniale Gancia de Muze, s’est lui aussi intéressé à quelques jeunes chevaux. Le cavalier du Plat Pays, qui vendait pas moins de vingt poulains aux ventes Fences, connaît bien le rendez-vous annuel de Fontainebleau. Propriétaire d’une écurie dédiée aux espoirs du sport avec ses deux beaux-frères et un ami, le Belge participe depuis plusieurs années à ces ventes aux enchères. “Au début, mon père achetait beaucoup de chevaux en France. Je regarde avec attention le Cycle classique des jeunes chevaux”, explique le cavalier. “Comme cela, je suis un peu connecté avec la France. La qualité des chevaux est excellente. Je trouve qu’il y en a vraiment de nombreux qui présentent les qualités nécessaires pour le sport d’aujourd’hui.”
La qualité au rendez-vous
La qualité des jeunes chevaux présentés, tout comme celles de leurs pilotes, a été saluée par les regards extérieurs venus déambuler à Fontainebleau. “En Belgique, on dit souvent que monter à la française signifie être très en avant, très naturel. Mais ce que j’ai vu cette semaine, ce sont des chevaux qui ont très bien progressé, très bien formés, dans un système classique, avec de très bons cavaliers. Je suis très positif vis-à-vis de ce que j’ai vu cette semaine”, analyse Niels Bruynseels. Son compatriote Olivier Philippaerts partage son avis: “Cette année, même avec la Covid, les chevaux ont vraiment bien sauté, avec un bon niveau.” René Lopez, installé en France depuis de nombreuses années, souligne, lui aussi, “la progression” des cavaliers. “Il y en avait de jeunes, qui se lancent un peu dans le métier et qui montaient vraiment correctement. Cette partie-là s’est énormément améliorée”, reconnaît le Colombien.
Malgré tout, cet habitué de la Grande Semaine de l’élevage regrette les attitudes parfois excessives de certaines montures. “J’ai trouvé que quelques chevaux étaient un tout petit peu trop préparés. Cela nous empêche de nous faire un vrai jugement”, déplore-t-il. D’ailleurs, cette année, le Français d’adoption n’avait choisi d’engager qu’une seule jument, sous la selle de son cavalier maison. “D’habitude, j’amène toujours beaucoup de chevaux à Fontainebleau. Cette année, je n’ai pas souhaité le faire car je ne les jugeais pas tout à fait assez prêts. Mais c’est une semaine qui est intéressante quand on aime l’élevage et découvrir de nouveaux chevaux. C’est là qu’il faut être!”, salue l’expérimenté pilote, qui a d’ailleurs investi lors des ventes Fences pour le compte du haras des Grillons.
Fontainebleau, ça vous gagne
“La manière de monter est différente en Belgique. En France, les cavaliers montent plus en avant, alors qu’en Belgique, les chevaux sont beaucoup plus rassemblés”, remarque Ludo Philippaerts. Et son fils de compléter : “Je pense qu’en France les chevaux ont plus de qualités, et qu’en Belgique, ils ont plus de moyens. C’est pourquoi il est intéressant de les croiser.”
Si ce rendez-vous a été l’occasion pour les passionnés de découvrir de nouvelles têtes et d’échanger avec propriétaires, éleveurs et commerçant – afin de faire vivre leur sport – la Société hippique française a aussi montré sa capacité à organiser un bel événement. Bien que privé du Terrain d’Honneur en raison des conditions climatiques, le site de Fontainebleau est parvenu à gérer le millier d’engagés sans souci. “L’endroit est super joli”, note Ludo Philippaerts, qui n’hésitera pas à revenir si son planning le lui permet. “Il y a beaucoup de pistes, beaucoup de place, c’est parfait pour organiser ce genre d’événement.” Amoureux des terrains en herbe, René Lopez respecte le choix d’avoir organisé toutes les épreuves sur sable. “Je trouve que les chevaux s’expriment vraiment autrement sur herbe, mais je comprends aussi qu’il est très difficile d’entretenir ce type de piste. [...] Le Petit Parquet est de très bonne qualité”, appuie-t-il. Il aimerait d’ailleurs que des tribunes soient installées autour de toutes les pistes afin de rendre l’événement “encore mieux”. “L’organisation a vraiment fait un job fantastique”, complimente enfin Olivier Philippaerts.
La Grande Semaine de l’élevage de Fontainebleau a séduit une grande partie du public. Pour preuve, s’il en fallait encore, que la Grande Semaine attire tous les regards, Martin Fuchs, le numéro deux mondial et champion d’Europe en titre himself était lui aussi de la partie. Nul doute que le jeune Helvète, comme ses collègues européens, a pris plaisir à découvrir les jeunes pousses françaises.